Les théories de l'apprentissage
C’est promis, le prochain post sera davantage orienté sur des exemples concrets mais il me semblait essentiel de poser un certain nombre de notions qui font parties intégrantes de ma philosophie et de ma façon d’entrainer.
Dans les deux précédentes publications, j’ai évoqué les notions de principes et de lois, transférables à l’ensemble des athlètes. Aujourd’hui, nous allons évoquer certaines « théories de l’apprentissage » et donc la façon dont certaines lois ou principes sont mobilisés pour favoriser l’apprentissage de l’athlète.
Ces théories, je les ai étudiées lors de mes études et seront familières à mes collègues enseignants d’EPS. Cela ne fait pas de moi un expert en la matière mais je garde, toutefois, un certain nombre de notions pragmatiques, de méthodes et de techniques pédagogiques qui ont façonné ma vision de l’enseignement et de l’entrainement.
Avant toute chose, rappelons-nous que la mission de l’entraineur est de préparer un athlète pour un objectif ciblé. L’entraineur doit donc transformer le sportif d’un état A vers un état B qu’il juge en adéquation avec l’objectif.
Lorsque l’entraineur place son athlète dans une situation d’apprentissage, il fait appel à des processus internes au sujet, à des mécanismes observables et inobservables que celui-ci met en œuvre pour répondre aux exigences d’une situation.
Ce riche éventail d’approche contribue à tisser une toile d’apprentissage où chaque fil, unique, trouve sa place Source
Tout d’abord, les théories que je vais présenter n’ont pas vocation à être opposées, elles sont complémentaires et doivent plutôt être recontextualisées pour bien les appréhender.
Par ailleurs, il convient de considérer l’athlète comme un apprenant aux besoins spécifiques et singuliers. Ainsi, en mobilisant des techniques diversifiées, l’entraîneur construit un environnement propice à un apprentissage efficace et individualisé.
La théorie écologique. Dans cette théorie, il va être question d’éducation de l’attention. Dans cette Il s’agit d’optimiser les processus perceptifs, de développer la capacité à détecter l’affordance (capacité d’un objet ou d’un système à évoquer son utilisation, sa fonction). On invite l’athlète à percevoir son environnement en termes de possibilité d’actions. Autrement dit, il ne perçoit pas la taille de l’obstacle en centimètres, il perçoit le caractère franchissable de l’obstacle en fonction de ses propres capacités. Le comportement émerge alors d’un adaptation à l’environnement.
Sur le terrain ca donne quoi ? De ce point de vue, l’entraineur peut diminuer les degrés de liberté de l’athlète afin de générer des comportements spontanés en jouant sur les informations disponibles dans la situation proposée.
La théorie cognitiviste : La théorie cognitiviste définit l’apprentissage moteur comme un changement dans les structures cognitives internes. C’est-à-dire que l’on va se focaliser sur les opérations qui sous-tendent la manifestation observable d’un mouvement.
Sur le terrain ça donne quoi ? Face à l’athlète, l’entraîneur va recourir massivement à la verbalisation, à l’explicitation qui deviennent un passage obligé du processus d’apprentissage. L’entraineur doit s’assurer de la compréhension, par l’athlète, des objectifs, des consignes de la tache rencontrée. Ici les notions de répétitions, de feedbacks, de clarification du but sont autant de leviers que l’entraineur peut mobiliser pour faciliter l’apprentissage de son athlète.
Par son approche, elle diffère de la théorie béhavioriste (ou comportementaliste) qui, au contraire, suppose que ce sont les mouvements en tant que tels qui s’apprennent. Selon les béhavioristes, les processus cognitifs de l’individu constituent une « boite noire » à laquelle l’enseignant n’a pas accès. Par conséquent, pour évaluer l’apprentissage, l’entraineur doit se centrer principalement sur ce qui est observable, comme par exemple, les comportements de l’apprenant.
