L'hydroélectricité et la problématique de l'eau

L'hydroélectricité et la problématique de l'eau

La maintenance des barrages en question

La production d’électricité des barrages hydroélectriques représente environ 16% de la production électrique mondiale, derrière le charbon et le gaz. Première source d’électricité bas-carbone dans le monde, les barrages hydroélectriques sont donc une des solutions clés de la décarbonation.

Toutefois, cette énergie a également un coût financier et environnemental, que certains pays acceptent de moins en moins.


Aux Etats-Unis par exemple, alors que l’âge moyen des barrages est de 65 ans, les coûts des travaux de maintenance ne vont qu’en augmentant. En outre, les risques de rupture de barrage et la volonté de restaurer les habitats d’espèces en danger sont autant d’éléments qui poussent à des opérations de démolition de barrages de plus en plus fréquentes dans le pays : 45 barrages détruits entre 1976 et 1986 pour 637 entre 2005 et 2015 (voir article de Révolution énergétique du 03/08). Notons que la question de la maintenance des barrages est une problématique de plus en plus prégnante. En effet, si la durée de vie théorique d’un barrage hydroélectrique est de cinquante ans -en fonction de la taille, des matériaux utilisés, etc.- environ un tiers des 19 000 grands barrages existant dans le monde ont plus de 50 ans voire approchent les 100 ans d’après un rapport de l’Université des Nations Unies en 2021.

Selon ce même rapport, en France, l’âge moyenne des 720 grands barrages est de 60 ans.


En France, où la production hydroélectrique représente 11% de la production électrique en 2022, les questionnements semblent plutôt tournés vers l’investissement. Toutefois, un problème se pose. Le parc métropolitain est principalement constitué d’ouvrages exploités sous le régime de la concession de service public dont les contrats sont déjà ou viennent progressivement à échéance (pour plus d’informations, voir le référé de la Cour des Comptes de février 2023). D’après ce document, "de nombreux inconvénients, notamment en ce qui concerne les investissements nécessaires au bon fonctionnement ou à l'amélioration de ces ouvrages dont la programmation est perturbée et le financement rendu plus incertain".

Pourtant, les financements pour optimiser les installations hydroélectriques existantes représenterait 500 MW supplémentaires et de nouveaux projets de STEP (Stations de Transfert d'Énergie par Pompage) représenteraient une puissance supplémentaire de 1500 MW à l’horizon 2035.

d’après Emmanuelle Verger, directrice d’EDF Hydro, dans un entretien de juin 2023 (voir article de Connaissance des énergies du 20/07).


Le choix de l’exploitation du parc hydroélectrique français n’est pas encore tranché mais, pour la Cour des comptes, la situation doit rapidement être débloquée afin de ne pas laisser le parc se dégrader et ainsi faire continuer à jouer au secteur hydroélectrique un rôle essentiel dans la transition énergétique.



Une impérative gestion durable et raisonnée de l'eau

Si la question du secteur énergétique est au cœur du réchauffement climatique, l’eau est également une problématique vitale. L’Institut Montaigne a publié le 29/06 les résultats d’un sondage sur l’eau et la sécheresse.

Les chiffres révèlent en effet le haut niveau d’inquiétude chez les Français (81 % des sondés se disent inquiets) face aux épisodes de sécheresses, dont la fréquence et l’intensité augmentent.


Dans la nouvelle version de son rapport sur les pénuries d’eau dans le monde, l’organisation World Resources Institute liste les 25 pays les plus touchés par le stress hydrique, dont quatre en Europe (Chypre, la République de Saint-Marin, Grèce et Belgique). (voir article de l’Express du 16/08).

La France n’est pas pour l’instant classée dans les pays critiques, mais pourrait l’être à l’avenir


La Cour des Comptes a d’ailleurs publié un rapport le 17/07 mettant en garde sur la forte baisse des ressources en eau du pays, tant en quantité qu’en qualité, du fait du changement climatique. L’institution appelle à une stratégie de long terme de réduction des prélèvements d’eau et d’utilisation raisonnée de la ressource. Le rapport de l’Académie des technologies du 03/07 avait également constaté l’urgence d’anticiper les conséquences des baisses de ressources en eau douce en France et formulé 11 recommandations pour réduire les prélèvements dont : l’anticipation des conséquences de la réduction des réserves nivales (eau sous forme de neige) et glaciaires et de la transformation de la disponibilité de l’eau en montagne, l’implantation de nouveaux modes de pratiques agricoles, l’évolution du système alimentaire, et des investissements dans la R&D plus conséquents.


Un arrêté du 30/06 du Ministère de la transition écologique va ainsi dans ce sens d’une gestion plus stricte de cette ressource en fixant, au niveau national, des restrictions sur le prélèvement d’eau de certains sites industriels classés en période de sécheresse. Soulignons que la question cristallise les tensions et mobilise une partie de la société française, comme cela s’est manifesté dernièrement avec le convoi de l’eau, dénonçant « l’accaparement de l’eau » par l’agro-industrie (voir article du Monde du 26/08).

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