Les nouvelles dépenses contraintes
Une étude du cabinet de conseil BearingPoint, commentée dans le journal Le Monde, montre que les abonnements à des offres culturelles payantes (Netflix, Spotify, presse en ligne) sont devenus incontournables dans les budgets des ménages, jusqu’à acquérir le statut de “dépenses contraintes”, celles dont on ne se désengage pas.
« Pour cette quatrième édition de notre étude, explique Nicolas Reffait, associé chez BearingPoint, on pensait voir les conséquences des tensions de l’inflation sur les achats des ménages. On constate au contraire que ces abonnements ne sont pas une valeur d’arbitrage. Il y a une forte résilience de ces offres, qui structurent désormais le budget loisir des foyers français de façon très ancrée, au même niveau que les dépenses de téléphonie ou d’Internet »
De fait, « dans ce contexte défavorable, le nombre d’abonnements et de types de service détenus se stabilise, l’attachement aux marques ne faiblit pas », note l’analyse. Au total, 63 % des répondants disposent d’au moins une offre à un service de vidéo à la demande (SVOD), les foyers détiennent en moyenne trois abonnements, de deux types, pour un coût mensuel de 45 euros.
Le journal Le Monde a récolté un certain nombre de témoignages qui montrent que, dans les arbitrages effectués lorsque les temps sont difficiles, tout est fait pour maintenir l’abonnement à Netflix (on repousse la mise en route du chauffage, on réduit à la formule la moins chère : un seul écran, qualité standard, etc).
L’étude parle d’une “dépense refuge” :
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« Au moment des confinements successifs, ces plates-formes ont pu apparaître aussi importantes que l’alimentation pour continuer à travailler, à s’informer, à avoir des loisirs, remarque également Guénaëlle Gault, directrice générale de l’Observatoire société et consommation. Il y a un avant et un après sur la numérisation des modes de vie. » Elle souligne une autre vertu de ces usages : c’est leur valeur « intégratrice », et notamment pour les plus modestes, dans l’idée de leur permettre de rester, même avec de faibles revenus, dans la « normalité ».
Autre budget qui aurait pu souffrir des difficultés des français: les vacances. Selon les résultats annuels du baromètre OpinionWay pour Sofinco, le budget moyen est de 1 697 € cette année, un montant en hausse de 12 % par rapport à l’année dernière, où il était de 1 512 €. Une autre étude réalisée par Ipsos pour l’agence de voyages de Leclerc montre que cette année, 78% des Français ont réalisé des arbitrages financiers pour pouvoir voyager. Les vacances sont-elles essentielles ? En tout cas les Français ne sont pas prêts à y renoncer.
Dans un essai consacré au sentiment de déclassement des milieux populaires, rédigé il y a bientôt vingt ans (Le descenseur social, 2006), Philippe Guibert et Alain Mergier avaient conceptualisé l’idée d’un “panier du sujet”, pour désigner l’ensemble des biens de consommation permettant d’assurer la capacité d’être reconnu comme un individu à part entière dans la société. A l’époque, les auteurs parlaient du téléphone portable et des baskets Nike : nul doute qu’aujourd’hui, ils parleraient de Netflix... ou des vacances.
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Creative Director & Content Designer chez Publicis Media Content France
6 moisBG
Manager CAMPUS MANA | Founder Maison Fragile 🍽️ ex-Havas Group
6 moisLu ! Très intéressant merci