Les alternatives technologiques à la banque classique en Afrique

Les alternatives technologiques à la banque classique en Afrique

Par Ndèye Ngoné CISS

Sur le continent Africain, le paysage bancaire a complètement changé. Les Africains ne passent plus la journée à faire la queue à la banque pour faire des transactions. La technique permet de nos jours aux utilisateurs de transférer de l’argent, faire un dépôt, payer ses factures sans pour autant avoir un compte classique dans les banques. Il est alors l’heure pour les banques d’investir dans la transformation digitale pour faciliter l’accès.

Les services de transfert d’argent par téléphone portable se sont facilement installés en Afrique. Sur le continent, moins de 10% de la population dispose d’un compte bancaire, donc le «mobile banking» est une solution pertinente pour beaucoup de monde. Selon l’association GMSA, les pays africains sont réceptifs au «mobile banking», il comptait 84 millions de comptes actifs de monnaie électronique en décembre 2015. Le marché du développement du «mobile money» est énorme car le taux de bancarisation auprès de la banque classique n’excède pas 34% selon la Banque Mondiale. Au Nigéria par exemple, d’après une étude de Financing inclusion Insignt, les détenteurs de compte mobile sont âgés entre 15-34 ans. Les 70% de ce groupe sont instruits et ont un emploi. D’après Rfi .fr, le marché de la banque mobile en Afrique était estimé à plus de 100 milliards de dollars, en 2014. «Les établissements de crédit ont tout intérêt à se rapprocher des fournisseurs de solutions technologiques pour rejoindre la révolution en marche», a confié un expert monétaire interrogé par Financial Afrik. Et à lui d’ajouter : «l’idéal serait d’intégrer des solutions externes et il y en a encore à bon marché». Le « mobile money » donne une autre alternative à la banque classique face à la concurrence des opérateurs de téléphonie mobile. Les banques se réinventent en proposant des services plus adaptés. Par exemple, Tag pay, une entreprise française de nouvelles technologies a développé une application mobile pour les banques. « La banque, ce sont des dizaines de services que notre plate-forme offre alors que les opérateurs télécoms se limitent à faire du transfert d’argent », explique Yves Eonnet, PDG de l’entreprise Tag Pays. Au sieur d’ajouter sur Rfi, «on va faire du paiement de facture, de salaire, on pourra payer dans les magasins, réaliser des transferts internationaux, distribuer des aides et des subventions. La banque est en train d’évoluer et elle doit être capable d’offrir des fonctions spécifiques métier par métier. C’est ce qu’on apporte avec Tag pay. Le téléphone mobile est une technique de rupture qui a provoqué une redéfinition complète des processus bancaires. » En république démocratique du Congo (RDC), la Trust Merchant Bank (TMB), première banque de détail s’est offert depuis 2015 les services technologiques de Tag pay. En campagne où la banque n’a pas de bureau, elle s’appuie sur des commerçants qui effectuent les opérateurs en son nom. En 2016, la TMB a eu 200 000 nouveaux clients sans pour autant ouvrir des agences avec le système classique.

Aujourd’hui, 70 millions d’Africains utilisent le «mobile money»

