Les labels, les référentiels viticoles existant vont-ils relever le challenge : « Make Our Vineyard Great Again » ?

Les labels, les référentiels viticoles existant vont-ils relever le challenge : « Make Our Vineyard Great Again » ?

Notre démarche RSE de répondre aux enjeux du Développement Durable suscite immanquablement la nécessité d’un repère avec des référentiels existant, HVE, Terra Vitis, VDD et surtout le plus cité, le Bio. Le grand intérêt de la RSE c’est qu’elle est un outil puissant d’analyse de risques des enjeux macro et micro de l’activité viti-vinicole et une méthode qui structure sa réflexion stratégique. Confronter les référentiels aux attentes des parties-prenantes de l’amont à l’aval sur le sujet du Développement Durable révèle des enseignements pertinents à considérer si on souhaite que notre activité perdure.

Tout d’abord, partager un référentiel avec d’autres c’est accepter de rentrer dans une communauté, accepter les différences de vos collègues et accepter les enjeux de ses administrateurs. Par exemple, un produit « bio» est reconnu comme étant élaboré avec des pesticides d’origine naturelle. Face à la demande des consommateurs, l’offre s’est créée, d’autres produits que la nourriture se sont certifiés, certains beaucoup moins indispensables à vie comme les cosmétiques, des spiritueux, gin, vodka, whisky, rhum, pastis, bière,… et le vin. Ainsi, des produits issus de l’agriculture, des produits de première nécessité qui nourrissent les Hommes et d’autres rentrant dans l’alimentation mais n’ayant pour seul but que le plaisir, arborent le même logo. Qu’y a-t-il en commun entre une pomme bio et un whisky bio ? Si une Pomme bio peut assurément avoir des arguments pour mériter d’utiliser le slogan officiel du cahier des charges bio que l’on trouve sur tous les supports à destination du grand public : « Bon pour (tout) le monde », Comment expliquer, au moment où le monde de la santé ne cesse de critiquer le monde des alcools et celui du vin en particulier, que l’on puisse accoler un logo sur une bouteille de vin, de pastis ou de whisky un message pour le moins rassurant « Bon pour (tout) le monde ». Regarder cette situation au travers de la RSE et des attentes des parties prenantes m’incite à dire que cela n’est pas durable. On ne peut pas arborer les mêmes référentiels pour se nourrir que pour se procurer du plaisir, on ne peut pas durablement détourner l’attention du consommateur sur les enjeux du vin et de l’alcool.

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Le bio est devenu un allié majeur de la mode du « bien-être », une nouvelle tendance qui amène l’individu à revoir sa manière de s’alimenter et de vivre. La méditation, l’activité sportive s’accompagne d’un nouveau régime alimentaire, moins de viande, moins de graisse, moins de sucre, moins d’alcool… Le Dry January est un exemple de cette tendance où les bienfaits de l’abstinence sont largement relayés par la presse qui souligne tous les bienfaits de la sobriété. Une sorte de pression psychologique est exercée sur ceux qui ne rentrent pas dans ce mode de consommation. Ainsi, pour une population grandissante, c’est la suppression totale de viande, d’alcool,… La mode du « bien-être » est-elle un danger pour la consommation de vin ? Plaisir et bien-être sont-ils compatibles ? La quête du bien-être est un projet personnel, certains disent même égocentré, égoïste. La démarche amène l’individu à se focaliser sur son corps et ses sensations personnelles en acceptant de se priver, en pleine conscience, de bon nombre de ses plaisirs quotidiens. La consommation de vin est à l’opposé une démarche sociale, de partage, où la recherche du plaisir est totalement assumée. Pour le consommateur, bio et bien-être sont associés, et arborer ce logo est un repère pour identifier les « amis » de sa démarche personnelle. Apposer un logo assimilé au « bien-être » sur un produit contenant un cancérigène avéré laisse perplexe. C’est certainement le plus grand challenge du monde du vin actuellement, accompagner ses consommateurs dans leur consommation raisonnable de vin, en pleine conscience des vrais enjeux de ce qu’ils consomment et en accord avec leur ambition de vie personnelle. Je ne vois pas à ce jour, de justifications ni d’arguments qui peuvent me montrer que consommer du vin participe au « bien-être » tel qu’il est vécu et promu par ses acteurs. Il faut aider les consommateurs à trouver la balance entre « bien-être » et plaisir du vin.

