Les Aliens, légitimement constitutionnels ou constitutionnellement légitimes ? (saison 2)
1h 20, le rire agacé de ma grand-mère, 195 ans si elle avait continué à vivre, me fit sursauter de ce que je croyais être un sommeil profond ! Une de nos chaînes TV, restée en veille et juste pour amuser la galerie, débitait avec un sang froid inégalé quelque chose de ce genre dans un arabe qui bizarrement ne ressemblait pas à celui du VII siècle, notre arabe habituel quoi, : « C’est la première fois dans l’Histoire de l’Algérie qu’on désigne un président de L’APN (le parlement) sans ingérence de l’extérieur et sans coup de téléphone, c’est un grand pas en avant vers l’intérêt du peuple ! ». Un vieux con dont j’avais déjà vu la gueule, parlait. Je zap vite et je tombe sur une autre chaîne et l’horreur continue à me faire confondre cauchemar et réalité tant je n’osais même plus rêver de fourchette. ENCORE : « C’est la première fois que l’opposition se réunie de cette manière démocratique, dans le respect du dialogue et conformément à la volonté du peuple sans l’ingérence des autorités et sans l’intervention de l’armée, c’est un grand pas dans l’Histoire de notre peuple... » mais cette fois-ci c’est une relative jeune gueule intitulée « mounachet syassi » (animateur politique), docteur en quelque chose qui s’égosillait à nous vendre la chèvre qui vole haut.
Franchement, je vais finir par regretter le temps ou on vénérait un portrait encadré. Ce dernier avait au moins la pudeur de se la fermer !
Mais ce qui avait fini par m’enlever l’envie de profiter des quelques rares heures de sommeil que j’avais durement arraché, c’est cette posture sérieuse, très sérieuse des journalistes qui semblaient sérieusement y croire et dont les questions murement réfléchies me rappelaient les premiers talonnement dans l’élaboration des premiers programmes relatifs à l’année préparatoire de l’école fondamentale et qui faisait craindre le pire au vieux ministre de l’Education de l’époque. Les Aliens se seraient-ils trompés de planète ? Leur GPS serait-il de la génération de leur chef ? Vu le consensus des invités et intervenants et les soulignements insistants des journalistes animateurs venus d’ailleurs et parlant cette fois-ci l’arabe d’antan, je commençais à me dire si ce n’était pas moi qui me trompais de planète ou de siècle vu que j’étais toujours dans ce vieux lit qui me sert plus de bureau que d’aire de repos.
Les chaînes se suivent et se ressemblent, TV après TV, je découvre que le peuple algérien vient de faire des miracles par ces fabuleux progrès et que c’est la fête, que c’est le CONSENSUS, que l’opposition a les rennes en mains, que le chef de l’état major a été écouté et que, et que… Bref, tout le monde est beau, tout le monde est gentil.
Mais voilà, un gars qui semble un peu intelligent affirme « Oui, oui, mais il faut souligner quand meme quelques absences, celles de quelques personnalités et de quelques partis de ce qu’ils appellent « l’alternative démocratique » ! », il rajoute : « mais c’est ça un dialogue en politique, il y a toujours des réticents qui finiront par se soumettre à la volonté populaire ! ».
Je zap car je n’en peux plus, et là,la cerise sur le gâteau sur une autre chaîne : « Bouchareb a démissionné de la présidence de l’APN,,,mais pour etre dans la légitimité, Said Bouhadja aussi a démissionné de la meme présidence de cette meme APN pour permettre à encore cette même APN d’élire légitimement un président du parlement conformément à la volonté du peuple ! ». Si ma compréhension est encore bonne à ce niveau très compliqué de la politique, nous avons la démissions de deux présidents du parlement pour donner UNE légitimité au président entrant. Lequel président entrant est le nouveau président, ou quelque chose comme ça, du FLN , « première force politique du pays ». Correction, je crois que c’est le éniem secrétaire général par intérim de ce...parti et que son président est toujours légitimement A.Bouteflika. Je passe, je zap et c’est encore une autre légitimité que j’avais oublié et que cette chaîne nouvellement crée par deux journalistes, parait-il audacieux, c’est comme ça qu’ils aiment à se qualifier, qui me rappelle que le chef de l’État algérien n’est plus légitimement chef de l’État car les 90 jours de son intérim constitutionnel (art 102 de la constitution) sont consommés. Alors, c’est encore un autre « mounachet » doustouri cette fois-ci, on traduira ça par « animateur constitutionnel », qui va simplement nous expliquer la complexité de notre constitution. Il paraît que le conseil constitutionnel, dont le président est lui aussi en intérim, sans que cela ne soit trop constitutionnel, a prolongé le mandat du chef de l’État anticonstitutionnel jusqu’à l’élection d’un président constitutionnellement légitime. Cette procédure n’est pas non plus constitutionnelle mais c’est justement le chef d’État par intérim qui a eu légitimement le droit de nommer le président par intérim du conseil constitutionnel, qui, a son tour, lui renvoie la politesse en lui prolongeant son mandat. C’est ce qu’on appelle, traduction personnelle de l’arabe du VII, « constitutionnalité de la légitimité » ou peut-être « la légitimité de la constitutionnalité ». Ouf ! Comme on se sent idiot devant tous ces savants, docteurs et journalistes venus d’ailleurs. Mais avec tout ça, je ne comprends toujours pas quand, comment, avec qui et ou se dérouleront ses fameuses élections présidentielles constitutionnellement légitimes pour rester toujours dans le cadre constitutionnel.
Hocine BENMEDAKHENE
Le 10/07/2019
Directeur des ressources humaines et de la sécurité industrielle
5 ansslt hocine cmt va tu, pas de tes nouvelles depuis,