Les indicateurs ne sont pas que de Qualité

Les indicateurs qui permettent d’assurer efficacement la gestion du patrimoine logiciel ne se limitent pas aux indicateurs de Qualité.

Le CISQ a défini deux axes supplémentaires qui peuvent être mis en œuvre à partir de l'analyse statique du code source des applications et permettre d'afficher deux indicateurs supplémentaires :

• La taille d'un logiciel en Points de Fonction et la valorisation en Points de Fonction des évolutions engagées (ajout, modification et suppression) entre deux versions.
• La valorisation de la Dette Technique accumulée depuis la première mise en service d'une application.

Ces deux indicateurs en particulier, nous invitent à considérer, non pas la valeur des indicateurs à un instant T, mais l'évolution dans le temps de ces indicateurs et de s’intéresser à leur évolution d’analyse en analyse. La tendance qui se dégage est elle-même un indicateur important : ma dette technique est-elle en cours de résorption ou en cours d’accroissement ?

La mesure de la taille en points de fonctions des applications est particulièrement intéressante en ce qu’elle est agnostique des technologies qui ont été utilisées pour construire ces différentes applications et permettre de faire des comparaisons en ramenant les mesures à une unité connue.

Le CISQ puis l’OMG ont proposé des spécifications pour permettre de réaliser la mesure en points de fonctions à partir d’une analyse de type « reverse engineering » du code des applications (ce qui nécessite une solution d’analyse du code assez sophistiquée pour identifier tous les liens entre les différents composants d’une application et pour reconstruire les transactions depuis leur point d’entrée—en général un écran ou une API—et leurs points de sortie – en générale un stockage en base données, une impression ou une API). La spécification de l’OMG est devenue une norme ISO le 14 Mai 2019. Plusieurs autres normes sont en cours de validation : calcul des Enhancement Function Points qui vont par exemple permettre de mesurer l’effort qu’une équipe de développement à consacrer à faire évoluer une application et qui tient compte, en plus de la valeur fonctionnelle absolue, des points de fonctions ajoutés, modifiés et supprimés entre deux versions d’une même application. Toutes ces normes et leur évolution régulière montre le dynamisme toujours existant de la mesure en points de fonctions. Le calcul de la dette technique fait lui aussi l’objet d’une publication par l’OMG et est donc amenée, sous cette forme à devenir un indicateur opposable et objectif dont la mesure en tendance sera très significative de l’évolution de l’état d’une application dans le temps.

L'indicateur de taille en points de fonction va permettre un large panel d'observations en tendance :

• La productivité, calculée en nombre de Points de Fonction produits pour un effort donné, évolue-t-elle favorablement ?
• Le nombre de défauts critiques par Point de Fonction, montrant que les équipes de développement sont plus sensibilisées aux bonnes pratiques logicielles à mettre en œuvre, diminue-t-il ?
• Le nombre d'incidents détectés en production, montrant que la qualité fournie à l'utilisateur final augmente effectivement, diminue-t-il ? Etc.

Toutes ces observations permettront aux décideurs de disposer de données objectives dans leur processus décisionnel, voire d'inclure ces indicateurs dans les contrats d'objectifs (Service Level Agreements) lors de la contractualisation avec des entreprises tierces.

La visibilité apportée par l'analyse croisée de plusieurs indicateurs permet également une analyse fine des faits observables.

Sur le diagramme ci-dessous, extrait du tableau de bord « Health Dashboard » de la solution CAST, on constate que l'amélioration des performances, mise en évidence par l'évolution positive de l'indicateur "Efficience", s'est faite au détriment de la facilité de maintenance de l'application (évolution très négative de l'indicateur "Changeability") :

Ainsi, combinés avec les indicateurs de Qualité, les indicateurs de Taille du Logiciel (en Points de Fonctions) et de la Dette Technique constituent un ensemble analytique efficace pour aider à la décision et, dès lors que l’on peut exposer de manière détaillée (jusqu’à la ligne de code qui a contribuée à la valorisation de chaque indicateur) les causes afin de construire avec les équipes de développement des plans de remédiation et de contrôle des dérives, ces indicateurs constituent aussi un outillage de premier ordre pour assurer le maintien au plus haut de la valeur du patrimoine logiciel d’une entreprise.