🦠 Les infections virales seraient aggravées par la perturbation des rythmes biologiques ⌛
Les virus sont des agents pathogènes qui peuvent se répliquer en parasitant tout ou partie du fonctionnement et des ressources de la cellule hôte, l'obligeant alors à produire de nouveaux virus jusqu’à épuisement.
Loin d'être constante, la physiologie des cellules hôtes touchant à la mobilisation de ces ressources répond à une variation rythmique dite "circadienne" (circa= à peu près, dien = 24h) dont les différents éléments connus sont impactés par le virus, laissant supposer un lien entre les rythmes biologiques et la régulation de la réplication virale.
Le trafic intracellulaire, les processus de synthèse de protéines et l'assemblage de chromatine (structure au sein de laquelle l'ADN se trouve empaqueté et compacté dans la cellule) contribuent ainsi à la régulation du rythme circadien de l'infection virale, mais la manière dont les rythmes biologiques des cellules influent sur l'infection était jusque là inconnue.
Dans son article publié dans PNAS, l'équipe de Rachel Edgar de l'Université de Cambridge (Royaume-uni) à montré que l'heure de la journée à laquelle l'hôte était infecté régulait la progression des virus de la grippe A et de l'Herpès chez les souris et sur des cellules individuelles. Les infections étaient plus importantes lorsque les rythmes biologiques de l'hôte étaient absents (les chercheurs ont par exemple inhibé la transcription du gène BMAL1 régulant en partie l'horloge biologique) ou perturbés.
Le travail de R. Edgar montre que les virus exploitent les perturbations de cette horlogerie pour leur propre compte, et que la maitrise et le maintien des rythmes biologiques constituent une nouvelle piste permettant de freiner la réplication virale, et ce bien au delà des familles de virus étudiées dans l'article, puisque de nombreux autres virus s'appuient sur les fonctions cellulaires concernées dans le but de pouvoir se répliquer.
Si le bon fonctionnement de l'horloge circadienne semble offrir un avantage compétitif non négligeable aux organismes hôtes, leur perturbation ferait payer un prix important en matière de résistance aux infections et plus globalement en matière de santé, individuelle ou au niveau de toute une population, car de nombreuses autres réponses adaptatives du système immunitaire sont également régulées par cette horloge.
Afin d'éviter ces perturbations, il faudrait donc éviter toute désynchronisation de ces rythmes (chez l'être humain: travail de nuit, travail à horaires atypiques, voyage trans-méridien, exposition nocturne à une lumière artificielle, manque de sommeil...). En théorie, ceci permetrait d'émettre une hypothèse: certaines catégories de la population sujettes à la perturbation des rythmes biologiques pourraient présenter une vulnérabilité plus importante aux infections virales.