Les malheurs de Blanche Neige
[SUITE DU CONTE] Les malheurs de Blanche Neige
Ainsi, comme on le conte dans les chaumières depuis grand nombre de lustres, Georges-de-la-forêt se saisit de la princesse qui cueillait des champignons en lisère de forêt. Ah l’insouciance de la jeunesse…
La dague au point le chasseur allait ôter la vie de Blanche Neige ; celle-ci à genoux le supplia de ses grands yeux de biche de « lui laisser la vie » ! La beauté de la jeune fille était de loin supérieure à celle de la reine et Georges se dit qu’elle n’y verrait aucune différence s’il lui apportait le cœur, les poumons et le foie d’une vraie biche ; et en plus il garderait l’argent ! Ni vu ni connu comme disait son cousin Landru !
— Enfuis-toi… allez… avant que je ne change d’avis !
La Belle ne demanda pas son reste et courut dans la forêt* qui fut — une fois n’est pas coutume — son refuge. Des ronces l’écorchèrent, des orties lui remuèrent le sang, et la nuitée s’annonçait. Tant et si bien que la fugitive s’imaginait bientôt dévorée par le loups… bien la peine !
Pendant que la jeune fille s’enfuyait la reine Ursula avait reçu de Georges-de-la forêt un sac contenant les organes commandés ; elle leva le pouce en l’air et sortit de sa cassette la bourse promise. Le réputé chasseur-pas-malin assura qu’il avait enterré le corps loin dans la forêt et qu’il l’avait recouvert de grosses pierres. La reine tout à l’observation du contenu du sac se contenta — d’une oreille distraite — de faire signe de partir.
Et aussitôt le chasseur sorti la reine héla :
— Chambrière ola !
— Oui madame…
— Apportez-moi un réchaud, je suis un lasse et me ferai toute seule mon frichti du soir !
— Bien ma reine ; que votre volonté soit faite !
— Un instant ! que fait le roi ?
— Il lit le journal du soir au fumoir ma reine…
— Vas-y, dépêche-toi ! et apporte un peu de beurre demi-sel aussi !
Un quart d’heure plus tard la reine Ursula faisait rissoler un foie et deux poumons, le cœur étant pour le diablotin je le rappelle. « Faut que je pense à l’appeler celui-là ». Lors, elle se sentit invincible, s’allongea et ne rêva point car nul n’était besoin.
Blanche neige aperçut entre chien et loup une chaumière dans une petite clairière. Elle eut beau frapper et en faire le tour, personne ne répondit. Et même s’il n’est pas poli d’entrer chez les gens sans y être invité, la jeune fille harassée passa sa fine main par une fenêtre entrebâillée et fit choir la chainette, escalada l’appui de fenêtre et s’introduisit.
Un quignon de pain trainait sur la petite table, elle se rua dessus et l’engloutit ; un pichet vide fut vite rempli à la pompe de la cuisine : l’eau était fraiche. Elle s’assit sur une chaise minuscule (« il doit y a voir plein d’enfants ici » songea-t-elle, « mais où les parents ont-ils bien pu cacher leurs chaises d’adultes ? »)
La nourriture et l’eau eurent tôt fait de faire leur effet : un peu de chaleur ! mais ils furent aussi le révélateur de sa fatigue, ainsi poussa-t-elle la porte du fond donnant certainement vers une chambre. Un grand nombre de lits de petite taille la remplissaient ; elle s’allongea dans le plus grand en chien de fusil et s’endormit aussitôt après avoie eu juste le temps de retirer ses souliers.
* * *
Méphistophélès arriva dans une vapeur fumeuse ; il s’excusa :
— Désolé, j’étais en train de faire un barbecue ! que puis-je pour toi ?
— J’ai le cœur de Qui tu sais !
— Ah bon ! montre un peu…
— La reine sortit une poche qui contenait dans de la glace l’organe en question.
L’être satanique observa l’objet, le sortit de sa chappe glacée, le lécha, le gouta puis se retourna pour lui dire :
— Je sais pas qui t’a vendu ça mais y s’est foutu d’toi !
— Comment ?
