L'hydrogène "blanc" peut-il changer la donne énergie-climat?
On a découvert en 2021 que l'hydrogène était présent à l'état naturel à la surface de la terre et au fond des océans d'où il s'échappe librement.
On est pour le moment incapables de tirer les conséquences de cette découverte majeure qui entraine un véritable changement de paradigme.
1) L'hydrogène n'est donc plus seulement un "vecteur énergétique". Il prend le statut d'énergie primaire entièrement décarbonée :
L'hydrogène était considéré jusqu'alors comme un simple "support énergétique" permettant de stocker de l'électricité et de gérer l'intermittence des énergies renouvelables ( solaire et éolienne).
Les physiciens (cf Jancovici) considéraient que les atomes d'hydrogène étaient toujours associés à d'autres atomes comme dans l'eau (H2O). On ne pouvait donc l'extraire que par l'électrolyse, ou pour d'autres éléments que par vapocraquage au prix de lourdes pertes ou pollutions ( hydrogène "vert" ou "gris"). Cette croyance s'effondre désormais..
Déjà certains économistes un peu pressés (cf Nicolas Bouzou) en infèrent que l'hydrogène "blanc", ou naturel, va devenir "un nouveau pétrole" et permettre une croissance illimitée et décarbonée. On ne peut pour l'instant rien affirmer.
2) On ne dispose pas d'évaluation des quantités disponibles :
On a bien identifié des gisements où cet hydrogène natif est facilement captable. Ainsi en France nous avons deux gisements, l'un en Lorraine, l'autre dans les Pyrénées. Une usine fonctionne déjà au Mali à partir de l'électricité extraite d'un hydrogène "blanc".
Mais on ne dispose pas d'évaluation mondiale.
Si on ne l'avait pas trouvé avant c'est parce qu'il est totalement invisible et qu'on le recherchait dans les zones d'extraction des fossiles où il ne se trouve pas !
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Il y a simplement une constatation fascinante scientifiquement établie : l'hydrogène "blanc" ne résulte pas d'un stock naturel - et donc épuisable- comme le pétrole, mais d'une production continue de la terre et des océans. C'est un flux et pas un stock. En théorie donc le potentiel serait immense.
3) Contraintes et incertitudes de ce "nouveau pétrole" :
L'hydrogène est infiniment moins transportable et malléable que le pétrole.
Ce gaz ultra-léger nécessite de gros réservoirs.
Il peut être d'une grande utilité pour la mobilité de gros engins de transport : camions, trains, bateaux, avions. Sa transformation en électricité alimente la pile à combustible.
S'il ne devait pas être disponible en grandes quantités, son exploitation pourrait déséquilibrer celle de l'hydrogène manufacturé qui serait cinq à six fois plus cher.
Cette découverte génère donc de l'incertitude.
Il est donc pour le moment impossible de conclure, mais il faut suivre ce sujet de toute première importance. L'hydrogène "blanc" pourrait contribuer à résoudre l'équation de la transition énergétique qui reste en suspens.
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Senior Business Banker, EN/FR/DE, Expert in Public Finance, Consultative Economist at the CESGR/WSAGR
11 moisJ’investis déjà sur FDE 😇
L’impossible est le fantôme des timides et le refuge des poltrons N.
11 moisMerci de rejoindre mon réseau Bonne année à vous, Pour tous ces sujets je prends conseils auprès de Jean-Marc JANCOVICI et le SHIFT PROJECT. Des posts ont déjà circulé Jean-Marc Jancovici
Journaliste Chroniqueuse ou Attachée de presse
11 moisMerci Maxime Maury, Passionnant vôtre sujet sur l'Hydrogène Blanc, je vais attendre vôtre prochain article sur cet excellent sujet, très complet, comme toujours ! A bientôt.