L'histoire incroyable de Joana Gourdin ou l'art de surmonter les refus pour atteindre son rêve.
Avez-vous déjà eu un rêve auquel vous avez finalement renoncé parce que le chemin menant à sa concrétisation était trop long ou que les obstacles se multipliaient sur votre route? C’est malheureusement le cas de la majorité des gens. Nous amorçons d’abord le parcours menant au rêve avec enthousiasme, puis, après deux ou trois embûches, nous détournons le regard de notre objectif. Nous choisissons finalement une destination plus rapide et plus facile à atteindre, même si celle-ci est très loin de nos aspirations de départ. À partir de ce moment, nous mettons plus d’énergie à essayer d’oublier notre rêve qu’à trouver des façons de le concrétiser. Vous vous reconnaissez? Ne vous sentez pas coupable, car je vous le répète, vous faites partie de la majorité. Mais je vous invite à prendre quelques minutes pour lire l’histoire de Joanna Gourdin. Peut-être que ce récit vous convaincra de reprendre la route et que celle-ci vous conduira enfin vers un meilleur travail, une relation de couple plus harmonieuse, un nouveau projet, bref, vers la vie dont vous rêviez il n’y a pas si longtemps.
J’ai fait la connaissance de Joanna en août 2017, et j’ai tout de suite su qu’il s’agissait d’une personne sortant de l’ordinaire. Voici un aperçu de nos premiers échanges par l’entremise des réseaux sociaux. Vous allez comprendre.
Joanna : Bonjour, Monsieur Anctil. J’aimerais suivre votre formation sur « L’art de prendre la parole en public ». Je devrai passer des auditions en mai 2018 pour entrer en scénographie et costumes à l’École nationale de théâtre du Canada, et je crois que ça pourra m’aider parce que j’ai de la difficulté en entrevue.
Moi : Effectivement, cette formation vous permettra de bien structurer vos idées et de bien les communiquer aux membres du jury. Elle (la formation) fera monter votre niveau de confiance, ce qui se sent lorsqu’on doit se vendre en audition. Vous êtes de Montréal?
Joanna : Non. Présentement, j’étudie au cégep de Rivière-du-Loup en arts visuels.
Moi : Oh, mais je n’ai pas prévu de session dans cette région cet automne, ni même à Québec.
Joanna : J’ai regardé les dates sur votre site Internet et votre session week-end à Longueuil, un samedi sur deux, me convient.
Moi : Vous prévoyez déménager prochainement?
Joanna : Non, mais comme c’est les samedis, je peux venir juste pour la session. Il y a un souci?
Moi : Non, non, c’est tout à votre honneur. C’est quand même à plus de 400 km de Rivière-du-Loup.
Finalement, Joanna s’est inscrite à la formation et j’avoue que, même si elle avait versé un dépôt non remboursable de 500 $ plus d’un mois avant le début de la session, je n’arrivais pas à croire qu’elle serait présente. J’étais bien loin de me douter que la route conduisant à son rêve avait déjà été bien longue, parsemée d’obstacles et que quelques centaines de kilomètres de plus représentaient bien peu de chose en regard de tout le chemin qu’elle avait eu à parcourir avant d’aboutir dans ma salle de classe de Longueuil. J’ai commencé à comprendre qui Joanna était vraiment lorsqu’elle s’est présentée au début du premier cours. Dans l’objectif de la caméra, je voyais une jeune femme timide, à la voix effacée, sans sourire ni gestuelle, qui se contentait de résumer son histoire en parlant tout bas, debout devant le reste du groupe, les mains dans le dos du début à la fin.
« Bonjour. Moi, je m’appelle Joanna Gourdin. J’ai vingt-quatre ans, je viens de France, de la région parisienne, et je suis à Rivière-du-Loup depuis un an maintenant. Je suis venue pour étudier en design d’intérieur, et maintenant, je suis en arts visuels. Je viens d’une famille nombreuse, quand même; j’ai cinq frères et une sœur. Ce que j’aimerais faire dans la vie, c’est scénographe, ce qui veut dire dessiner la scène, le décor au théâtre, tout simplement. C’est pour ça que je suis venue au Québec. »
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Cette passion pour la scénographie lui est venue six ans auparavant. Elle est alors en mise à niveau d’arts appliqués à Vitry-sur-Seine, en banlieue parisienne. Deux mois après la rentrée scolaire, son père décède. À l’âge de dix-huit ans, la jeune et timide adulte apprend à vivre seule et dort seulement cinq heures par nuit pour terminer ses devoirs. Puis, lors d’une conférence, elle entend parler de la scénographie : « C’est la seule fois de l’année où je suis sortie de ma timidité pour poser une question à la conférencière ». Elle passe le concours des Arts Décoratifs de Paris. Elle poursuit : « Je suis dans les plus mauvais de ma classe. Je suis retenue pour l’oral, que je ne réussis pas. Je dois trouver un maître de stage pour terminer l’année ». Elle se rend au théâtre, où on la confie à une scénographe, Sigolène de Chassy, avec qui elle passera une semaine.