— C’est pas humain, mais animal… garanti !
L’ancienne fabricante d’onguents crut recevoir la foudre et s’effondra sur le parquet de chêne. Méphisto lui tira l’oreille :
— Je te conseille de revenir aux bons vieux principes : le poison… je suis sûr que tu te souviens des vieilles formules ! Et il partit.
Ursula ne put s’empêcher d’interroger le miroir, qui répondit que la belle Blanche Neige vivait dans la forêt dans une chaumière.
« Une chaumière, ça doit se trouver » pensa-t-elle ! je vais chercher quelques instruments dans mon ancien local et je pars m’en occuper personnellement. Ah oui Maurice ; eh bien je vais dire à ce benêt que je dois aller voir mes parents malades, seule, avec un cheval rapide. Il va gober c’est sûr si je lui fais entendre que j’ai peut-être des bonnes nouvelles pour lui…
Le roi justement avait été mis au courant de la disparition de sa fille. Des dizaines de valets, soldats et personnels en tout genre firent une véritable battue jusqu’au milieu de la nuit, sans la retrouver au demeurant. Sa Majesté était effondrée et rechuta dans son angoisse. Il se versa le contenu d’une fiole empoisonnée et fut interrompu dans son geste mortel par des chants de jeunes filles. Malgré tout il cria et en appela à tous les dieux :
— Mais Dieu que peut-il pour moi ? Me rendra-t-il l’amour, l’espérance et la foi ? À moi Satan, à moi !
Et hop voici venu le Méphistophélès en embuscade :
— Me voici ! (…) d’où vient ta surprise ? ne suis-je pas mis à ta guise ? te fais-je peur[1] ?
— Non ?
— Doutes-tu de ma puissance ?
— Peut-être !
— Mets la donc à l’épreuve !
— Va-t-en !
— Fi ! c’est là ta reconnaissance ! Apprends de moi qu’avec Satan l’on est en droit d’user d’autre sorte, et qu’il n’était pas besoin de l’appeler de si loin pour le mettre à la porte !
Au même moment les portes du palais claquent.
— Et que peux-tu pour moi ?
— Tout ! mais dis-moi d’abord ce que tu veux ; est-ce la gloire, la puissance ?
— Plus encore ; je veux un fils (tiens, il ne parle même pas de sa fille !)
— Tu l’auras !
— Et que te donnerai-je en retour ?
— Presque rien ! (…) Ici, je suis à ton service… mais là-bas, tu seras au mien !
— Là-bas ?
— Là-bas ! Et lui présentant un parchemin : Allons, signe ! Eh quoi ! ta main tremble ! Que faut-il pour te décider ? Ta jeunesse t’appelle ; ose la regarder !
Au même moment apparaît Ursula qui soi-disant vient lui rappeler qu’elle part chez ses parents. Méphisto a fait apparaître un ventre rond pour convaincre définitivement le roi.
— Ô merveille !
— Eh bien, que t’en semble ?
— Donne !
Il saisit le parchemin et le signe. Le cousin du Diable l’enroule et le glisse dans son manteau, puis lui tend une coupe et lui fais signe de boire. Il la boit jusqu’à la lie… des fenêtres claquent ! Désormais sa pensée est sans aide, et son cœur est sans flamme, car il marche ignorant son Âme, tel un aveugle errant qui porte un vain flambeau.[2]
* * *
Dans la chaumière Blanche Neige essaie de ranger pour faire plaisir à ses hôtes :
— Siffler en travaillant… fufu fufu fufu… et le balai parait léger…
Elle baille puis s’interrompt car la fatigue la submerge ; elle s’étend dans le plus grand des petits lits.
Des voix résonnent dans la clairière ; on siffle, sûrement les enfants ! Quoique !
— Heigh-ho heigh-ho, on rentre du boulot, fufu fufu
C'est en rentrant de la mine que Prof, Joyeux, Dormeur, Timide, Atchoum, Grincheux et Simplet découvrent Blanche Neige endormie.
Mais la voici qui se réveille… les aperçoit :
— Mais, vous êtes de petits hommes !
