Les néonicotinoïdes et la betterave, une décision hâtive et peu conséquente sur le long terme
Le problème de la betterave n'est sûrement pas simple. Il appelle un certain nombre de réflexions de nature à remettre en cause notre modèle agricole.
1/ comment faisait-on avant ? Il n'y avait pas le puceron vert, me direz-vous, ou celui-ci ne provoquait pas la jaunisse. Et pourquoi y a-t-il le puceron vert et la jaunisse aujourd'hui ? N'est-ce pas le résultat de l'emploi d'autres produits qui ont favorisé son apparition en tuant ses concurrents ? ou les variétés de betterave actuelles sont-elles plus sensibles à la jaunisse (au prix d'un meilleur rendement sucrier...)?
2/ ces néonicotinoïdes vont immanquablement se stocker sur les parcelles cultivées. Or, d'une année sur l'autre, ces parcelles vont changer, car la betterave est une culture très intéressante pour les agriculteurs produisant des céréales, du lin, du colza car elle constitue un bon assolement. Le nombre de parcelles ainsi polluées va rester considérable.
3/ produire du sucre national, avoir l'autosuffisance, certes, c'est important. Mais mettre du sucre partout dans nos assiettes - ketchup, mayonnaise, plats préparés de l'industrie, charcuteries, sauces, conserves - et dans nos verres (sodas, bières) ne devrait plus être autorisé dans de telles quantités. Le plan nutrition-santé a du souci à se faire : si l'on autorise les néonicotinoïdes pour sauver la filière, il sera également difficile d'obtenir une taxe sur le sucre, ou des normes alimentaires destinées à le réduire fortement dans notre alimentation. Or, le sucre est un problème de santé majeur qui nous coûte très cher : diabète, obésité, cécité et aujourd'hui... COVID ! auquel sont plus sensibles les personnes en surpoids. Ne faut-il pas plutôt songer à reconvertir en partie notre industrie sucrière plutôt que de la "sauver" à grands frais et au détriment du budget de la Sécurité Sociale (et au bénéfice - en passant - de l'industrie pharmaceutIque...)?
Bref, tout ça me semble bien précipité, bien peu réfléchi, bien trop pris sous la pression du très puissant lobby agro-alimentaire, et pas assez prendre en compte les logiques environnementales et de santé publiques sur le long terme.