Les enfants de Croix-Desprez peuvent compter sur La Providence
En Haiti, depuis plus de 40 ans, le père Maurice Piquard se démène comme il peut afin de venir en aide aux familles déshéritées du quartier de Croix-Desprez et des environs. Fortement appauvries après le séisme du 12 janvier 2010, beaucoup de ces familles vivent de dons humanitaires et d'actions caritatives
Plus de quatre ans après, les familles habitant la colline surplombant Pacot – quartier résidentiel dans les hauteurs de Turgeau – ressentent encore les séquelles du 12 janvier. Les tentes et les T-shelters (abris provisoires) sont omniprésents dans la zone. Rien ou presque n’a changé. À l’image de la fameuse croix, en piteux état, qui mérite d'être réparée. La pauvreté y est palpable. Les gens se tournent les pouces, faute d’activités.
Ce spectacle désolant ne rebute pas pour autant le père Maurice Piquard. En effet, le missionnaire montfortain multiplie les actions caritatives dans la zone. Les riverains des dix quartiers populaires ceinturant la colline de Pacot le connaissent comme le loup blanc. Modeste et discret, le prêtre préfère travailler dans l’ombre. Loin des paillettes et des caméras. « Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit », telle est sa formule.
Etabli depuis le début des années 2000 dans la zone, le père Piquard se donne pour principale mission de scolariser les enfants qui ne l’étaient pas. En 2004, il entreprend de construire un kindergarten – La Providence – à l’intention des enfants déshérités de la zone. « L’école est complètement gratuite pour les petits grâce au parrainage que nous recevons. Il nous permet de payer les professeurs et la directrice en sus de leur fournir des uniformes, des fournitures scolaires et de les nourrir quotidiennement », confie du bout des lèvres le père Piquard.
« Le Kindergarten La Providence a un impact certain sur les familles, car il nourrit une centaine d’enfants qui, jusque-là, étaient mal nourris », affirme l’ingénieur Maxime Auguste dont la firme de construction – IMA Design Construction & Consultants S.A.– est en charge du chantier. Pourtant, le séisme du 12 janvier 2010 n’a pas épargné La Providence. Devant le spectacle du bâtiment complètement rasé, le père Maurice Piquard n’a pas baissé les bras. En attendant sa finition, il a ordonné aux professeurs de continuer à travailler avec les enfants dans la cour.
Et, au moment où il s’y attendait le moins, le décès d’un cousin de son père, parti à 96 ans, lui rapporte un legs considérable. Cet argent lui permet donc de pallier le coût de la reconstruction de l’école qui s’élève à 300 000 dollars américains. « Lorsque le père Piquard a contacté ma firme pour reconstruire l’école, j’ai tout de suite été emballé par l’aspect social du projet et de son impact sur la zone », affirme l’ingénieur Auguste, qui a quitté les États-Unis – QG de sa firme – pour venir s’occuper personnellement des travaux.
Outre les salles de classe, sur la demande du père Piquard, l’édifice sera doté d’un oratoire. Le missionnaire dira la messe pour les familles qui ne peuvent pas aller loin. « C’est l’évangélisation qui me pousse à faire du social. Comment évangéliser des gens qui n’ont rien à manger et qui n’ont même pas un toit?», se demande pensif le père Piquard, qui vient de passer les 30 dernières années, depuis son arrivée en Haïti en 1970, à faire de l’humanitaire dans le Nord-Ouest.
Ordonné prêtre le 16 avril 1974 par Mgr Rémy Augustin, premier évêque haïtien, le prêtre français se considère investi d’une mission spéciale pour Haïti. A l’approche de ses 40 ans de prêtrise en Haïti, l’homme de Dieu demeure infatigable dans sa vocation d’aider les nécessiteux. Même après les 3 ans de kindergarten, il continue d’aider les enfants les plus méritants à poursuivre leurs études au niveau du primaire. Son rêve le plus cher : pouvoir ouvrir un jour une école primaire dans le quartier. Un rêve qui ne tardera pas à se réaliser, car, selon ses dires, il négocie actuellement l’achat d’un terrain adjacent pour construire cette école primaire tant souhaitée.
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Publié le 11 avril 2014 - Le Nouvelliste