L'industrie du transport face aux nouveaux enjeux de la mobilité urbaine
Quels sont les nouveaux enjeux de la mobilité urbaine ? C'est autour de cette question que nous nous proposions de débattre hier soir au Club Les Echos Prospective, avec Didier Gambart, président de Toyota France, et Jean-Pierre Farandou, président du directoire du groupe Keolis.
Je vous propose dans cet article de revenir sur ce moment d'échange et sur les enseignements de cette soirée !
La voiture n'est pas morte... mais en pleine évolution
"L'industrie automobile va vivre une évolution que personne n'avait pu envisager il y a quelques décennies." Didier Gambart
Des attentes des consommateurs qui évoluent
En amont de cet événement, nous avons mené avec notre partenaire ELABE une étude auprès d’un panel de français sur leurs attentes vis-à-vis de la mobilité. L’étude révèle tout d’abord que près de la moitié des possesseurs de voiture se déclare prêt à l’abandonner au profit de solutions alternatives de transport.
De nouveaux usages pour la voiture individuelle
Les dirigeants de Keolis et de Toyota font le même constat : l'industrie automobile est en pleine mutation, et de surcroît très rapide. Pour Jean-Pierre Farandou, après les révolutions du train à vapeur, de la voiture thermique et des mobilités urbaines telles que le métro ou le tramway, l'industrie du transport rentre dans sa quatrième révolution : celle du nouvel usage de la voiture, en tant que service et composante à part entière des politiques de mobilité des villes. Pour Didier Gambard, l’avenir de la voiture individuelle dans les grandes villes est compromis, au profit de nouveaux services de mobilités.
On en arrive ainsi à parler de « Mobility as a Service », qui qualifie justement la combinaison de différents modes de transports, publics et privés, individuels et collectifs, au sein d’un service unique de mobilité, accessible à la demande – et généralement matérialisé par une application mobile – un compagnon digital de voyage.
Une révolution également énergétique
Selon Didier Gambart, l'enjeu de la transition énergétique dans le secteur du transport est clé. Face aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2, Toyota envisage de supprimer les véhicules à moteurs 100% thermiques de sa gamme d’ici à 10 ans. Au profit des motorisations hybrides qui ont fait son succès depuis près de 20 ans mais aussi des motorisations hybride rechargeable, électrique et hydrogène.
Toyota mise beaucoup sur le développement de l’hydrogène, et cherche à bâtir des écosystèmes permettant d’en démontrer la viabilité. Une expérimentation est par exemple en cours à Paris, catalysant plusieurs constructeurs, un fournisseur d’énergie hydrogène (Air Liquide) et le parc captif de voitures d’un opérateur de VTC « zéro émissions » (Hype). Les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo pourraient ainsi incarner la révolution de l’hydrogène au Japon, patrie de Toyota.
Ainsi pour Didier Gambart, « l'électricité oppose là où l'hydrogène peut fédérer ».
Quels partenariats développer pour réinventer la mobilité ?
Les startups, alliées précieuses pour innover
Pour Jean-Pierre Farandou, il est essentiel de nouer des partenariats avec de nouvelles pépites du transport : le groupe Keolis a par exemple investi dans les startups Via (VTC partagé) et Moovit (planification d’itinéraires), et est actionnaire de Navya, le fleuron français des véhicules autonomes.
"Au-delà de l'investissement et des synergies business, le plus important est de travailler avec des gens qui ont des schémas mentaux différents." Jean-Pierre Farandou
Les pouvoirs publics, incontournables pour faciliter ces nouvelles mobilités
Le rôle des pouvoirs publics est essentiel, tant dans la définition du cadre législatif et réglementaire autour de ces nouvelles mobilités (par exemple l’encadrement des expérimentations de véhicules autonomes sur le territoire par le projet de loi PACTE), que dans leur rôle de facilitateur ou d’animateur de l’écosystème, en témoigne notamment l’initiative French Mobility lancée récemment par le ministère des transports.
Les villes et agglomération – en leur qualité d’autorités organisatrices de mobilité – ont aussi un rôle majeur dans la détermination des prix des transports en commun. Dans ce domaine, pas de miracle : les transports ont un coût, et les politiques de gratuité des transports se répercuteront invariablement sur le contribuable : « rien n'est gratuit en matière de services et donc de transport : si ce n'est pas l'usager qui paie, c'est le contribuable ».
Quelques freins subsistent face aux nouvelles mobilités
Lorsque l'on questionne les français sur les freins à l’abandon de leur véhicule individuel, les trois premiers points qui ressortent concernent :
- Le besoin de flexibilité horaire dans leurs déplacements, flexibilité mieux garantie selon eux par leur véhicule individuel.
- Le manque de richesse de l’offre alternative de transport, notamment dans les zones plus rurales. On voit là que l’offre de mobilité devra être suffisamment consistante pour pouvoir se substituer à la voiture sur l'ensemble du territoire.
- Enfin, le plaisir de la conduite. Les français aiment leur voiture et souhaite rester au volant ; plaisir encore plus marqué chez les jeunes avec plus de 60% de votants.
La mobilité de demain devra donc composer entre le plaisir de conduire… et le plaisir de se faire conduire, y compris par un véhicule autonome !
Merci encore au Club Les Echos, ainsi qu'à Jean-Pierre Farandou et à Didier Gambart pour nous avoir livré leur vision de la mobilité de demain !
🎯 Engie France Retail - Chief Architect
5 ansFlorian Chevallier
International Group Manager - Yves Saint Laurent Parfums chez L'Oréal
5 ansAdam Benzerti