Les travailleurs sociaux et les dispositifs numériques
Proposition d'un code de déontologie adapté au numérique
Le développement de l’Internet affecte les pratiques professionnelles des travailleurs sociaux en leur apportant de nouvelles sources d’informations et de nouvelles manières de communiquer avec les clients.
Le développement de l’Internet affecte les pratiques professionnelles des travailleurs sociaux en leur apportant de nouvelles sources d’informations et de nouvelles manières de communiquer avec les clients. Les professionnels peuvent accéder avec une grande facilité à des milliers d’articles sur des sites comme cairn.infos. Ils peuvent communiquer avec des experts ou constituer des groupes de travail et de réflexion sur différents réseaux sociaux. Le numérique peut être associé aux pratiques professionnelles anciennes, comme lorsqu’un e-mail confirme un rendez-vous. Mais elle peut aussi donner lieu a des pratiques nouvelles comme lorsqu’un travailleur social conduit un entretien avec Skype. Dans les deux cas, les pratiques doivent rester dans le cadre des codes d’éthique et de déontologie des différentes professions. Sur le plan institutionnel, leur travail est également affecté par le numérique avec la tenue et la mise à jour et le partage d’informations sur des dossiers informatiques. Les plateformes numériques peuvent aussi être utilisées pour rédiger des bilans ou des rapports. Le réseau apporte également de nouveaux problèmes. Les personnes vulnérables peuvent être au contact de médias non appropriés. L’utilisation des dispositifs numériques peut être un risque au regard de la confidentialité. Parfois, ce sont les autres qui posent problème. Le réseau donne de nouvelles manières d'escroquerie ou d'agresser qui doivent être connues des travailleurs sociaux Cette donne numérique nécessite de la part des travailleurs sociaux des adaptations afin que la qualité de leur travail ne soit pas dégradée par les dispositifs numériques et que les règles éthiques qui régissent leur travail en protégeant leurs clients restent respectés.
Ce texte a pour but :
Les travailleurs sociaux utilisent les dispositifs numériques d’une manière éthique. Ils s’assurent que leurs compétences professionnelles ne sont pas affectées négativement par l’utilisation des dispositifs numériques.
Les travailleurs sociaux s’assurent que les dispositifs numériques sont conformes aux règles éthiques et déontologiques qui régissent leur métier. La communication à distance et l’anonymat peuvent accroître les risques ou gêner les interventions. Les risques vis-à-vis du client doivent être évalués. Le travailleur social doit veiller à ce que l’utilisation des dispositifs numériques n’ait pas d’impact négatif sur son travail.
Les travailleurs sociaux doivent avoir un accès suffisant aux dispositifs numériques et s’assurer que leurs clients disposent également d’un tel accès.
L’accès aux dispositifs numériques peuvent être compliqués par plusieurs facteurs. L’équipement dont dispose le travailleur social peut être obsolète ou indisponible. Les règles d’utilisations peuvent rendre impossible ou inutile l’utilisation des dispositifs numériques. Les connaissances du travailleur social peuvent être insuffisantes. Ces barrières invisibles existent aussi du côté des clients. Une bonne évaluation des risques liés à l'utilisation des dispositifs numériques doit être faite de manière à protéger les clients. Les chartes et les guides d’utilisation doivent être écrits d’une manière qui est immédiatement compréhensible. Les travailleurs sociaux doivent veiller à ce que ces barrières soient levées pour eux-mêmes comme pour leurs clients.
Les travailleurs sociaux doivent choisir et développer des méthodes, compétences et techniques adaptées a la situation culturelle de leurs clients.
Les dispositifs numériques favorisent le contact entre les travailleurs sociaux et des personnes qui sont isolées du fait de leur situation sociale, culturelle, de leur âge, de leur genre, ou de leur orientation sexuelle. Cela nécessite de la part des travailleurs sociaux une plus grande attention aux questions culturelles lorsqu’ils travaillent en ligne. Les représentations de la personne sur le travail social, éducatif ou thérapeutique peut varier d’une zone géographique à une autre. De la même façon, les représentations de la souffrance psychique que le travailleur social considère comme banales peuvent être totalement étrangères à un client dont les référents appartiennent à une autre culture.
Les travailleurs sociaux doivent être conscients des forces des limitations offertes par les dispositifs numériques, ainsi que les processus et les modèles, afin de répondre à la fois aux besoins du client et au code éthique et déontologique auquel ils sont liés.
Les travailleurs sociaux doivent avoir les compétences techniques nécessaires pour travailler avec les dispositifs numériques et se tenir informé de leur évolution.
Le numérique intervient dans différents domaines du travail social : la recherche, la rédaction d’article ou de rapports, le partage d’informations, le contact avec les clients. Dans tous ces domaines, l’écriture électronique apporte de nouvelles manières de conserver et de distribuer l’information. Les dispositifs numériques peuvent être utilisés au niveau individuel et institutionnel pour organiser le travail ou le documenter.
Les travailleurs sociaux doivent être informés de la législation qui régule l’usage des média numériques.
L’Internet rend les distances non pertinentes. Le client et le travailleur social peuvent être dans deux pays différents et donc soumis à deux législations différentes. Les travailleurs sociaux doivent être informés des lois et des règles qui affectent leur travail dans les deux pays. La différence de pays peut également recouvrir une différence culture qui doit être prise en compte dans le cadre du travail. La situation est plus simple lorsque le travailleur social et le client sont dans le même pays. Mais même dans ce cas, le travailleur social doit être informé de la législation. Un attention particulière doit être apportée aux clients mineurs.
