Les vieux ne pleurent plus...

Les vieux ne pleurent plus...

Au lendemain de la guerre, loin des côtes, la route longeait un village abandonné. Quelques maisons grises criblées d’impacts de gros calibres, restaient debout à attendre le retour de leurs hôtes. Une fenêtre ouverte sur un balcon à l'étage saisit mon regard inquiet sidéré… une femme en noir y était recroquevillée, immobile et sourde. Le bruit de ma moto, seul moteur qui chahuta depuis des jours dans ce village reculé, ne la distrait pas de son attente silencieuse. 

Je pensais alors à Rosa, 98 ans, assise immobile sur le tabouret de sa cuisine, il était 10:00, toutes ses tâches, celles du potager comprises étaient finies. Elle nous dit qu’elle attendait… nous ne pouvions que comprendre que son attente était celle du silence terminal.

Pâques, c’est presque en cortège que l'on conduit nos vieux en ambulance accompagnés de personnes méconnaissables dans leurs combinaisons …à la morgue, après un bref passage par les chambres de la mort… 

Les vieux ne parlent plus… disait le grand Jacques. Je crois qu’il souhaiterait réveiller cette angoisse qui semble avoir paralysé l’organisation de notre société trop occupée à consommer. L.F.

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