LES CATASTROPHES NATURELLES ET LA PERTE DE LA BIODIVERSITE EN RDC : Cas de la catastrophe de KALEHE et pistes d’une solution durable
1. GENERALITES SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LES CATASTROPHES NATURELLES EN RDC
Depuis toujours, des catastrophes dérèglent la vie des hommes : il y a trop d’eau ou il n’y en a pas assez, la terre tremble, les volcans crachent à l’Est de la RDC et ailleurs, il fait trop chaud ou trop froid…. Aujourd’hui, on constate un réchauffement général du climat sur la planète et un accroissement de ces catastrophes dont on se demande si elles sont vraiment « naturelles » ?
Les catastrophes naturelles se manifestent sous la forme de séisme, éruption volcanique, tsunami, mouvements de terrain, inondation, tempête, cyclone tropical ou encore d’orages etc.... Si les catastrophes naturelles sont provoquées par des causes météorologiques, sismiques ou autres sur lesquelles l'Homme n'a pas de prise, leurs bilans dépendent fortement du facteur humain.
En effet, l'implantation de populations, d'infrastructures ou d'activités dans des zones soumises aux aléas naturels conditionne les conséquences économiques et humaines de ces catastrophes, c’est le cas de Kalehe au Sud Kivu et Rubaya dans le Masisi au Nord Kivu. De même, la modification du milieu accroît les dégâts engendrés par les catastrophes (destruction des mangroves, construction anarchique, déforestations, etc.) ou au contraire les réduit (création de digues, de pare-feu...). Pour certaines familles et communautés dans certains endroits en Afrique, les souffrances liées aux catastrophes naturelles sont déjà une réalité, conséquence du changement climatique, elles sont donc forcées de quitter leur foyer à la recherche d’une nouvelle vie.
Les conséquences du changement climatique sont considérables au niveau local, de nombreuses cultures et certains animaux ont peu de chances de survivre à certains endroits si les conditions deviennent trop chaudes et sèches, ou trop froides et humides. La question de la sécurité alimentaire, déjà préoccupante, deviendra encore plus insurmontable en Afrique.
On sait que le changement climatique exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes. Cependant, les autorités congolaises n'ayant pas tiré les leçons des catastrophes précédentes, ces phénomènes continuent d'avoir des conséquences choquantes et mortelles pour les habitants dû à une gestion imprévoyante de l’environnement.
1.1 Définition de quelques mots clés
a. Atténuation et adaptation : L'atténuation est « l'intervention humaine pour réduire les sources ou augmenter les puits de gaz à effet de serre » et L'adaptation est « une démarche d'ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu'à ses conséquences» ;
b. Biodiversité : Variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre celles-ci ainsi que celle des écosystèmes ;
c. Changement climatique : est un phénomène global de transformation du climat caractérisé par une augmentation générale des températures moyennes (liée aux activités humaines), et qui modifie durablement les équilibres météorologiques et les écosystèmes ;
d. Catastrophe naturelle : est un événement d'origine naturelle, subi et brutal, qui provoque des bouleversements importants pouvant engendrer de grands dégâts matériels et humains ;
e. Eboulement : est un affaissement, un écroulement ou un effondrement avec glissement de terrain ;
f. Ecosystème : Complexe dynamique formé de communautés de plantes, d’animaux et de microorganismes et de leur environnement non vivant qui, par leur interaction, forment une unité fonctionnelle ;
g. Service éco systémique : sont les biens ou services que les humains peuvent tirer, directement ou indirectement, du bon fonctionnement des écosystèmes pour assurer leur bien-être.
2. OBJECTIFS GLOBAL ET SPECIFIQUE DU PRESENT ARTICLE
Globalement, il est question d’apporter notre modeste contribution dans la sensibilisation du grand publique sur les questions touchant les problématiques du changement climatique, catastrophe naturelle et de la perte de la biodiversité en RDC en vue d’une bonne prise des décisions au besoin.
De manière spécifique, il s’agit au travers le présent article de :
· Eveiller la conscience de la jeunesse congolaise sur les questions environnementales (changement climatique, catastrophe naturelle, perte de la biodiversité) du moment auxquelles le Pays fait face ;
· Identifier quelques parties prenantes à la problématique du changement climatique en RDC, ressortir au besoin leur rôle technique possible, responsabilité et la raison de leur participation à la lutte.
