Les micro-billes dans nos cosmétiques et si on en parlait ?

Les micro-billes dans nos cosmétiques et si on en parlait ?

Les micro-billes font à nouveau l’actualité et cette fois-ci c’est l’Angleterre qui mène la danse. Mercredi dernier, un groupe de parlementaires anglais, mené par Mary Creagh, a demandé l’interdiction des micro-billes de plastique dans les cosmétiques distribués au Royaume-Uni, suite à la publication d’un rapport très attendu de l’Environmental Audit Committee sur leur impact environnemental et sanitaire. Rétrospective sur un sujet qui agite la sphère écologique, cosmétique et médiatique.

Une pollution issue de nos gestes quotidiens

Depuis plusieurs années les défenseurs de l’environnement pointent la pollution des lacs et rivières par les micro-billes de plastique présentes dans les produits cosmétiques.

Les micro-billes utilisées dans les cosmétiques seraient à l’origine de 0,01% à 4,1% des matières plastiques entrant dans le milieu marin.

On en trouve dans de nombreux produits de notre quotidien: crèmes pour les mains, nettoyants pour le visage, gommages, dentifrices, crèmes anti-rides ou encore eye-liner.

D’un diamètre inférieur à 5 mm, elles ne sont pas captées par les dispositifs de filtration des stations d’épuration. Elles sont donc rejetées dans les cours d’eau et peuvent être ingérées par la faune aquatique, mettant en danger l’écosystème marin et la chaîne alimentaire. Le sujet est d’envergure mondiale comme le montre notre carte ci-dessous :

Source : LexisNexis Newsdesk - 100 derniers jours

Les ONG et Greenpeace en 1ère ligne

Greenpeace prône depuis des années une interdiction radicale des micro-billes, à savoir notamment :

  • une interdiction de tous les matériaux pouvant les composer(polyéthylène mais aussi polyethylene terephthalate (PET), polymethyl methacrylate (PMMA), nylon and polypropylene),
  • une interdiction dans tous les types de produits et pas seulement dans les exfoliants,
  • une définition précise des diamètres des micro-billes concernées,
  • des critères de substitution drastiques, excluant les plastiques biodégradables (qui ne se bio-dégradent que dans des conditions très précises non réunies dans les océans).

En parallèle, près de 85 ONG de 35 pays différents se mobilisent sur Internet pour sensibiliser l’opinion publique et mettre la pression sur les instances gouvernementales.

La position des gouvernements

Aux Etats-Unis l’interdiction est effective depuis décembre 2015 et en France elle le sera dès le 1er janvier 2018 du moins pour les cosmétiques rinçables renfermant des particules de polyéthylène (décision inscrite dans la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages définitivement adoptée le 20 juillet dernier). Le Danemark très actif au niveau Européen, fait de son côté pression sur la CE pour que l’interdiction soit généralisée.

Pour autant ces lois et les engagements de la plupart des marques à éliminer l’usage des micro-billes d’ici à 2020, ne contentent pas certaines ONG dont Greenpeace qui dénonce les « failles » des textes et le manque d’empressement de certaines marques, ceci à grand renfort de pétitions et de classements.

Le dernier rapport de Greenpeace : des groupes majeurs pointés du doigt

Greenpeace a ainsi publié cet été un rapport classant les 30 leaders mondiaux de la cosmétique en fonction de leurs engagements à retirer les microbilles de plastique de leurs produits.

Relayé dans de nombreux pays par les antennes nationales de Greenpeace – voir ce robinet géant installé sur une place de Séoul par des manifestants - ce classement vise à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils interdisent l’utilisation de microbilles de plastique par les industriels, et ce, de la façon la plus stricte qui soit.

Se basant sur des critères tels que la transparence/communication des marques, leur définition des microbilles, le délai qu’elles se sont fixées pour les retirer de leurs produits et l’envergure de leur action, Greenpeace a attribué des notes allant de 0 à 400, pour arriver au « podium » suivant :

  • Colgate-Palmolive, Beiersdorf, L Brands, Henkel seraient ainsi les plus vertueux en matière d’élimination des microbilles,
  • Clarins, Unilever, Botica Comercial Farmacêutica, Oriflame Cosmetics, Shiseido Co, Avon Products Inc, Coty Inc, Kao Corp se situeraient un cran en dessous tandis que,
  • Natura Cosméticos, Reckitt Benckiser, Amore-Pacific et L’Oréal Groupe arriveraient troisième ex-aequo.

Quelles marques en parlent ?

Nous avons voulu savoir si ce classement très médiatisé reflète la visibilité des marques sur la thématique de l’élimination des micro-billes.

 

Source : LexisNexis Newsdesk - 100 derniers jours

Les marques les plus visibles sont celles communiquant sur leurs bonnes pratiques depuis plusieurs années. L'Oréal, Johnson & Johnson, Colgate-Palmolive annonçaient dès 2013-2014 qu’elles reformuleraient leurs produits à l’horizon 2017. On notera un léger avantage pour les marques anglo-saxonnes plus volontiers citées au printemps dernier par les journalistes britanniques et américains couvrant l’audition d’acteurs de la cosmétique par l’Environmental Audit Committee britannique.

Quelles sont les leçons que nous pouvons en tirer d’un point de vue veille médiatique (offline et online) ?

  • Une problématique mondiale peut se décliner différemment selon les pays
  • Les données d’un rapport très médiatisé ne reflètent pas forcément la réalité médiatique à moyen terme
  • Une problématique peut en cacher une autre : la question des micro-billes de plastique dans les cosmétiques, un sujet facile à traiter par les journalistes et qui parle au grand public, en cache une autre de plus grande ampleur : les micro-billes des cosmétiques représentent une infime partie de la pollution des océans par les micro-plastiques qui sont en fait le stade ultime de la dégradation de tout objet en plastique rejeté dans l’environnement… les études évaluant la menace pour la faune aquatique et in fine pour l’homme se multiplient et influenceront peut être à long terme notre modèle de société basé sur le plastique.

Ce billet a été rédigé par notre analyste expert Estelle Gand avec LexisNexis Newsdesk®.

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