L’hydrogène à partir de déchets, nouvelle frontière pour l’énergie de proximité ?
Savez-vous ce que deviennent nos déchets, une fois que l’on a prélevé tout ce qui pouvait être recyclé ?
Pour l’essentiel, ces déchets dits « ultimes » servent à produire de l’énergie. Ils peuvent être brûlés, et fournir de la chaleur pour les industriels et les réseaux de chaleur urbains, mais aussi de l’électricité pour alimenter le réseau. Ils peuvent aussi produire, par fermentation, du biogaz, qui lui-même sera soit injecté dans le réseau gazier, soit transformé en électricité et en chaleur. Au total, ce sont près de 12 TWh de chaleur renouvelable et de récupération, pas moins de 3 TWh de biogaz et 4 TWh d’électricité qui sont ainsi produits en France chaque année. C’est un bel exemple de circularité en circuit local, qui valorise une ressource de proximité, durable, peu coûteuse et disponible en quantité, partout dans nos territoires.
Nous pouvons aller encore plus loin avec ces déchets. Nous pourrions produire de l’hydrogène, et donner un coup d’accélérateur au développement de cette forme d’énergie qui connaît un engouement justifié. L’hydrogène présente en effet des propriétés uniques pour la transition énergétique et la souplesse du système électrique : une grande densité en énergie (1 kg d’hydrogène contient autant d’énergie que 3 kg de pétrole), et une capacité à stocker, sous forme gazeuse, puis à restituer l’énergie électrique en grande quantité.
Bien entendu, l’usage de l’hydrogène n’est vraiment vertueux que si celui-ci est produit avec un bilan carbone satisfaisant. Or, aujourd’hui – on ne le sait peut-être pas suffisamment – plus de 90% de l’hydrogène consommé en France est produit à partir de sources fossiles, générant pas moins de 11 Mt de CO2 par an. Nos déchets apportent ici une solution. L’électricité produite par leur incinération peut être convertie en hydrogène par électrolyse, une réaction qui consiste à casser une molécule d’eau pour produire de l’hydrogène et de l’oxygène, sans émission de CO2 ; cette électricité constitue une source d’énergie renouvelable, régulière, bien répartie dans les territoires, et très économique. Son potentiel est significatif : plus de 100 tonnes par jour d’hydrogène renouvelable en France.
Il y a un fort enjeu à produire localement de l’hydrogène renouvelable, car souvent la demande ne se développe que lorsque l’offre est disponible localement. Cet « hydrogène de proximité » pourrait alimenter de nombreux usages : industries, bâtiments, transport – flottes de camions de collecte de déchets ou d’autobus, pour les transformer en véhicules « zéro émission ». Un autre avantage de la production d’hydrogène à partir des déchets est que les sites de traitement des déchets bénéficient déjà d’autorisations ICPE, aujourd’hui difficiles à obtenir.
Recommandé par LinkedIn
Une source d’hydrogène locale et renouvelable
Pour ces raisons, Veolia a fait de la production d’hydrogène renouvelable à partir des déchets un enjeu clé d’innovation sur lequel travailler avec ses clients. Des expérimentations ont validé les technologies qui permettront de déployer cette solution à grande échelle. Nous sommes aujourd’hui prêts à développer cette activité, dès que les collectivités locales souhaitent inscrire cette source d’énergie dans leurs projets de territoire.
Cette énergie locale et durable fait néanmoins face à un blocage injustifié, un biais réglementaire qui freine son développement. La réglementation française fixe à 50% la part de l’électricité produite par incinération des déchets qui peut être considérée comme “renouvelable”, et bénéficier des certificats correspondants. Pourquoi ne pas considérer toute l’énergie issue des déchets comme « Renouvelable et de Récupération », à hauteur de 100% ? C’est le cas lorsque les déchets servent à alimenter les réseaux de chaleur, mais pas lorsqu’il sert à produire de l’électricité, ni demain de l’hydrogène… Ce biais oriente donc le déchet en priorité vers la production de chaleur, et nous prive d’un outil efficace d’arbitrage entre ces formes d’énergie, de nature à rendre plus robuste le mix énergétique.
Développer rapidement un écosystème performant autour de l’hydrogène est une priorité pour de nombreux pays, en particulier en Europe ; et la France ne doit pas rater ce rendez-vous. Pour cela, il est urgent que la réglementation évolue, pour valoriser les émissions évitées et reconnaître l’énergie produite à partir des déchets ainsi que d’autres combustibles solides de récupération, comme entièrement renouvelable.
La circularité fait du déchet une ressource, si bien que les gisements d’énergie, demain, ne seront pas ceux d’hier. Veolia, qui de longue date contribue à diversifier le mix énergétique français, rejoint aujourd’hui l’association France Hydrogène, pour contribuer au développement de cette industrie émergente. Il serait dommage, et pour tout dire imprudent, le contexte international actuel le montre bien, de se priver durablement du plein potentiel d’une ressource de proximité, fiable et abondante, renouvelable et peu coûteuse.
Export Manager at FLEXUS BALASYSTEM AB
2 ansFlexus Sweden is proud to have Veolia France as a key account - 8 Flexus integrated baling & wrapping systems contribute towards the overall operational efficiency at Veolia incineration plants
Expert Métier Stockage chez Veolia
2 ansLandfill mining + depollution + production d'hydrogène + puits carbone = une équation vertueuse peut-être pas si utopiste que cela. Il s’agit de s'en donner les moyens pour que l'ere du poubélien soit révolu.
Directeur marché agroalimentaire chez Siemens : j'aide nos clients à optimiser leur outil industriel !
2 ansAlberto Carpita
Managing Director chez Minebea Intec France | Dream Big Work hard, Stay focus and surround yourself with good people
2 ansMerci pour cette vision et trajectoire autour de la production d hydrogène renouvelables! Bel enjeu énergétique vertueux
Business, Technical and Innovation Transformational Leader
2 ansUn beau défi à relever. Inspirant