— Eh oui…qui es-tu dit Grincheux ? Prof pose sa main sur le bras de son acolyte en signe d’apaisement.
— Je m’appelle Blanche Neige… et j’ai fui le palais de mon père… j’étais perdue et j’ai suivi un renard qui m’a conduite jusqu’ici !
Atch…atch…oum prend la parole : « tu, tu es la fille du roi Maurice ? »
— Oui… on a tenté de m’assassiner, et je ne vois que ma marâtre qui aurait pu… Elle s’effondre en sanglots dans les bras de Simplet qui en devient rouge betterave.
Blam blam blam… on frappe violemment à la porte.
Blanche Neige veut se cacher sous un lit mais Dormeur lui tend la main : « n’aie pas peur, ce n’est que notre ainé, il a des manières un peu rudes ! »
Blanche Neige relève la tête, puis se relève ; effarée elle écarquille les yeux car elle vient de reconnaître le visiteur :
— Clampin… mais mais, tu…
— Tu-tu-tut… mon nom n’est pas Clampin princesse, mais Célestin…
— « L’éclat du teint » chantèrent en cœur les sept autres nains dans le jardin.
— Excusez-les princesse… en réalité je me flatte d’être le chef de la résistance.
— La vache ! dit-elle… vous avez pris soudainement de la hauteur mon cher ! Il est vrai que l’on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Mais alors, vous êtes 8… c’est bizarre, dans les histoires de mon enfance…
Célestin se permet de l’interrompre :
— Et les trois mousquetaires, ils étaient bien quatre non ?
— C’est pas faux !
— Heigh-Ho ! confirme le chœur des nains.
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Blanche Neige semble reprendre du poil de la bête :
— Au fait « la résistance » à quoi… à qui ?
— Puis-je te parler sans détour ma princesse ?
— Je t’en prie !
— Voilà, j’ai été témoin d’une scène qui m’a mis la puce à l’oreille ; un émissaire d’un pays lointain est venu proposer la princesse Ursula à ton père… on se tutoies ?!
— Je t’en prie ! et alors ?
— Ce type sentait le souffre !
— Le souffre !
— Depuis le moment où il a donné au roi Maurice l’image de la soi-disant princesse du Lichtenburg, ton père — excuse-moi — n’est plus le même…
— Amoureux !
— Non, c’est autre chose… d’ailleurs tu as bien remarqué que beaucoup de choses ont changé ! Elle ne va pas à la messe par exemple ! le sacre est sans doute repoussé… et maintenant toi ! on tente de t’assassiner…
— Qu’est-ce que je peux faire ?
— Le peuple aime son roi, le roi t’aime ; il faut lui dire ce qui se passe. Tu dois devenir un symbole !
— Mais s’il y a de la magie noire là-dessous, que pourrons-nous faire ?
— J’y ai réfléchi ; il nous faut des alliés… ayant vécu à la cour, je sais pouvoir compter sur le chambellan et sur quelques autres… il faut exorciser ton père, mais l’évêque Alphonse ne m’écoutera pas ; ce doit être toi qui témoigne et le convainc.
Blanche Neige prend le temps de la réflexion, menton menu dans la paume de la main.
— Nous disposons d’un faisceau d’indices concordants… une question me taraude pourtant à l’instant, puis-je te la poser ?
— Je t’en prie ma princesse !
— Pourquoi faisais-tu le fou en sautillant avec ta marotte ?
— Au temps où nous vivions heureux, je veux dire quand la reine Marguerite était parmi nous, mon rôle était celui d’un conseiller… hier, ton père ne voyait plus en moi qu’une chose inutile !
— Pas fou du tout Célestin le nain ! Eh bien, en tant que légitime héritière du royaume — étant donné que l’on peut considérer que mon père est malade et répété incapable de gouverner pour le bien de son peuple — je te nomme officiellement « général Célestin ».
— L’éclat du t…
— [Vif] Cessez !
Le voilà devenu autoritaire l’ex-fou-du-roi … m’enfin faut bien puisque c’est son destin !
* * *
La reine-sorcière fait sa petite liste dans son antre.