Selon le directeur de la banque Yannick Mbiya sur le site Rfi.fr: « c’est un modèle qui a clairement atteint ses limites en matière de charges d’exploitation. Or, le potentiel de la population à bancariser étant énorme, il était important de pouvoir adresser ce problème avec une solution adéquate tout en maîtrisant nos coûts. C’est ce que nous faisons en nous appuyant sur des opérateurs économiques qui existent et leurs infrastructures. Ce sont des pharmacies, des stations-service, des PME qui répondent à un certain nombre de critères, d’abord en matière de liquidités puisqu’elles doivent être rentables, et en matière de moralité. Ses agents sont soigneusement identifiés par la banque et nous leur délivrons la formation nécessaire.» Beaucoup de banques d’Afrique à l’instar de la RDC essaient le système que propose Tagpay. Au Kenya, Equity Bank propose des cartes Sim fines équipés de la technique de Taisys pour ses services de banque mobile. Les clients de la banque peuvent faire des transferts de fonds, des micro-paiements grâce à leur téléphone. Cette technologie approuvée par l’Autorité des communications du Kenya (CAK) permet à la banque d’élargir la gamme de services de télécommunication mobile. Habituellement, les banques en proposant des services bancaires mobiles demandent au fournisseur de télécommunication. La carte SIM fine et intelligente brevetée de Taisys, duoSIM, est directement fixée sur la surface d’une carte SIM déjà existante, émise par un opérateur téléphonique et placée dans le terminal mobile. La duoSIM de Taisys peut ensuite réaliser les transactions bancaires mobiles. Du coup, la banque n’est plus soumise aux limites d’une carte SIM bancaire fournie par un opérateur téléphonique. «Avec ses 40 millions d’habitants et ses 14 millions d’utilisateurs du paiement mobile, le Kenya est un marché mûr avec des utilisateurs habitués des services financiers mobiles. Taisys y voit un tremplin pour l’essor de la banque mobile», avait déclaré Jason Ho, PDG de Taisys, dans African Press. La Société générale, elle a construit une stratégie basée sur un réseau de distribution innovant. Ses commerciaux sillonnent à moto les quartiers de Dakar afin de proposer aux petits entrepreneurs et commerçants une offre bancaire simple (compte courant, compte épargne, carte visa, crédit conso, crédit, assurance). Cette opération lancée en 2013, est spécialisée dans les services financiers aux populations évoluant dans l’informel. En deux ans, Manko obtenait 4 500 clients pour 5 ,8 milliards de F CFA de crédits (environ 8,8 millions d’euros) décaissés. Technologiquement Manko s’appuie sur la start-up Obertys qui a lancé un outil permettant de réaliser l’analyse crédit sur une tablette numérique. En 2016, le directeur général, Alexandre Maymat, annonçait le lancement d’une banque alternative «Agency Banking» qui est bâtie autour de fonctions bancaires simples pour les personnes non bancarisés en Cote d’Ivoire, Sénégal, Madagascar, Benin, Cameroun et Burkina Faso. C’est un système qui vise à créer un réseau fédérant de petits commerçants.

Malgré les solutions technologies que les banques mettent en place pour garder leur rang dans la course, le secteur du «mobile money» reste miné par les opérateurs mobiles. Pour ne citer que les plus grands :

Orange Money : Lancé en Côte d’Ivoire il y a 9 ans, Orange Money est actuellement présent dans 14 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. En 2015, la filiale d’Orange a échangé près de 8 milliards d’euros entre plus de 16 millions de clients. Dans la même année, elle a fait 2millions d’abonnés actifs et a généré ainsi 13, 7% de la croissance de la Sonatel. En juillet 2016, Orange Money a atteint pour la première fois 1 milliard d’euros de transactions en un seul mois.

MTN et World Remitt : Le spécialiste londonien de transfert d’argent World Remit et le géant sud-africain MTN Group ont signé un accord de partenariat en 2016. Cet accord permet aux clients de World Remit d’envoyer de l’argent via le réseau mobile banking du second dans des pays comme la Zambie, le Rwanda et en Ouganda. L’opérateur sud-africain compte 36 millions de clients disposant d’un compte électronique.

Safaricom : En 2015, le service M-Pesa du kenyan Safaricom avait des dépôts qui dépassent 10 milliards de dollars. Lancé en 2005, son but d’origine été de faciliter le remboursement de microcrédit pour un réseau de 500 clients de l’institution de microfinance Faulu Kenya. Mais, le service a connu un grand succès et a dépassé son usage de départ. En 2007, il est transformé en paiement mobile. En 2015, Safaricom comptait 18 millions d’utilisateurs réalisant 8 millions d’opérations par jour.

Airtel Money et UBA : La banque nigériane United Bank for Africa et Airtel Money ont signé un partenariat stratégique en 2016. Ceci permet aux clients de la banque de faire un lien permanent entre leurs comptes bancaires et leur portefeuille électronique. Grâce à ce partenariat, les clients de la banque peuvent consulter le solde de leur compte, payer leurs courses et facture avec leur téléphone. En même temps, UBA aura accès aux 20 000 points de vente d’Airtel à travers le Nigeria.


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