La RSE est une formidable méthode pour voir et comprendre les fossés qui peuvent séparer les attentes de nos parties prenantes et la réalité de ce que l’on propose. La société s’intéresse au monde du vin car il fait partie de sa vie, de son histoire, de ses paysages. C’est un produit d’accession et de reconnaissance sociale. Les salariés de nos entreprises, nos voisins, nos clients, ont des questions pertinentes et affichent clairement ce qu’ils attendent de nous. C’est une véritable opportunité que de répondre à leurs demandes. S’il est plus facile de recycler, de détourner des cahiers des charges existant, à l’évidence aucun ne répond vraiment convenablement à la question posée. Il faut répondre au formidable message d’espoir attendu dans ce que le consommateur dénomme ‘bio’ au travers d’une vraie démarche Durable.

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L’impact carbone de son activité doit être la priorité, l’urgence médiatique sur les pesticides ne doit pas occulter l’urgence climatique, bien plus importante. Si on augmentait de 0.4% le taux de carbone dans les 40 cm superficiels des sols agricoles on stopperait l’augmentation de C02 dans l’atmosphère. Il faut diminuer au maximum le travail du sol, ne pas laisser le sol à nu mais au contraire enherber, voire cultiver ces espaces au pied des vignes et pourquoi pas trouver des productions associées au raisin, ceci permettant de continuer à alimenter la matière organique qui va permettre de capter le C02 et retenir les éléments qui vont nourrir la vigne. Tant que nous n’avons pas trouvé les cépages réellement adaptés, l’irrigation au goutte à goutte voire la fertilisation minérale devrait permettre de limiter la concurrence. La photosynthèse capte des quantités considérables de CO2, piéger ce CO2 lors de la fermentation est une formidable opportunité de contribuer positivement pour le climat.

La santé doit être traitée de manière responsable et globale. Remplacer un pesticide de synthèse dangereux par un pesticide d’origine naturel dangereux pour l’Homme ou l’environnement n’est pas la solution attendue. Si les réponses sont certes à chercher dans la nature, la nature regorge aussi de poisons dont il faut se méfier ; plutôt que de sélectionner des molécules dans la nature, essayons plutôt de s’inspirer de son mode de fonctionnement ! L’agroforesterie, la permaculture doivent nous inspirer.

On pourrait se donner un cahier des charges transparent qui obtiendrait, je suis sur l’approbation de toutes nos parties prenantes :

Interdisons les pesticides de synthèse ou d’origine naturelle frappés de contraintes comme ceux qui ont une Zone de Non Traitement (ZNT) supérieure à 20 mètres et ceux dont le délai de réentrée (DRE) est supérieure à 6 heures (aucun voisin ou promeneur ne sait à quoi il est exposé), éliminons les produits classés Cancérigènes Mutagènes ou Reprotoxiques (CMR) suspectés, arrêtons les pesticides dérivés du pétrole, ceux dont les ressources sur la planète sont limités, osons même interdire les pesticides et pratiques qui nécessitent la consommation d’un volume de litre par Ha d’un produit largement utilisé et pourtant cancérigène, le gasoil, renforçons le système des homologations en étudiant aussi le caractère perturbateur endocrinien et l’effet cocktail et enfin ne nous interdisons pas les progrès technologiques et scientifiques.

La pseudo vertu « zéro pesticide résiduel » détourne l’attention sur le vrai sujet de l’alcool. Si des intolérances aux sulfites sont réelles, l’enjeu de l’alcool qui est un cancérigène reconnu est bien plus prépondérant que la présence ou l’absence de résidus de pesticides à des doses toujours largement inférieurs à la Limite Maximale de Résidus. Formons la profession et engageons-nous à aider la société à résoudre ce qu’elle n’a jamais réussi à faire, trouver un moyen efficace d’éduquer, informer sur les enjeux de l’alcool, notamment à destination des jeunes. Le monde du vin peut faire ce qu’aucun autre produit alcoolisé n’arrivera à faire : toucher les familles et les réunir autour d’une boisson.

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Le vrai « bio » tel qu’il est attendu reste à créer, il est pourtant là, déjà en pratique dans de nombreuses entreprises mais se heurte à l’absence d’existence. Voilà une opportunité de sortir vers le haut de nos référentiels inadaptés vers une démarche de Développement Durable, où la contribution positive sur l’économie, le social et l’environnemental sera unanimement reconnue ; C’est notre raison d’être : « contribuer au plaisir de ceux qui partagent nos vins comme ceux qui voient nos vignes ».

Caroline Ramat-Leclant

Conseil aux porteurs de projets touristiques chez Hérault Tourisme

5 ans

Toujours aussi pertinent ! Un beau et long chantier en perspective. 

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