— Alors… tiens pour le goût : du thym ; de l’aubépine et du chiendent pilés pour la digestion rapide ; et le principal : l’hellébore, et encore la racine de mandragore, et un soupçon de morelle noire. Allons-y ! le tout à la main pour canaliser l’énergie des plantes… Les vents mauvais soufflent… snip-snap-snurre….. psschit.
Reste ma propre transformation en… en marchande !
Elle projette de la poudre noire au dessus d’elle et prononce « Mutabor » ; et voilà qui est fait. Un schall sur les épaules et en route !
* * *
Monseigneur Alphonse trônait enfoncé dans son cathèdre en noyer sculpté, tout de violet vêtu jusqu’aux gants ; mitre posée à côté de lui. Une vague odeur d’encens flottait sous les voutes de la cathédrale Sainte-Gwendoline-du-Rocher. Deux hommes s‘avancèrent vers lui respectueusement, casquette dans la poche. Ils étaient de petite taille et auraient aussi bien pu être des enfants de cœur. Mais ils ne l’étaient pas : leurs cartouchières brillaient quand ils passaient devant les cierges.
— Je vous attendais messieurs !
Celui qui semblait être le chef du duo prononça quelques mots derrière son imposante moustache :
— Je vous présente mes respects monseigneur… vous vous doutez que nous ne sommes pas venus pour nous confesser…
Négligeant ce trait d’humour l’évêque répondit sans qu’un muscle de son visage ne tressaillit :
— Votre message ne m’a pas surpris ; il a fallu une raison majeure pour que vous sortiez de vos forêts et vos montagnes, et je vous ferai le meilleur accueil car je suis au courant de ce qui se passe. Cela fait trop longtemps que ça dure mais je ne pouvais agir seul.
— Nous nous occupons de soulever le peuple mais ne pouvons rien contre « cette force infernale » ; ainsi je propose d’enlever le roi et de l’amener ici, il sera sous la protection divine et vous pourrez l’exorciser.
— Je suis bien évidemment d’accord ; le grand chambellan sera notre allié dans l’exécution du projet, je l’ai entendu — lui ! — en confession.
On convint du jour et de l’heure ; le secret était leur meilleur allié contre la sorcellerie. Ce qu’ils ignoraient c’est qu’Ursula la reine-marâtre arrivait sur le piémont au bout de la forêt. Comment avait-elle trouvé ? magie, mystère ! Elle entendit chanter dans la chaumière ; sa proie n’était pas loin. Elle toqua à la porte de bois.
— "De beaux articles à vendre ! Rien que du beau, je vends !"
Blanche-Neige vint regarder à la fenêtre et cria :
— Bonjour, ma bonne dame, qu'est-ce que vous vendez ?
— Du bel article, du bon article, répondit-elle, du lacet de toutes les couleurs !
En même temps elle en tirait un pour montrer : un beau lacet tressé de soie multicolore. " Cette brave femme, pensa Blanche-Neige, je peux la laisser entrer !" Elle déverrouilla et la fit entrer pour lui acheter le beau lacet multicolore qu'elle voulait mettre à son corset.
Alors que Blanche Neige hésitait…
— Mais mon enfant, de quoi as-tu l'air ? s'exclama la vieille. Viens ici, que je lace un peu proprement ! Blanche-Neige, sans méfiance, vint se placer devant la vieille et la laissa lui mettre le nouveau lacet ; mais la vieille passa si vite le lacet et le serra si fort que Blanche-Neige ne put plus respirer, suffoqua et tomba comme morte.
— Et voilà pour la plus belle ! ricana la vieille qui sortit précipitamment, regarda aux alentours... pas de témoin. Elle fuit et regagna le château.
— Je suis là ! fit-elle au roi qui jouait au tarot avec ses courtisans. C’est à peine s’il la remarqua.
On fumait le cigare, on avalait avec distinction des lampées de cognac hors d’âge … Le roi Maurice se fit prendre le Petit au bout, et plutôt que d’exprimer son mécontentement et sa vexation il se leva pour déclamer d’une voix de stentor ces vers de la tragédie Edouard III :
Le désir du néant convient aux scélérats
Non, je ne puis penser que la nuit du trépas,
Éteigne avec nos jours ce flambeau de notre âme,
Qu’alluma l’Immortel
D’une céleste flamme[3].
