LES ARTISTES NOUS RECONNECTENT À NOTRE MONDE NÉGLIGÉ
« Notre maison brûle » avait proclamé Jacques Chirac lors du Sommet de la Terre en 2002. Alors que les incendies de forêts font rage à travers le monde et que des températures records se succèdent à un rythme alarmant, ces mots sonnent plus vrai que jamais. En particulier, ce sont les images de ces catastrophes, que ce soit à la télévision ou sur nos flux Instagram, qui ont l'impact le plus foudroyant. À cet égard, la nécessité de l'art – et plus largement de la culture visuelle – pour communiquer l'urgence de la situation prend une nouvelle signification.
Les neuf artistes sélectionnés pour l'édition précédente d’Aparté, en 2021, parmi les nombreux autres qui ont répondu à l'appel à candidature, font partie d'une vague montante de jeunes artistes sensibles à l’environnement, dont ils évoquent la beauté, l’intelligence et la fragilité dans leur pratique.
Ce que l'on observe dans l'art contemporain, c'est un retournement contre une société occidentale devenue bien trop autocentrée, une société inconsciente du rapport d'exploitation qu'elle entretient avec le monde vivant. Il s'agit ici d'une génération artistique profondément consciente de la crise environnementale dans laquelle nous nous trouvons et qui s'aggrave. Elle cherche à recréer des liens avec le monde vivant qui nous entoure et à le remettre sous nos yeux.
Ainsi, les dessins du caféier par Louise Vendel, au cœur d'un café bio, réaffirment le lien entre le produit que nous consommons et l'organisme vivant qui se cache derrière. Un effet accru par le voile qui recouvre son dessin, qui nous oblige à nous approcher pour regarder de plus près.
De nombreux artistes ont explicitement choisi d'intégrer des matériaux organiques dans leur pratique: la mousse jointe sans couture avec des textiles (Mécistée Rhéa) ; la laine de mouton tissée sur des architectures en bois (Morgane Porcheron) ; des grains de plantes aromatiques combinées avec des matériaux synthétiques (Esther Michaud). Ce faisant, ces artistes offrent un aperçu d'un monde alternatif et possible, plus intégré et entrelacé avec le monde vivant qui l'entoure.
Certains artistes vont même plus loin en intégrant des procédés organiques dans un processus de co-création. Prenons par exemple le travail de Chloé Jeanne, dont les « peintures » sont le résultat de réactions chimiques d'éléments naturels. En laissant ces matériaux à eux-mêmes, l'artiste crée un processus basé sur le hasard qui minimise le rôle du créateur humain et célèbre plutôt le talent artistique de la nature.
Contre notre modèle sociétal actuel de surproduction et de consommation irraisonnée, un nombre croissant d'artistes intègrent la réutilisation des matériaux dans leurs pratiques. Par exemple, Margaux Lelièvre fait son art à partir de pain, mais aussi d'éponge, de textile, de carton et d'autres éléments trouvés, et crée ainsi de la beauté à partir d'objets jetés, tout comme Socheata Aing, qui forme son travail à partir de photographies anciennes.
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De plus, l’ancienne vie de ces matériaux donne souvent une signification double. Clovis Retif, avec sa tapisserie faite en tickets de caisse, éveille notre attention sur cet objet jetable en papier, trace de nos habitudes de consommation, mais qui, du fait de sa plastification, est non recyclable. De même, Arthur Guespin, qui a récupéré des roses abandonnées pour les immortaliser en sculptures fantomatiques, nous rappelle également la marchandisation inutile de ces fleurs éphémères.
Comme le montre cette exposition biennale, l'esprit de cette génération passe aussi par sa volonté de collaborer avec d'autres acteurs et disciplines ; ils aiment regarder en dehors de l'écosystème de l'art traditionnel et sortir des normes qui ont caractérisé les praticiens des beaux-arts. Le message est que le collectif – et non l'individualisme auquel nous nous sommes habitués – est ce dont nous avons besoin pour avancer.
Aparté se propose d'accompagner et de pérenniser cette vague montante, alors que nous faisons du surplace face à l'immense défi environnemental qui nous attend. Alors que notre planète brûle, le pouvoir de l'art de sonner l'alarme, d'éclairer de nouveaux chemins et de nous orienter vers eux est plus crucial que jamais.
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Vous pouvez soutenir la prochaine édition d'Aparté, qui aura lieu en avril 2023, à Paris, sur HelloAsso. Elle a besoin de votre aide pour financer notamment les œuvres qui seront produites par chaque artiste et exposées lors du parcours.
Amitiés,
Stefano Vendramin
Curateur et fondateur de STRATA, agence qui met en contact les artistes engagés et les entreprises en transition
Investisseur fonds à impact / Conseil RSE / Bio-design / Philanthropie art et écologie
2 ansJ’avais beaucoup aimé l’édition 2 pour laquelle j’étais membre du jury ! C’est d’ailleurs de cette façon que nous nous sommes rencontrés ! Hâte de découvrir la prochaine sélection des artistes. Bravo Stefano Vendramin, très belle initiative que d’exposer des artistes engagés au cœur du quartier latin, chez des commerçants qui font leur transition écologique !
+ 20 years of passion, action and innovation in Sustainability / Art & Environment / Responsible Communication - Founder of Art of Change 21 & Alice Audouin Consulting - Consultant, Curator, Author, Lecturer and activist
2 ansBravo Stefano, hâte de découvrir Aparté 3 !
Art & Transition écologique
2 ansCaroline de Chantérac Carole Collet Alice Audouin Samuel Valensi Anna L'hospital Anna Bernagozzi Emmanuel Tibloux Alex Vaysse Hélène GEBER Grégoire Lubineau Lorenzo Béatrix Alain Thuleau Albane Godard Laurence Lamy Camille Pène Julien Diers Fondation Tara Océan Carmen Bouyer 🌿 Fanny Giniès Guillaume Piens Camille Estavel Tiffany Dornoy Jean-Paul Deniaud Nicolas Laugero Lasserre