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Sur le terrain ça donne quoi ? Lorsque l’on mobilise cette théorie, le renforcement positif occupe une place cruciale dans le but d’ancrer de manière efficace, le comportement recherché. Pour cela, l’entraineur doit formuler un objectif pédagogique observable, mesurable et quantifiable. Il peut par exemple utiliser la pédagogie par objectifs (PPO), qui consiste à découper une activité en une succession d’exercices simples à résoudre, selon une progression bien définie ainsi qu’une méthodologie précise. Autrement dit, afin de réaliser une tâche complexe associée à un objectif d’apprentissage (geste), l’apprenant va procéder par découpage en petites tâches. La somme de celles-ci permettra d’accomplir des objectifs plus complexes par la suite. Il y a donc une influence très importante de la répétition, de la sanction et du refus de l’erreur.
Enfin, le constructivisme se base sur l’idée que les gens construisent activement leurs propres connaissances. Ce modèle est dont très différent du béhaviorisme, puisqu’il développe l’idée que les connaissances sont réappropriées par l’apprenant.
L’athlète va alors assimiler une nouvelle connaissance, qui vient s’ajouter aux structures initiales puis s’accommoder en changeant sa structure cognitive pour intégrer la nouveauté et créer un nouvel état d’équilibre.
Sur le terrain ça donne quoi ? Il est question, pour l’athlète, de lui proposer là des actions qui ont du sens. L’erreur fait alors partie intégrante de l’évolution. Cet état de déséquilibre transitoire est indispensable pour le mener vers un état stable. Lorsque l’on applique ce modèle l’entraineur doit privilégier les interactions sociales, générer de la recherche, de la confrontation et de la résolution de problème chez l’athlète. Par extension, il semble essentiel de citer L.Vygtoski qui évoque la notion de Socio-constructivisme
Si la construction d’un savoir est personnelle, celle-ci s’effectue toujours dans un cadre social.
Il parle alors de Zone Proximale de Développement qui est l’écart entre, capacité à résoudre un problème seul et, la possibilité d’y parvenir avec de l’aide.
Pour résumer, le constructivisme met l’accent sur les expériences individuelles alors que le socioconstructivisme met l’accent sur les interactions sociales et la culture.
Sur le terrain ça donne quoi ? L’entraineur guide et facilite l’apprentissage de son athlète en étant attentif au niveau de difficulté de la situation : du simple au complexe. Il est vigilant aux interactions entre les athlètes mais également avec l’environnement. L’entraineur propose des stratégies qui permettent à l’apprenant de parvenir à ses propres conclusions. Pour cela l’environnement doit également être conçu pour soutenir et stimuler la réflexion de l’apprenant.
Au travers de cet article je souhaite susciter la curiosité, des entraineurs notamment, qui ne seraient pas familiers avec ces quelques notions. Encore une fois je ne me place pas ici comme un expert en psychologie mais comme un entraineur qui chaque jour doit faire face aux contraintes que pose le contexte entraineur(s)-entrainé(s). Selon moi ces théories offrent des outils et des techniques pour varier nos interventions et nous permettre de nous adapter aux individualités. C'est également un moyen de lutter contre une forme de monotonie et de contourner certains obstacles rencontrés par l'athlète. Bien évidemment les avantages d'être éclairé sur ces approches sont bien nombreux. Si tu souhaites partager ton expérience n'hésite pas à le faire en commentaire.
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1 ansÀ la théorie socio-constructivisme de L.Vygtoski, Wallon évoque l'auto socio-construction. La création d'une nouvelle connaissance et compétence naissent des interactions sociales du fait de l'individu face à une contrainte de l'environnement. L'individu apprend grâce à la relation aux autres. Ce qui rejoint les travaux sur la pédagogie de l'action centré autour de la tâche et de la ZPD. L'entraîneur pourra s'appuyer de sa connaissance de l'activité et du niveau des athlètes pour proposer une tâche auquel le groupe pourra répondre et se trouver en réussite. Ainsi, il facilitera le développement de l'autonomie et la prise d"initiative par la construction collective.