Sans s’en rendre compte (comment savoir ?) peut-être faisait-il appel à Dieu pour le salut de son âme ? Le grand chambellan qui ne franchissait pas (ou plus ?) le seuil de la porte du salon le regardait de trois-quarts consterné ; ainsi décida-t-il qu’il fallait agir dès ce soir. L’évêque disposait-il d’un émissaire sûr à lancer au triple galop à la recherche de Célestin ?
Les courtisans (et c’est un métier) riaient de la déclaration du roi et Marcel-Henri grand chambellan arpenta le couloir aux tapisseries de chasse en songeant : « le rire n’est souvent qu’un manque de discernement ! » ; puis il se dirigea sous un chapeau à larges bords vers la cathédrale.
Pour exorciser le Mal du roi — dans la crypte contenant le doigt-de-Sainte-Gwendoline dans un reliquaire en or — il faut que la méchante Ursula l’ignore, sinon elle en appellera au Diable qui s’y opposera par tous les moyens possibles. Marcel-Henri précisa à Alphonse : « nous profiterons de la balade de fin d’après-midi pour attirer le roi sous n’importe quel prétexte et le faire monter dans un cabriolet anonyme à quatre chevaux rapides. »
L’évêque prépare donc dans la crypte sainte et royale, sept cierges d’autel et quatre crucifix de haute taille. Il faut ceinturer le roi, puis appeler le Christ, l’Esprit Saint et Dieu le père, faire parler Satan et le sortir de l’esprit de Maurice 1° par la bouche, et le suer par tous les pores.
La royauté ne repose pas sur l’avoir mais sur l’être dit-on !
* * *
Heigh-Ho Heigh-Ho,
On rentre du boulot
[Accéléré] Heigh-Ho, Heigh-Ho, Heigh-Ho
Heigh-Ho, Heigh-Ho… (bis)
On rentre du boulot… (bis)
— Hum, c’est bien calme ici ! dit Grincheux bras croisés, nez tombant dans la barbe blanche.
— C’est vrai ça ! ajoute Simplet.
— Ben oui c’est étrange ! ajoutent les autres l’un après l’autre.
Finalement on rentre sur la pointe des godasses (on n’a pas vraiment affaire à des ballerines).
— Mais, mais… c’est Blanche Neige allongée…
—Elle elle… est éva.. éva… nouie ?
— Que que qu’est qu’est ce que que qu’elle a ?
Prof se pencha et chercha :
— Elle n’a pas l’air de respirer ! voyons qu’est-ce qu’on nous dit aux « premiers secours »… voyons… en principe on desserre la cravate, ou le corset !
— Et le lacet qu’elle a autour du cou, vous croyez pas qu’il l’étrangle ? explosa Atchoum de façon pragmatique. Et joignant le geste à la parole il desserra le cordon de satin. Blanche Neige fit un « ouf » puis avala de l’air presque en suffoquant tellement c’était pénible.
Les nains étaient comme pétrifiés de peur ; enfin Simplet alla chercher un verre d’eau alors que les autres aidaient la pauvrette à se mettre assise.
Il fallut un bon moment pour que les souvenirs lui reviennent et qu’elle puisse expliquer ce qui lui était arrivé : « la marchande…et puis… je ne me suis pas méfiée ». Les 6 chevaliers (qui représentaient donc les ¾ du total des nains) s‘interrogeaient de leurs gros yeux ronds exorbités, du moins jusqu’à ce que Prof formule son explication : c’est la reine ta belle-mère… soit elle a payé quelqu’un, soit elle s’est accoutrée et t’a retrouvée pour t’occire ; heureusement que Dormeur a accompagné Célestin au palais de ton père pour « accélérer les choses » !
[1] Faust, Op. cit.
[2] Victor Hugo, Odes ; livre IV, 10, L’Âme.
[3] Jean-Baptiste Gresset.