Les producteurs de fruits et légumes face au défi du zéro plastique

Les producteurs de fruits et légumes face au défi du zéro plastique

Sauf dérogation, fruits et légumes seront privés d'emballages plastiques, à compter du 1er janvier. Les producteurs dénoncent la précipitation du gouvernement.

À Guipavas (29), le long de la RN 12, la plate-forme de conditionnement de Savéol travaille au ralenti en cette fin d'année pour expédier la petite production du moment. En 2021, les 125 maraîchers de la coopérative spécialisée dans la tomate ont doublé leurs investissements: « 2 millions d'euros destinés à adapter nos packagings », explique Pierre-Yves Jestin, son président . Conséquence de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) , les maraîchers n'auront plus le droit, à compter du 1er janvier 2022, de commercialiser les mini-tomates sous film plastique. Sous les serres de la pointe bretonne, les producteurs y travaillent depuis le premier emballage en carton , lancé en 2015 pour valoriser la gamme sans pesticide. Une démarche logique pour le président de Savéol, 40 ans après le lancement de la lutte contre les parasites par une armée d'insectes...

Les maraîchers léonards auraient pourtant aimé pouvoir vendre leurs tomates protégées par un film plastique compostable. Leur interdiction soulève l'incompréhension des producteurs de fruits et légumes depuis la publication du décret, mi-octobre, au Journal officiel. « Les études montrent pourtant que le consommateur a besoin de voir les produits », défend la filière, 75 000 entreprises pour 450 000 emplois en France.

Des dérogations dans l'attente de solutions

Premier secteur de l'alimentaire à devoir se plier à la loi Agec , les fruits et légumes ont un faible recours au plastique. « La filière représente 1,5 % de la consommation de plastique dans l'alimentation », rappelle Olivier de Carné, directeur stratégies filière de l'interprofession. Mais si 65 % des fruits et légumes sont vendus en vrac, l'emploi des emballages plastiques a augmenté ces dernières années.

Certains produits, en l'absence de solutions alternatives, peuvent d'ailleurs difficilement s'en passer. Liés par un élastique, les bouquets de petits artichauts violets vendus par la Sica de Saint-Pol-de-Léon ou les radis devraient ainsi rejoindre la liste des produits bénéficiant d'une dérogation. Interfel en attend la confirmation. Le brocoli léonard ou les fraises de Plougastel pourront également attendre avant d'être commercialisés sans emballages plastiques, au plus tard en 2026.

La menace d'un recours

À moins de deux semaines de l'entrée en application du décret, les maraîchers et arboriculteurs ont, malgré tout, encore des sujets d'inquiétude. Notamment parce que le décret s'accompagne d'une interdiction de stickers sur les fruits et légumes. Un paradoxe pour la profession, qui répond à une demande de valorisation de la production par des labélisations identifiables par un logo. « Les magasins vont-ils pouvoir multiplier les îlots pour ne pas mélanger Label rouge, bio et HVE ? », s'interroge le directeur d'Interfel.

Face à la situation doublée d'une pénurie sur les emballages cartons, la filière, qui dénonce la précipitation des pouvoirs publics, au regard de la réglementation européenne, n'exclut pas un recours...



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