Les registres d’entreprises
Pour faciliter la publicité des entreprises, instaurant la confiance entre partenaires économiques, l’Etat français a mis en œuvre un certain nombre de registres qui rendent publiques les données fournies par le déclarant lors de ses formalités entreprises.
Ces registres ne forment pas une partition complémentaire des entreprises et ils relèvent de missions distinctes :
Tous ces registres ont un point commun : ils partagent le même N° d’identification de l’entité légale (le numéro SIREN). En revanche, au cours du temps, les écarts entre les données des registres se sont multipliés et rendent confuse la connaissance de l’Etat de l’entreprise.
Une même entreprise selon sa forme juridique peut donc être présente dans différents registres et parfois avec des données divergentes.
Par exemple : La présence au RCS n’exonère jamais de l’obligation d’être immatriculé au SIREN et au RNE.
Cela a rendu complexe la constitution initiale du RNE car la qualité, l’exploitabilité et la cohérence des données ont montré la difficulté pour l’Etat de disposer d'une vue uniforme des données de l’entreprise.
Il n’existe que deux voies pour modifier les données inscrites dans un registre :
Conséquences pour les formalités
Les formalités des entreprises (au sens des entités économiques visées par la loi PACTE) visent à fournir les données qui seront inscrites aux différents registres. L’article L123-33 du code du commerce précise que ces inscriptions sont réalisées par l’intermédiaire d’un dossier unique permettant à un déclarant de fournir à l’ensemble des administrations (et donc des teneurs de registres) les informations relatives à leur création, la modification de leur situation ou la cessation de leurs activités.
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Ce dossier unique constituant la formalité à réaliser sur le guichet des formalités des entreprises est mis à disposition de l’ensemble des partenaires pour qu’ils en tirent les conséquences pour leur propre gestion. (Article R123-1 du CDC)
Pour les teneurs de registre, selon la nature des informations portées par le dossier unique, cela peut impliquer notamment :
Cela a pour conséquence de bien dissocier la notion de formalité de la conséquence que celle-ci peut avoir pour un partenaire précis :
Une formalité (dossier unique) peut concourir à une immatriculation ou une radiation pour un registre donné sans nécessairement avoir la même incidence pour les autres.
Exemple : l’ajout d’une activité d’agent commercial d’une société commerciale déjà existante a pour conséquence l’immatriculation au RSAC mais ne constitue pas une immatriculation au sens des autres registres (SIRENE,RNE ou RCS). Elle se fait à travers une formalité (dossier unique) de modification et non de création puisque la société est déjà connue a minima du RNE (on ne la créée donc pas à chaque fois qu'elle entre dans le champs d'application d'un registre).
Pour ce qui concerne les inscriptions d’office, il est prévu qu’elles s’effectuent également par l’intermédiaire de l’organisme unique mentionné à l'article R. 123-1 du code de commerce, de manière à ce que l’inscription sur un registre puisse se répercuter sur tous les autres concernés.
La réforme de la Loi PACTE vise donc à changer l’angle de vue des administrations vis-à-vis des entreprises, donnant à ces dernières une définition globale et des procédures administratives mutualisées pour toutes les administrations. Cela rompt ainsi avec la logique en SILO que pouvaient constituer les centres de formalités des entreprises (CFE) compétents fonctionnellement selon l’activité exercée (CCI, CMA, CA, Greffe, URSSAF ou DGFIP) et qui contribuaient à des écarts entre les différents registres d’entreprises de l’Etat.
C’est une première étape indispensable pour envisager des simplifications pour les démarches administratives des entreprises, mais c’est sans doute l’étape la plus complexe car elle génère une vraie révolution pour tout l’écosystème et oblige à trouver des compromis sur les usages et les façons de procéder.
Juriste
11 mois"les centres de formalités des entreprises (CFE) compétents fonctionnellement selon l’activité exercée (CCI, CMA, CA, Greffe, URSSAF ou DGFIP) et qui contribuaient à des écarts entre les différents registres d’entreprises de l’Etat." N'importe quoi. C'est vraiment mal connaître le système qui était en place. Et pas une seule critique sur le RNE qui ne reprend pas à minima les informations du greffe qui étaient totalement à jour ? Et pas une seule critique sur l'impossibilité de rectifier les informations fantaisistes du RNE ? Société de conseil mentionnée comme agricole sur le RNE... Des infos sortant de nulle part à part de bugs informatiques lors de la reprise des infos ! Et pas une seule critique sur le guichet unique qui est totalement non opérationnel depuis un an et demi ? Et pour votre information pour mettre à jour le RNE défaillant, il faut fournir les justificatifs de tous les anciens CFE cités pour justifier des formalités faites il y a 20-50 voir 100 ans en arrière ! Du coup, les données de ces CFE, elles étaient à jour ou non à jour ?
Directeur juridique corporate chez A.A.F.L.E.
11 moisBravo Louis HUMEAU pour cet exposé concis. Il est malheureusement regrettable que ces difficultés à catalyser les données dans un seul registre n'aient pas été anticipées par le teneur du Registre National des Entreprises. L'Association A2GU avait porté la volonté de voir inscrit dans le décret publié une date d'obligation de mise à jour des données de toutes les entreprises au RNE. Cette proposition n'a pas été retenue, c'est regrettable et aussi compréhensif au vue des difficultés de complétion et/ou correction nécessaires pour un grand nombre d'entreprises. Nous espérons vivement plus de fluidité entre le Guichet Unique et le RNE pour permettre aux déclarants de retrouver une sérénité efficiente à leurs entreprises.
Responsable juridique chez Exco
11 moisLouis HUMEAU : Toujours très clair 😉 Il y a un intérêt à la Loi PACTE mais surtout beaucoup de travail pour que les contribuables et les organismes puissent profiter du résultat. Espérons que les différents intervenants sauront être à l'écoute des praticiens / usagers pour poursuivre les améliorations de l'outil GU 🤞🤞 Association A2GU Lionel BENGHOUSI Geoffroy Courme Benjamin Brami Rosine CHELLY EXCO Côte d'Azur, Expertise, Audit, Conseil, Fiscalité, Droit des sociétés et Droit social 💯
Experte formalités administratives, juridiques, comptables et digitales des entreprises - France + International
11 moisTrès clair et très utile ! merci Louis pour ce partage d informations à relayer et diffuser très largement auprès des professionnels et Usagers Avançons et construisons ensemble un schéma des flux regroupant tous les registres Et un guide pratique des formalités ePacte Léonidas Kalogeropoulos Pauline LEVASSEUR
Secrétaire de la section syndicale CFDT made inPi
11 moisBonjour M Humeau, Merci pour cette analyse très pertinente du RNE. Cependant dans le cadre de la mise en œuvre de la loi PACTE, il aurait fallu d'abord prévoir une cible pour ces dispositifs, associée à un plan de transformation global pluriannuel. Or ce projet s'est lancé bille en tête sur les outils informatiques à mettre en place, sous-estimant le périmètre des transformations à mener, comme l'indique le dernier rapport de la Cour des Comptes. La situation actuelle, où beaucoup de correctifs sont à apporter sur les systèmes déjà en place, risque de ne pas permettre de travailler sur le pilotage opérationnel des organismes concernés à mettre en place, faute de temps et de moyen. La CFDT espère que toutes les dimensions de ce projet seront prises en compte dans la feuille de route qui lui sera présentée en mars par le nouveau chef de la mission interministérielle. Bon courage à vous et merci pour votre engagement.