Les PGE (Prêts Garantis par l'Etat), quels impacts pour les banques ?

Les PGE (Prêts Garantis par l'Etat), quels impacts pour les banques ?

Alors que la demande de PGE explose pour faire face aux conséquences économiques du coronavirus, on peut s’interroger sur les impacts que cela aura pour les Banques.

Les PGE commercialisés depuis le mercredi 25 mars rencontrent un franc succès. Plus de 35 000 demandes ont été adressées à la plateforme BPI France et quelques 6 milliards ont obtenu un pré-accord de la part des banques. Bruno Le Maire annonçait précédemment que les demandes atteignaient 3,8 milliards par plus de 21 000 entreprises pour un montant moyen de 135 000 euros, le montant moyen demandé s’élève à 180 000 euros.

Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, leur activité ou leur forme juridique peuvent en bénéficier à l’exception des SCI et des établissements de crédit. Le montant du prêt ne peut pas excéder 3 mois de CA 2019, ce prêt de trésorerie ne prévoit aucun remboursement la première année. A l’issue de celle-ci, les entreprises pourront choisir de rembourser le prêt ou de l’amortir sur une durée maximale de 5 ans. Ce prêt est garanti par l’Etat entre 70% et 90% en fonction de la taille de l’entreprise (90% jusqu’à 1,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, à 80% jusqu’à 5 milliards d’euros et à 70% au-delà), il est accessible à un taux d’intérêt de 0,25% pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires jusqu’à 50 millions d’euros, et de 0,50% pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur. Les banques conservent donc une part du risque, certes minime.

La mobilisation des banques est sans faille pour soutenir l'économie et venir en aide à leurs entreprises clientes, une réponse en moins d’une semaine est d’ailleurs promise. Frédéric Oudea, président de la FBF, a par ailleurs annoncé que les banques ne feront pas de marge sur ces prêts.

Des craintes commencent cela dit à émerger chez les banquiers, à date tous les comptes d’entreprises 2019 ne sont pas encore certifiés par les CACs et les décisions d’octroi doivent être donc déterminées à partir de comptes provisoires ou de simples déclarations. Certaines banques pourraient être tenues pour responsables en cas de mauvaises ou fausses déclarations. Chez nos voisins, Les Banques allemandes rechignent à porter les risques résiduels sur les crédits garantis et en appellent à l’Etat pour couvrir 100% des risques.

Les PGE risquent de plomber un peu plus la rentabilité des banques françaises déjà faible. Le nombre de défauts sur ces prêts pourrait être de plus particulièrement important ce qui augmentera mécaniquement le coût du risque pour les banques. Pour exemple, l’enseigne de chaussures André, plus que centenaire est une des premières victimes de la crise et vient d’être placée en redressement judiciaire. Le groupe a vu ses difficultés empirer avec la crise du Covid-19. Dans son cas, un prêt garanti de 12 millions d’euros lui a été refusé par la BPI.

Sans surprise, les agences de notation ont de leur côté déjà réagi. L’agence Moody’s a changé la perspective de l’ensemble du secteur bancaire français de « stable » à « négative » en raison de l'épidémie mondiale de coronavirus et de ses conséquences très négatives sur l'économie mondiale cette année. L’Italie, l’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique sont aussi concernés. La perspective « négative » des systèmes bancaires allemand et britannique est également maintenue par l’agence. Moody’s s'inquiète tout particulièrement de l'augmentation du risque de crédit. L’éventualité d’une dégradation des notes des banques françaises et européennes dans les prochains mois ne peut pas être exclus ce qui aurait pour conséquence de détériorer un peu plus leur rentabilité. Toutefois, la prudence reste de mise, les conséquences d’une dégradation des notes bancaires étant imprévisible comme nous l’a montré la précédente crise de 2011.

 Le remède des PGE proposé pour soutenir l’économie représente-t-il un danger pour les banques, une bombe à retardement ? Ce dispositif inédit qualifié de « pont aérien de cash » à hauteur de 300 milliards, « massif et nécessaire » selon Bruno Le Maire, doit avant tout venir au secours des trésoreries de toutes les entreprises suite à la crise et permettre de sauver l’économie, telle est la priorité. Ce dispositif présente l’avantage de permettre d’apporter de la liquidité immédiate aux entreprises et d’éviter ainsi à court terme un certain nombre de faillites. Les impacts et les défauts seront lissés dans le temps, limités actuellement à certains refus des banques des secteurs les plus touchés, le choc sera ainsi moins violent. A plus long terme, les PGE affecteront sans nul doute le bilan et la rentabilité des banques mais dans quelle proportion…


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