LETTRE A DES CANDIDATS qui méprisent l’éducation et la culture:
Alors que les chants usés des sirènes politiques tentent encore une fois de charmer nos oreilles lassées (« Je vous protégerai du mal, confiez-moi donc votre avenir et celui de vos enfants… »), il est une question qu’aucun candidat n’ose poser : « Comment peut-on faire avaler à des jeunes gens et à des jeunes filles qui ont passé plus de quinze ans dans l’école de la République, un discours fondé sur l’absurdité et l’incohérence ? Comment peuvent-ils se laisser tromper par des démonstrations marquées au coin du contre sens ? Comment peuvent-ils se laisser convaincre par des arguments ineptes, s’engager dans des conflits qui ne les concernent en rien, et sacrifier la vie de femmes et d’enfants innocents? ». Sachez que je ne parle pas seulement des jeunes des quartiers, issus de l’immigration, vivant dans l’inculture et la pauvreté. Les jeunes sans repères culturels et sans perspectives sociales, proies faciles des manipulateurs, ce sont les miens, ce sont les vôtres ; ils appartiennent aujourd’hui à des milieux sociaux, culturels et confessionnels de plus en plus diversifiés.
Tous les candidats nous disent, avec raison, qu’il est indispensable de mettre tout en œuvre pour protéger nos enfants et pour nous défendre, nous-mêmes, contre la violence du terrorisme et sa capacité de séduction. Il nous promettent donc, bien sûr, d’augmenter les forces de police et de gendarmerie ; de garantir la sécurité des écoles ; de renforcer les réseaux de renseignements ; de traquer les recruteurs sur Internet ; de soutenir des associations qui tentent-souvent vainement- de déciller les yeux des jeunes prêts à rejoindre le djihad. Tous assurent enfin qu’ils mèneront une bataille féroce sur le terrain même où l’autoproclamé État islamique est installé. Qui pourrait leur donner tort ? Se défendre ici en décrétant l’état d’urgence et attaquer l’ennemi sur son territoire constituent en effet d’absolues nécessités. Mais peut-on raisonnablement penser que tout ceci nous garantira la victoire finale ? Réfléchissons… ! Qu’adviendra-t-il lorsque nous aurons épuisé nos forces et nos moyens contre ces barbares pour lesquels le temps et la vie n’ont pas la même valeur que pour nous ? Qu’adviendra-t-il lorsque notre dernière bombe aura été larguée sur l’avant-dernier djihadiste. À long terme, nous courons le risque que l’effort de guerre s’épuise, que la traque policière se perde dans le dédale des réseaux de soutiens inavoués et enfin que les efforts inégaux de déradicalisation se brisent sur la peur de n’être rien.
Ce que chaque candidat à la présidence de la république devrait comprendre c’est que face à la mystification, à l’imposture, à la folie meurtrière et… à la « mauvaise foi »[1], seule la force de la raison nous offre une chance de salut. Si nos enfants – et je dis bien NOS enfants – tombent si facilement dans les pièges grossiers qui leur sont tendus, c’est parce qu’ils sont vulnérables et crédules. Et s’ils le sont, c’est tout simplement parce que l’école de la République que l’on a tant négligée et les familles que l’on a tant bousculées ont oublié que leurs missions conjointes étaient de faire des enfants de ce pays des résistants intellectuels. Et c’est ainsi qu’ils sont devenus de plus en plus faibles d’esprit , incapables de démonter les mensonges imbéciles et les promesses vénéneuses. Après avoir subi un long cursus scolaire, ces enfants perdus n’ont pas acquis la force intellectuelle, linguistique et spirituelle qui aurait pu leur permettre de franchir les murailles des ghettos, de jeter des ponts au-dessus des fossés religieux, culturels et générationnels qui les ont confinés dans un entre-soi mortifère.
Aucun de nos politiciens égoïstes empêtrés dans des querelles partisanes et des ambitions personnelles ne voit que notre seule chance aujourd’hui, c’est de construire une école qui, en alliance avec les familles, permette à chacun des enfants de ce pays de se défendre intellectuellement contre l’illogisme, le mensonge et l’obscurantisme. Soyez bien surs qu’aucun n’aura le courage de métamorphoser l’école afin de la rendre capable de prendre la tête de la résistance collective aux menaces barbares. Aucun de ces batteurs d’estrade ne saura vous dire ce qu’il compte faire dès l’enfance pour que le développement de vos enfants ne soit pas abîmé ; vous dire le soin qu’il prendra de leur formation intellectuelle et morale ; vous dire enfin le souci qu’il aura de les préparer à une heureuse insertion professionnelle ET culturelle. Alors que cette action de salut public devrait être au centre exact de chacun des programmes des différents candidats, aucun n’a aujourd’hui le courage d’affronter les conservatismes, l’audace de mettre en cause les avantages acquis afin de faire de la raison de nos élèves un rempart contre la barbarie.
Et même si, un jour, sortait des rangs un homme d’État regardant loin et haut, soucieux de culture, d’éducation, de justice et d’humanisme, ce sera cependant à chacun de nous, qu’il appartiendra, au sein de chaque maison, dans chaque salle de classe, au coin de chaque rue, d’offrir notre part singulière d’humanité à la métamorphose nécessaire de l’éducation. Il faudra qu’ensemble, parents et enseignants réunis, nous réconcilions règles et liberté de penser, interprétation singulière et respect de l’autorité, ambition personnelle et coopération, plaisir d’apprendre et goût du labeur, diversité culturelle et amour du patrimoine et surtout laïcité et spiritualité. En bref il faudra mettre fin aux les guérillas idéologiques qui ont perverti la transmission. Si nous renonçons, nous condamnerons bientôt les mémoires vides de nos enfants à errer dans un désert culturel où rodent d’infâmes recruteurs. Et nous aurons perdu, alors, la dernière bataille.
[1] La « mauvaise foi » n’est évidemment pas réservée à l’Islam ; la foi devient mauvaise dès l’instant où elle confond secte et religion.
DUT carrières de l'information chez IUT de Besançon/ CFPJ journalisme
7 ansil y a y un numéro spécial du Journal des Arts sur les programmes culturels des présidentiables, j'ai fait un article que vous pouvez lire sur ma page "Brigitte Camus auteure sur Facebook et qui sera dans mon prochain livre "dictionnaire impertinent de l'art".
Coaching, Accompagnement du Changement, fondatrice "Cohérence"
7 ans"Face à la terreur et à la folie, face à la peur et au repli..... LA CULTURE !" Le seul qui en parle est, me semble-t-il , Emmanuel Macron.