Les intervenants vous répondent... Jacques Chevallet

Les intervenants vous répondent... Jacques Chevallet

Jacques Chevallet avait "fait" l'ouverture des 3èmes Nutriform'Business Days, le 11 septembre 2019. Parmi les questions qui lui ont été posées via sms, en voici deux qui permettent d'aller plus loin dans l'innovation.

Question : De nombreuses entreprises françaises (NDLR : dans le domaine des ingrédients) sont reconnues pour leur innovation par de nombreux Awards dans toutes les manifestations internationales Vitafoods Europe, SSW, Vitafoods Asia, etc. Je pense - mais c’est purement mon sentiment- que la France est le pays le plus innovant en matière de nutrition. Votre avis ?

Jacques Chevallet : Mon propos sur l’innovation portait moins sur les capacités intrinsèques de notre industrie française et européenne à innover que la qualité de l’environnement dans lequel nous évoluons versus d’autres pays ou d’autres industries. Si le CIR est un soutien à l’innovation qu’il faut saluer, un rapport récent travaillé par Monitor Deloitte avec Synadiet et présenté lors du congrès par Nicolas Capellaere vient objectiver ce ressenti que beaucoup d’industriels européens partagent : le cadre réglementaire européen et son activation par nos administrations ne mettent pas notre industrie en capacité totale de compétitivité au niveau mondial, notamment en terme d’innovation.

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Deux éléments d’illustration : sur 205 Health Claims déposés à l’EFSA sur la base de nouvelles données scientifiques, uniquement 12 ont été approuvés. Cette utilisation dogmatique de l’article 13.5 a découragé les industriels dont les demandes ont chuté de 75% passant de 45 à 5 entre 2012 et 2018. C’est un marqueur négatif de l’incitation à l’innovation et au progrès.

La non-harmonisation de nos règlements européens en est un autre. Les cosmétiques déposent 42 brevets quand notre industrie en dépose 5 (après pondération de taille des industries).

Le manque de lisibilité à long terme de notre réglementation, sa mise en œuvre dogmatique et la non-unification de notre marché réduisent les ROI de notre R&D et donc notre capacité à innover.


Vous parlez de la nécessité d’un soutien à l’innovation. Quelles pistes vous semblent pertinentes à suivre ?

Notre industrie apporte du progrès en santé. Elle doit donc être incitée et soutenue dans ses efforts de recherche, notamment à travers :

- Le maintien du CIR avec une plus grande réactivité de paiement pour soutenir la trésorerie des sociétés non imposées.

-       La stabilisation et l’harmonisation de notre réglementation européenne dans une approche qui nous soit spécifique. Cette mesure donnera plus de visibilité long terme aux entreprises (c’est indispensable pour le temps nécessaire au ROI de l’innovation) et un marché harmonisé qui augmente la taille du marché potentiel, un élément indispensable pour maximiser le ROI.

-Donner à notre approche de santé naturelle une vraie place entre alimentation et médicament et une lecture non rétrograde et dogmatique de nos apports (comme l’application de l’article 13.5 par exemple)

Ces trois dispositions me semblent de nature à soutenir notre capacité à innover pour apporter du progrès en santé.



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