Pour la jeune femme, les années suivantes représentent un des parcours scolaires les plus sinueux qui soient pour une étudiante désirant finalement être acceptée dans une discipline. Une route où les refus sont suivis de petites lueurs d’espoir telles des signes de la vie qui l’incitent à s’accrocher à son rêve. Voici le détail du parcours en question en mode chronologique. Vous verrez que tous les chemins peuvent conduire à votre destination.
Même sur un autre continent, son objectif n’a pas changé : être acceptée en scénographie dans une grande école. Mais après avoir été refusée à cinq reprises dans de grands établissements d’enseignement en Europe en raison de ses mauvaises performances lors des auditions, Joanna décide d’investir sur elle afin d’améliorer cet aspect de sa personnalité. Les auditions à l’École nationale de théâtre du Canada ont lieu en mai 2018. Elle regarde des vidéos de Franck Nicolas et assiste à sa conférence. Puis, en août 2017, elle s’inscrit à la formation « L’art de prendre la parole en public », de Communication Jean Malo, qui se déroule sur quatre samedis. À quatre reprises, elle fait le trajet Rivière-du-Loup-Longueuil, parfois de nuit en autobus, afin d’être présente à chacune des journées de formation. Il lui est même arrivé de dormir sur un banc, une fois débarquée au terminus, avant de se rendre au cours en début d’avant-midi. Mais le jeu en vaut la chandelle. Elle gagne en confiance, fait ressortir sa personnalité. Entre son premier et son dernier exposé oral, tous deux captés à la caméra, la différence est frappante.
Les mois passent et le jour de l’audition approche. Joanna répète avec ses enseignants de Rivière-du-Loup et ses amis, puis compose des dossiers visuels pour chacun des membres du jury : une grande présentation imprimée, son portfolio ainsi que deux œuvres. Trois jours avant l’entrevue, elle perd son petit frère, alors âgé de vingt ans, qui décède dans un bête accident. Elle prend le premier avion pour la France, mais demande à sa conjointe d’apporter ses documents à l’École nationale de théâtre afin que les membres du jury puissent les voir, les toucher. Ceux-ci acceptent qu’elle passe l’audition à distance, par vidéo conférence.
Le matin de l’entrevue, Joanna aménage l’espace où elle se trouve. Elle positionne un bureau près de la lumière naturelle, ajoute au décor une plante, un verre d’eau, un crayon et une feuille comportant quelques notes. Elle ne parle à personne, préférant se concentrer sur l’entretien à venir. Fébrile, elle mange léger, prend un thé calmant et procède à des exercices de réchauffement, les exercices faciaux, entre autres. Elle ne choisit pas la chaise la plus confortable et s’assoit sur le bout de celle-ci afin d’être bien droite, bien alerte, ne voulant surtout pas adopter une posture nonchalante. Les membres du jury, des professeurs de l’École nationale, font preuve d’une grande humanité face à sa situation. L’entrevue se passe bien.
Quelques semaines plus tard, la réponse arrive enfin : Joanna Gourdin, jeune force tranquille de vingt-quatre ans, refusée à cinq reprises en scénographie, discipline dans laquelle elle rêve d’étudier depuis six ans, reçoit enfin une réponse positive. En août 2018, elle fera son entrée par la grande porte en scénographie et costumes à l’École nationale de théâtre du Canada.
Au terme de cette histoire, quelle excuse avez-vous maintenant pour renoncer à votre rêve? Quels outils vous manquent pour vous rendre à destination?
À propos de l’auteur: Janick Anctil est l’heureux propriétaire de Communication Jean Malo, où il dispense la formation à succès « l’art de prendre la parole en public ». Vous pouvez le joindre au janick@janickanctil.com ou par téléphone, sans frais, au 1-888-921-2230.
Pour plus d’informations sur la formation « l’art de prendre la parole en public » suivie par Joanna Gourdin et les prochaines sessions de cours à Longueuil, Sherbrooke et Québec:
Directeur des Communications, Responsable du site Web, Responsable de la Généalogie, Rédacteur & Éditeur du Bulletin Page des Lepage
2 ansQuelle histoire inspirante, bravo Joana Gourdin pour ton courage et ta ténacité et bravo Janick Anctil pour les bons conseils que tu as pu lui apporter