Les voies à faible trafic : requalifier la voirie pour favoriser les modes actifs
La pratique de la marche ou vélo et de ses dérivés présentent de nombreux bénéfices, aussi bien pour les usagers eux-mêmes que pour les collectivités qui la promeuvent son développement (santé publique, bruit, qualité de l’air, climat, autonomie, budget…).
Loin d’être uniquement réservé aux zones denses urbaines ou péri-urbaines, l’usage du vélo au quotidien est aussi très pertinent en zone rurale ou péri-urbaine. Dans les diverses enquêtes d’opinion menées à ce sujet, lorsqu’on sonde les citoyens sur les raisons qui les empêchent de faire du vélo ou davantage de vélo, le principal frein qui remonte est le manque d’infrastructures sécurisées. Ainsi il y a réel besoin d’aménagements cyclables qualitatifs, confortables et sûrs afin d’amplifier la pratique. La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) estime même qu’il faudrait 100 000 km d’aménagements pour rendre la France cyclable. En comparaison, le réseau routier existant compte plus de 1 million de kilomètre de voies.
Dans un contexte de lutte contre l’artificialisation des sols et de restriction budgétaire, la requalification d’une partie du réseau routier existant apparait plus que jamais comme une solution essentielle pour développer l’usage du vélo.
Les voies à faible trafic : tentative de définition
Les voies à faible trafic sont définies comme des routes accueillant un volume de trafic motorisé relativement bas, c’est-à-dire des routes alternatives à des voies plus fréquentées par les véhicules motorisés. Certains itinéraires cyclables en France utilisent déjà ce type de routes peu fréquentées par les véhicules motorisés pour relier des voies vertes ou des pistes cyclables entre elles.
Ces routes peuvent, par la suite, faire l’objet d’une restriction de trafic de transit ou d’une requalification en voie verte. Cette déclassification ou requalification permet d’assurer la sécurité des cyclistes, notamment en abaissant la vitesse effective à 50 ou 30 km/h et en limitant l’accès aux poids lourds, aux non-riverains et/ou aux non « ayants droit ».
Parmi ces routes potentiellement requalifiables, on peut penser :
Plusieurs études sont en cours pour aider à définir les critères nécessaires à l’identification des voies qui pourraient être réaffectées. De nombreuses collectivités, accompagnées par BL évolution expérimentent déjà ce type d’aménagements. A terme, des modifications des règlements de voirie et du code de la route national sont à prévoir.
L’exemple de la Manche
Nous pouvons par exemple citer le réseau cyclable de la Communauté d’agglomération Mont Saint Michel Normandie effectué cette année. En s’appuyant sur le travail de classification du Département sur le potentiel de reclassement des routes départementales en voies vertes et en ajoutant quelques voies communales pour mieux mailler et relier les communes, nous avons proposé à cet EPCI (dont la superficie est très vaste) un réseau total de long terme de 736 km, constitué à 36 % de voies vertes sur route à faible trafic, soit 266 km. Cet exemple montre que plus le réseau routier est dense et maillé, comme c’est le cas dans la Manche, plus le potentiel est important.
Ce sont aussi des Départements où les coûts d’entretien du réseau représente 10 millions d’euros de budget annuel, parfois plus (13M€ dans la Manche) : cette solution est très puissante pour parvenir à un effet réseau en limitant les investissements et en économisant les coûts d’entretien de la voirie. Car une fois que le trafic motorisé est réduit sur une voie, l'usure de la route diminue. La requalification des voies permet donc de concentrer les investissements sur les voies plus circulées.
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Le choix d’aménager en voie verte plutôt qu’avec du simple jalonnement est aussi un choix qualitatif puisque plus confortable et sûr, à la fois grâce à la limitation obligatoire à 30 km/h (d’après le décret de 2022) et bien sûr à la restriction éventuelle du trafic de transit préexistant.
La fin des aménagements en site propre ?
Le potentiel de ce type de voie, en cours d’estimation à l’échelle nationale par BL évolution, est très important. Cependant, il ne saurait se suffire à lui-même. Des aménagements cyclables en site propre, c’est-à-dire séparés du flux motorisé par un séparateur physique restent dans de nombreux cas essentiels pour constituer un réseau parfaitement maillé et fonctionnel. Il restera toujours des intersections de voies à haut trafic où des aménagements couteux seront nécessaires. Certains territoires ne sont pas dotés de suffisamment de redondances routières permettant une requalification. Enfin, si la pratique du vélo doit devenir incitative, il faut pour cela que les itinéraire soient le plus direct possible. Ce n'est pas toujours possible avec des voies à faible trafic et il faudra pour cela continuer d'aménager des portions de routes. En ce sens, l’abandon du Plan Vélo du gouvernement, soutien essentiel des collectivités locales est un très mauvais signal.
Comment valoriser les voies à faible trafic de son territoire ?
L’analyse du plan de circulation est un préalable indispensable.
Si les conditions sont réunies, un changement réglementaire peut être envisagé. Selon les cas : requalification en voie verte, changement de la vitesse maximale autorisée, restriction d’accès à certains véhicules… Un jalonnement et de la signalétique claire sur la primauté des modes actifs et leur priorité aux intersections sont aussi nécessaires. L’aménagement des entrées / sorties des voies devra être particulièrement soigné, par exemple via l’utilisation de filtre modaux : des plots, un pot de fleur, des rochers qui peuvent restreindre l’accès aux véhicules motorisés tout en laissant passer librement les autres modes. Certains filtres permettent par exemple de laisser circuler les engins agricoles tout en restreignant la circulation aux autres véhicules.
Enfin, ces aménagements peuvent être réalisés sous forme expérimentale et permettre un suivi / évaluation dans les premiers mois avant d’être pérennisés, en concertation avec la population concernée.
Pour tout cela, les équipes de BL évolution peuvent vous accompagner.
Chef de l’Agence Routière Départementale de Pont-l'Évêque
1 moisMartin LECOINTRE Elie DAGUET Rémi Delabruyère
Chargé de mission mobilités actives quotidiennes
1 moisJe ne peux que partager les bénéfices et la requalification des routes travaillant au Département de la Manche. C'est un levier rapide à mettre en place, avec un coût lié à la signalétique (en cas général) qui est à envisager selon les besoins. Cependant quand vous dites : Ce sont aussi des Départements où les coûts d’entretien du réseau représente 10 millions d’euros de budget annuel, parfois plus (13M€ dans la Manche) : cette solution est très puissante pour parvenir à un effet réseau en limitant les investissements et en économisant les coûts d’entretien de la voirie. Car une fois que le trafic motorisé est réduit sur une voie, l'usure de la route diminue. La requalification des voies permet donc de concentrer les investissements sur les voies plus circulées. " Avez-vous des chiffres montrant cette affirmation ? Nous sommes preneur de retours sur le sujet. Car au sein des services départementaux nous faisons le constat que cela ne va pas réduire significativement les coûts d’entretien. Si on peut peut-être réduire la fréquence, le fauchage/éparage, l’usure de la route est surtout liée au passage d’engin agricole, le trafic de VL étant déjà faible sur ces voies.
Director, Sustainable Development Division - Sustainability & Transport specialist / economist (HEC Paris)
1 moisAnne Pelletier
Adhérent "Les Shifters du Grand Paris", Retraité fonction publique territoriale - précédemment Chargé de mission ville numérique - ingénieur en chef
1 moisErwan Caro, notre discussion de ce jour au Salon des Maires, sur le stand de La Fresque de la Mobilité et des Les Shifters
responsable environnement,espaces verts, Directeur développement durable collectivité de gujan-mestras
1 moisfaut arrêter avec ça !