· Faire une analyse minutieuse de l’arbre à problème de la catastrophe naturelle de Kalehe ;
· Proposer des pistes des solutions durables et des recommandations à différents niveaux pour prévenir ce genre des drames et bien gérer les risques des catastrophes en RDC.
3. IDENTIFICATION DES QUELQUES PARTIES PRENANTES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN RDC
4. CAS CONCRET DE LA CATASTROPHE DE KALEHE ET DU DRAME DE RUBAYA
4.1. ARBRE A PROBLEME DE LA CATASTROPHE DE KALEHE
4.2. CAS DE L’EBOULEMENT DANS LE CARRE MINIER ARTISANAL DE RUBAYA
La mine de Rubaya appartenant à la Société Minière de Bisunzu (SMB) est mondialement connue comme étant le site qui produit la plus grande quantité de coltan en Afrique centrale, est située à 80 kilomètres de Goma, à l'ouest du lac Kivu, au Golfe de Kabuno, à la limite du Rift est africain, territoire de Masisi. Cette mine s'est développée à partir de l'exploitation souterraine artisanale et les problèmes hydrologiques y sont récurrents. Chaque année, plusieurs cas d'inondation et des glissements de terrain y sont enregistrés, occasionnant des pertes en vies humaines. Les problèmes majeurs est que les exploitants artisanaux ne respectent pas les normes en matière de sécurité, d’hygiène, d’utilisation de l’eau et de protection de l’environnement qui devraient s’appliquer à leur exploitation conformément à la réglementation en vigueur.
L’Agence Congolaise de l’Environnement (ACE) ne pas du tout opérationnel dans ce coin, or c’est l’établissement public à caractère technique et scientifique qui as pour mandant d’évaluer et d’approuver l’ensemble des Etudes d’Impacts Environnementales et Sociales ainsi que le suivi de leur mise en œuvre tout en veillant à la prise en compte de la protection de l’environnement dans l’exécution des projets miniers. Plusieurs creuseurs artisanaux sont en détresse après un éboulement qui s’est produit en date du 8 mai 2023 et qui as occasionné des morts dont le bilan est très mitigé.
Recommandé par LinkedIn
4.3. PISTE DES SOLUTIONS (Comment prévenir, atténuer et s’adapter)
La lutte contre les catastrophes naturelles passe par la prévention (zonage, normes de sécurité, sensibilisation), les systèmes d’alertes (sirène, bulletin météo) et les secours et interventions pendant et après les événements (évacuation, soins médicaux, aide psychologique, reconstruction).
Gérer, c’est prévoir dit-on souvent, l’Etat congolais doit commencer par rendre effectif et opérationnel l’administration en charge de l’Aménagement du territoire au niveau locale, le service météorologique local (METTELSAT),mettre en œuvre des projets de reboisement à but de protection dans des zones à forte pente, mener des études des potentialités des terres pour un bon zonage et/ou affectation des terres au niveau des ETDs, Egalement sensibiliser la population locale sur les questions environnementales auxquelles nous faisons face actuellement. Pour une atténuation et adaptation aux catastrophes, le gouvernement doit s’aligner aux trois principaux objectifs qui suivent :
a. Intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les politiques et plans de développement durable et locale;
b. Créer et renforcer des institutions, mécanismes et moyens permettant de résister aux catastrophes et ;
c. Incorporer systématiquement des considérations de réduction des risques dans la mise en œuvre des programmes de planification des secours en cas de catastrophe, d’intervention et de relèvement.
Il faudra créer et/ou rendre opérationnel un observatoire national des préventions et gestion des catastrophes pour mieux informer sur les risques et les systèmes d’alerte rapide et instaurer une culture de sécurité et de résilience dans le chef des populations. Dans des territoires à indice de risque très élevé, il faut miser sur le renforcement des capacités de réponse des acteurs locaux et communautés sur des constructions adaptées et les formations y afférentes mais aussi au pré positionnement de stock d’abris, eau et articles d’hygiène. Elaborer surtout des plans de contingence au bénéfice des territoires à haut risque.
