LES MIGRANTS, A LA MERCI DES MEDIAS ?par Vernando Codio

LES MIGRANTS, A LA MERCI DES MEDIAS ?

Si la question de la migration m’intéresse, ce n’est pas par hasard. Et si le monde de la migration devient un enfer ces derniers années, ce n’est pas sans rappeler, de façon finalement plus insidieuse, certaines formes de migrations forcées des siècles passés. Entendre aujourd’hui parler de commerce d’hommes et de femmes ou encore d’esclavage nous le rappelle cruellement. Le phénomène n’est certes pas si nouveau. Depuis plusieurs années, de nombreux témoignages circulent sur la condition des migrants, rendant compte des pires horreurs. Pourtant, la réponse la plus commune semblait être l’indifférence et la passivité, malgré quelques indignations formelles… Des lors, comment ne pas s’interroger devant le retentissement de ce récent reportage de CNN. Pourquoi celui-ci ? Quelque chose aurait-il subitement changé ?

Je n’encourage pas la migration et je ne le ferai pas. Mais comment ne pas comprendre des mineurs, des jeunes, des adultes qui quittent leur pays parce qu’ils ne se voient plus d’avenir chez eux, parce qu’ils craignent pour leur intégrité ou qu’ils n’ont plus rien à manger ? Des personnes qui, a 25 ou 30 ans, sont à la merci de leurs parents déjà pauvres ? Comment ne pas comprendre un jeune père qui laisse ses enfants pour partir à la recherche de meilleures conditions de vie pour lui mais aussi et d’abord pour eux ?

La question n’est pas de savoir s’ils ont « raison » de partir à la recherche d’un eldorado fantasmé. Ce serait indécent. Il faut bien mesurer qu’il s’agit de migrations « forcées », car s’exerçant sous la contrainte, et que ces migrants sont les victimes collatérales d’un capitalisme globalisé et à la dérive. C’est pourquoi, ils méritent mieux que notre jugement ou notre indifférence. En France, les nombreux entretiens que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux, dans un cadre professionnel, m’ont bien fait comprendre qu’ils ne demandent rien d’autre que la satisfaction minimale de leurs besoins fondamentaux.

La France, comme beaucoup d’autres pays, déclare souvent ne pas pouvoir accueillir toute la « misère du monde ». C’est là une mauvaise réponse à une fausse question ! Une fausse question car personne ne la pose. C’est un fantasme que d’imaginer que tout le monde voudrait venir dans un pays en particulier. Surtout, l’immense majorité des mouvements migratoires ont lieu entre pays pauvres et non des pays pauvres vers les plus riches …

A se demander si ces fausses questions ne sont pas juste faites pour saturer l’espace médiatique, pour nous détourner des vrais enjeux, nous faire oublier où se situent nos responsabilités respectives et alimenter les populismes les plus xénophobes. Il serait mieux de poser les problèmes à la base, d’investir dans le développement local, d’encourager l’aide au développement au lieu de l’aide humanitaire, et de combattre la corruption au lieu de financer des gouvernements corrompus.

Vernando CODIO

Entrepreneur social

Codiovernando68@gmail.com

France, 19 novembre 2017


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