L'inconnue

L'inconnue

Je travaille sur l’inconnue et c’est certainement le plus que je puisse dire ; c’est pourquoi mes travaux sont de plus en plus concentrés sur l’objet de recherche. Ça peut paraître anecdotique, mais je trouve dans la sculpture de l’objet quelque chose qui a trait à l’écriture des fondements. Tous les travaux de recherche que je scrute se rejoignent en ces points cardinaux. L’écriture de l’objet est fondamentale de quelque chose d’iconique. Je délie les lois de la gravitation religieuse et pieuse au stade des préliminaires ayant donné l’espèce humaine. L’objet constitue la trace avérée d’un parcours relié aux origines. Je me concentre sur le sujet de l’origine car c’est important d’accéder à ce qui a motivé l’être à s’investir dans le dessein des choses qui permettent d’asseoir un héritage de la main et de ce qu’elle fabrique en amont. La main humaine se distingue par des savoir-faire orchestrés. L’inconnue incarne la profondeur de l’élan qui anime l’être à investir la matière pour y déposer et graver une trace. Ce qui motive l’humain a trait à la trace. Tracer l’objet, tracer le sujet, tracer le projet, permettent d’incarner l’architecture de l’être sur l’avoir. L’être et l’avoir sont au coeur de mes réflexions de conception et de confection de la chose. La chose inconnue, celle qui met au monde, a donné ce que nous sommes, ce qui nous nomme et renomme en boucle et de manière circulaire. Le signe, l’insigne et la signature résonnent d’un temps où on ne signait ni n’assignait le travail sur l’objet. Quelque chose progresse et à la foi régresse dans le fait de signer et d’assigner. On ne peut comprendre et saisir ce qui se joue de l’origine à maintenant… L’âme de la création s’avère inaccessible. L’inconnue y opère et obère jour et nuit. Nous avons l’impression que le temps passe, mais le vivant passe, le temps et l’espace restent inamovibles. Rien ne bouge à part le vivant dans la contrainte de vivre et mourir. Vivre c’est mourir à petit et ou grand feu. Naître c’est advenir à l’incroyable, à l’insaisissable, au grandiose et à l’impossible. Je me concentre sur ça. La concentration de cette oeuvre entraine la déconcentration de l’écrit de manière paradoxale, un peu comme si offenser par l’écrit permettait à la parole de rugir et surgir. Je ne sais si la voix humaine peut accéder à l’origine. Je ne pose pas la question de la voix humaine mais de ce qui advient sur l’amont lorsque la parole est offerte et ouverte. On ne sait approcher ce qui échappe et écharde autrement qu’en prenant la parole où elle s’ouvre, par la main qui s’offre au dessein. On peut parler d’ouverture. Certaines personnes sont fermées à la parole qui advient, il est impossible de communiquer avec elles tant elles sont rétrécies sur leur univers. Certaines personnes n’ont pas pu s’ouvrir ni s’offrir, ce qui a entrainé un rétrécissement de la voix d’accès. La voix animalière est mystérieuse. L’humain fait partie intégrante des espèces animalières. La spécificité de la parole n’entraîne pas d’exclusivité sur l’expression de l’au-delà et ou de l’en-deçà. L’oiseau dit quelque chose. Le félin dit quelque chose. Le chien dit quelque chose. L’éléphant dit quelque chose. La vache dit quelque chose. Le rat dit quelque chose. Tout animal, par son être au monde, dit quelque chose de l’ordre de la vie et de la mort. Dire n’est pas nécessairement être conscient de la vie et de la mort. La conscience que nous avons de l’inconnue en chacun est vertigineuse. On ne sait pas de quoi on ou ça parle. Ça parle de quelque part et part de quelque chose. La parole est étrange. Je ne parle pas de la langue, je parle de la parole qui s’amoncelle de manière presque antinomique. Sommes-nous en mesure de parler de la parole ? Certains répondront qu’on ne peut parler de dieu. La parole, pour les religieux et croyants, c’est dieu, l’au-delà, l’en-deçà, l’inaccessible, le vertigineux, l’impossible, etc. Pour certains, on ne peut parler ni écrire, c’est interdit. Écrire et parler relèvent du sacrilège et de l’offense. L’interdit de parole agit ainsi comme un paravent au sacré de l’inédit. Tu ne dois pas. Tu ne peux pas. Si tu parles, tu le paieras de ta vie et de ta mort et la sentence qui t’atteindra sera infinie. Même mort, tu paieras le prix de ton sacrilège. Pour certaines personnes, on ne peut aller contre les écritures. Aller contre la parole sacrée, c’est profaner l’origine. La vie et la mort ne doivent pas être abordées, on doit se contenter de facéties carnavalesques ou messianiques. Dire la messe est réservé à l’envoyé de dieu. Faire le carnaval est réservé au profane qui, par son accoutrement, se réjouira d’être au monde par la grâce de l’inconnu. Sacré et profane se rencontrent au stade de l’offense. Pardonne-nous nos offenses, etc. ©PN P23.38 Patrick Nicolas pop art déco photographie tableau nature morte 120X120 cm https://www.ebay.fr/itm/334715732685 #art #tableau #photographie #artcontemporain #artdigital #artcollector #naturemorte #lettremorte

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