Les Rendez-vous de Bercy 2019

Les Rendez-vous de Bercy 2019

Le 22 janvier, première édition 2019 des Rendez-Vous de Bercy sur le thème « Redéfinir le capitalisme au XXIème siècle Plus de richesse, moins d’inégalités ». Cette matinée de débats met en perspective la priorité que s’est donnée la France de mettre la lutte contre les inégalités au cœur de sa présidence du G7.

Ces débats entrent en résonnance forte avec le moment de mouvement social que notre pays traverse, au cours duquel les revendications des citoyens français sont finalement les mêmes que celles des citoyens de nombre de pays de par le monde.

 Bruno Le maire l’a rappelé dans son introduction, nous sommes à un moment de l’histoire où collectivement nous devons repenser et réinventer le capitalisme. Le capitalisme repose sur l’hypothèse que chaque être humain est guidé par des intérêts individuels. Légitimement, nous devons nous poser la question de savoir si cela est toujours le cas ? S’il n’est pas temps de réfléchir à plus de solidarité mondiale, s’il n’est pas temps d’inventer de nouvelles formes de coopérations ? De fait ce qui est en question aujourd’hui est bien le changement profond de nos façons de consommer, d’échanger, de vivre tout simplement.

Nous devons aussi penser à refonder l’Europe qui doit être un acteur majeur de cette transformation nécessaire du modèle capitaliste qui nous gouverne depuis des décennies. Sans cela, nous, européens, prenons le risque d’être disqualifiés et de n’avoir d’autre choix que des modèles proposés soit par la Chine soit par les Etats-Unis. Voulons-nous vraiment cela ?

 Cette matinée était l’occasion d’entendre Melinda Gates co-présidente de la Fondation Bill & Melinda Gates, dont le propos premier a été d’affirmer que chaque vie a la même valeur, où que nous vivions. Qu’il est de notre responsabilité collective d’aider chacun à prendre soin de lui-même, d’aider chacun à prendre sa vie en main, pas par de l’assistanat mais bien en permettant à toutes et tous d’avoir les clés de son émancipation. Cela passe par un meilleur accès à la santé, à l’éducation, par l’inclusion financière de chacun. Melinda Gates a aussi rappelé, parce que c’est un de ses combats majeurs, combien il est important de s’intéresser de près à l’inclusion sociale, financière et numérique des femmes partout dans le monde. Cette autonomie, cette émancipation des individus, cette inclusion dans l’économie formelle, des femmes notamment, est aussi une des clés de la sécurité mondiale.

Ne nous y trompons pas les centres de pouvoirs ne sont plus les mêmes qu’il y a 30 ans. Le pouvoir n’est plus dans les seules mains de gouvernants, des politiques. Les gouvernements doivent travailler, devrons travailler, dans une plus grande proximité avec les ONG, les fondations, les entreprises et ce pour une meilleure efficacité de l’action publique que nos populations revendiquent aujourd’hui. Revendication qui a pris une couleur toute particulière sur notre territoire national. Les Entreprises doivent donc, elles aussi, réfléchir à leur responsabilité sociale et sociétale, prendre toute leur part dans l’accompagnement des changements en cours. Et là je ne peux que saluer des points mis en avant dans la loi PACTE et notamment ceux relatifs à l’objet social de l’Entreprise.

Dans tous ces changements qui agitent notre monde, il nous faut aussi prendre en compte la question centrale de la data, qui bouleverse nos vies et les modes de gouvernance. Les changements que nous vivons sont anxiogènes pour beaucoup de nos concitoyens en ce qu’ils sont intangibles, fortement immatériels et en cela particulièrement compliqués à appréhender, à comprendre. Ils ouvrent, cela dit, la voie à des réflexions riches autour de l’économie bienveillante, à des questions majeures sur le comment partager la réussite, sur l’engagement, la générosité comme moteur de la performance. Comment faire en sorte que les nouvelles technologies, qui sur certains aspects accroissent de fait les inégalités, soient avant tout un moteur de réduction de ces dernières. C’est ainsi que le gouvernement français, et ce malgré la complexité du sujet, s’est résolument engagé pour la taxation des GAFAM. Et ce pour plus de justice, car la valeur est dans la data, et que dans notre économie mondialisée, interconnectée, il nous faut nous adapter aux réalités et créer un modèle fiscal mondial plus juste et plus équitable. La France est ainsi en première ligne sur le sujet.

Les sujets sont sur la table, les réflexions entamées, complexes, riches, foisonnantes : comment créer ensemble des richesses et les répartir de manière plus équitable.

Chacune et chacun de nous doit se saisir de ces sujets, réfléchir au monde de demain, proposer. Ainsi pour conclure, je me permets de faire le lien avec notre actualité, celle du Grand Débat National. Participez, échangez, proposez. Collectivement nous trouverons les réponses pour un modèle plus juste, plus inclusif et plus durable.


Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Sophie BEAUDOUIN-HUBIERE

Autres pages consultées

Explorer les sujets