Le travailleur social doit être clairement identifié et identifiable.
Le travailleur social doit effectuer le travail pour lequel il a reçu la formation adéquate. Le relatif anonymat de l’Internet permet à n’importe qui de se présenter comme un travailleur social. Aussi, il est important que le travailleur social donne les moyens de vérifier son identité professionnelle. Les professionnels de la santé disposent en France d’un numéro ADELI leur sert de numéro de référence. Les institutions doivent donner une information complète sur la formation et les affiliations professionnelles de leurs salariés ainsi que les numéro de téléphone et les adresses email pour les joindre. L'accès à ces informations est nécessaire pour permettre aux clients d’être en contact avec des personnes convenables formées
Les travailleurs sociaux doivent protéger la confidentialité des échanges en prenant les mesures appropriées
Le client doit être informé des modalités d’utilisation des médias numériques et de la manière dont les enregistrements sont gérés. Le consentement éclairé du client doit donc être élargit aux échanges sur Internet et aux documents numériques produits au cours du travail. Les fichiers doivent être maintenus conformément aux recommandations de la CNIL et des différentes organisations professionnelles du travailleur social. Le client doit être informé des risques impliqués dans l’utilisation des médias numériques. L’utilisation de l’Internet doit être soumise à des règles qui sont clairement exposées au client. Les documents qui concernent le client doivent être maintenus dans un dossier placé dans un espace suffisamment protégé.
Les travailleurs sociaux doivent s’assurer que l’utilisation des médias électroniques reste dans le cadre de la législation et de la déontologie qui régissent leurs métiers.
Lorsqu’ils travaillent avec leurs clients, les travailleurs sociaux doivent s’assurer de rester dans le strict cadre de la loi. Le consentement éclairé pour l'utilisation des dispositifs numérique du client doit être obtenu. Les documents concernant le client doivent être conservés dans des conditions qui protègent la confidentialité. Le travail effectué doit être correctement documenté. Des règles claires d’utilisation doivent être données au client, comme le temps de réponse ou la longueur des mails, les dispositifs de sécurité utilisés (cryptage, mots de passe) ou encore les modalités de paiement.
Les travailleurs sociaux utilisent les médias numériques pour diffuser des informations aux personnes et aux communautés avec lesquelles ils travaillent.
Les travailleurs sociaux utilisent les technologies pour s’adresser a leurs publics de manière à leur donner où à faciliter l’accès à l’information dont ils ont besoin. Ces informations peuvent concerner les changements législatifs qui modifient les droits des clients. La distribution de l’information permet également de mettre en contact des personnes ou des groupes qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Enfin, les dispositifs numériques permettent aux clients de mieux faire connaître leurs besoins et leurs (in)satisfactions aux travailleurs sociaux.
Les travailleurs sociaux s’assurent d’avoir les compétences suffisantes à propos des dynamiques des communications et des relations en ligne, les avantages et les limitations des dispositifs numériques par rapport à la communication en présence, ainsi que les manières dont le travail peut être effectué en toute sécurité en ligne.
Différentes psychothérapies individuelles, de groupe et familiales sont pratiquées sur le réseau Internet. Les psychothérapeutes doivent soigneusement évaluer les indications avant de s’engager dans une psychothérapie en ligne. Il est important de recueillir suffisamment d’informations sur le contexte du client, son histoire, l’histoire de ses difficultés afin d’établir une formulation clinique et un diagnostic. Le consentement éclairé du client doit être obtenu. Les psychothérapeutes doivent également prévoir des solutions en cas d’urgence ou de défaillance du dispositif numérique.
Les travailleurs sociaux qui utilisent les dispositifs numériques pour conduire des recherches doivent le faire d’une manière qui respecte l’éthique de la recherche et du travail social.
Dans le cadre du travail social, une recherche qualitative ou quantitative est extrêmement utile pour évaluer les actions effectuées. Les dispositifs numériques permettent de recueillir et de traiter facilement de grandes quantités d’information. La méthode des questionnaires peut être mise en œuvre à l’aide de différents dispositifs numériques. Les entretiens de recherche peuvent également être filmés ou enregistrés. Les procédures de recueil et de traitement de l’information doivent assurer la validité et la fiabilité des résultats tout en protégeant suffisamment les clients.
Lorsque la supervision est effectuée via des dispositifs numériques, le travailleur social doit respecter les standards de la relation en face-à-face c’est-à-dire être respecter les règles qui régissent les relations entre superviseur et supervisé et être compétent dans l’utilisation des dispositifs utilisés.
La supervision est à la fois un pré-requis à la pratique de la psychothérapie et un travail effectué par un psychothérapeute avec un collègue plus expérimenté lorsqu’il rencontre une situation clinique compliquée. Le travail mené en supervision permet au psychothérapeute de faire progresser la psychothérapie qu’il mène avec son client. Le superviseur a la responsabilité d’être compétent dans la technique qu’il supervise. Lorsque la supervision implique des dispositifs numériques, le superviseur et le supervisé doivent être compétents dans leur utilisation
GLOSSAIRE
CODES DE DÉONTOLOGIE
chargé de projet inclusion numérique chez Département de la Haute-Savoie
1 moisTrès intéressant Yann Leroux. J'apporterai une précision complémentaire sur le choix des outils et plateformes utilisées pour la rendre plus explicite dans le premier paragraphe. Les TS doivent utiliser des dispositifs numériques éthiques, transparent et neutres contribuant à l'autonomisation des publics accompagnés. cc Morgane Quilliou-Rioual