5. LIEN DIRECT AVEC LA PERTE DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES
L’évaluation mondiale de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services éco systémiques), parue fin 2019, a souligné l’état dramatique de la biodiversité, en majeure partie imputable aux activités humaines.
Cet enjeu prend aujourd'hui une importance croissante sur la scène tant internationale que nationale et la lutte contre la perte de la diversité biologique s'impose désormais comme une priorité pour de nombreux pays à l’international, dont la RDC.
5.1. PLUSIEURS CATÉGORIES PERMETTENT DE DISTINGUER LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES :
Les services éco systémiques sont les biens ou services que les humains peuvent tirer, directement ou indirectement, du bon fonctionnement des écosystèmes pour assurer leur bien-être. En résumé, Il s'agit notamment : de services d'approvisionnement tels que la nourriture et l'eau; les services de régulation tels que la lutte contre les inondations et les maladies, la régulation du climat, stockage de CO2; les services culturels tels que les avantages spirituels, récréatifs et culturels; et des services de soutien tels que le cycle des nutriments, photosynthèse qui maintiennent la diversité génétique et les conditions de vie sur Terre.
Les pressions directes sur la biodiversité, sont, par ordre décroissant à l’échelle globale :
· Le changement d’usage des terres et des mers : expansion des surfaces agricoles, urbanisation, déforestation, développement des infrastructures, détérioration des sols
· L’exploitation directe : pêche, chasse, cueillette, exploitation forestière, dans un cadre légal ou illégal.
· Le changement climatique : acidification des océans, modifications des habitats et de la phénologie des espèces, savanisation des forêts. (La phénologie englobe les événements principaux de la vie des espèces et leur régularité: reproduction, floraison, migration).
· Les pollutions : atmosphérique, chimique (pesticides, antibiotiques), plastique.
· Les espèces exotiques envahissantes : les organismes introduits par l’humain hors de leur aire de répartition, où ils prolifèrent et créent un déséquilibre des écosystèmes locaux.
6. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les catastrophes naturelles tout comme environnementales sont beaucoup plus attribuées au changement climatique et à la gestion imprévoyante de l’environnement ; ceci compromet gravement le fonctionnement et la résilience des écosystèmes et en retour, leur capacité à fournir des services éco systémiques pour les générations actuelles et futures. Il est urgent d'amplifier les investissements dans l'adaptation climatique en Afrique.
Dans les 146 territoires de la RDC, l’Etat doit préconiser de recenser en priorité les zones les plus exposées afin d'évaluer, en amont, les investissements nécessaires pour améliorer la prévention et la gestion du risque. Kalehe au Sud Kivu tout comme Rubaya dans le Masisi, sont des zones à indice des risques aux catastrophes très élevés, il y faut des mesures préventives délicates, des Etudes d’Impacts Environnementales et Sociales (EIES) avant chaque projet et des bons plans de contingence budgétisé.
.Nous recommandons ainsi :
· Au gouvernement congolais : de pouvoir créer un service national et des services locaux des préventions et de gestion des catastrophes, de rendre effectif l’administration locale de l’Aménagement du Territoire et au besoin créer et/ou rendre opérationnel un centre national de coordination des opérations d’urgence mais également de pouvoir renforcer en capacité et doter en matériels les services environnementaux et d’urbanisme et habitat au niveau local;
· A la Société Civile : de sensibiliser en continue les communautés locales des zones à haut risque aux catastrophes sur les problématiques environnementaux du moment (Changement climatique, catastrophe naturelle, érosion de la biodiversité etc…) ;
· Aux scientifiques : de pouvoir diligenter des études en vue de mettre à la disposition du grand publique des outils nécessaires et adéquats à la prévention des catastrophes naturelles ;
· Aux secteurs privés : de focaliser leurs investissements dans l’adaptation au changement climatique ;
· A la population, nous appelons au bon sens, d'abord de ne pas construire anarchiquement et/ou dans des zones à haut risque aux catastrophes (forte pente, sol non approprié, proximité des cours d'eau etc…).
Ir. Rodrigue KANUMBU
(+243)858229263
973981057
Ir. Forestier et Spécialiste en Gestion des Ressources Naturelles