Les pays émergents ne sont plus les accélérateurs de l’économie mondiale

Les pays émergents ne sont plus les accélérateurs de l’économie mondiale

Après une année 2015 décevante, l’activité devrait se raffermir au niveau mondial en 2016 et la croissance atteindre 2,9 % contre 2,4 %. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment, car ce léger rebond ne suffit pas à rendre « optimistes »les experts de la Banque mondiale, qui publie son traditionnel rapport sur les« Perspectives économiques mondiales ».

« Les conditions d’une reprise dans les pays avancés, déjà perceptibles en 2015, restent en place et les effets de la crise financière continuent de se dissiper progressivement », notent les auteurs de l’étude. « Mais ce raffermissement de la croissance dans les pays développés ne compensera que partiellement les risques d’une atonie dans les principaux pays émergents », souligne Franziska Ohnsorge, économiste de l’institution.

L’essoufflement de la Chine

À vrai dire, l’inquiétude n’est pas nouvelle : après avoir largement contribué à l’expansion mondiale au cours de la décennie écoulée, ces pays que l’on désigne sous l’acronyme de Brics – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud –, connaissent depuis trois ans, à l’exception notable de l’Inde qui continue sa marche en avant, un ralentissement continu et simultané qui reste une épée de Damoclès suspendue sur l’économie mondiale.

« Les projections montrent qu’une baisse de 1 point de croissance des Brics aurait pour effet, sur les deux années à venir, d’amputer de 0,4 % la croissance globale, de 0,8 % celle des autres pays émergents, et jusqu’à 1,5 % celle des pays frontaliers », précise Franziska Ohnsorge.

Si tous les regards se tournent vers la Chine, dont l’économie donne depuis des mois des signes d’essoufflement inquiétants, la Banque mondiale met également l’accent sur les faiblesses persistantes de la Russie. Confrontée comme tous les pays producteurs à la baisse des prix du pétrole, l’activité économique de la Fédération pourrait encore baisser de 0,7 % en 2016 après – 3,8 % en 2015. Une récession qui devrait, par effet domino, affecter nombre de pays limitrophes d’Europe de l’Est, du Causase et d’Asie centrale.

Les risques d’un durcissement de la politique monétaire

L’autre préoccupation de la Banque mondiale tient au risque de turbulences financières que pourrait entraîner un durcissement de la politique monétaire menée par la Fed, la banque centrale américaine. Lors du précédent rapport, en juin, l’institution s’alarmait déjà des possibles conséquences d’une remontée mal maîtrisée des taux américains pouvant entraîner une déstabilisation économique et financière des pays émergents et en développement.

Un risque qui, ajouté à la baisse continue des du prix des matières premières, au ralentissement des échanges et aux tensions géopolitiques, pèse sur les perspectives des pays en développement même s’ils continuent leur progression par rapport au creux de l’après-crise. « Cela pourrait compromettre les progrès difficilement accomplis pour réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée », avertit la Banque mondiale.

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