L’innovation, qu’est-ce que c’est au juste ?
Ce billet a pour origine une sollicitation de mon manager qui pour la préparation d’un Comité de Direction, me demande des éléments sur ma vision de l’innovation.
Je réfléchis aux points que je souhaite mettre en avant : faut-il se baser sur ce que dit la théorie ? sur les expériences menées ? faut-il en profiter pour faire passer des messages ? Je décide donc de ne pas choisir et de mêler tout ça car tout est finalement lié.
Une définition simple
Je commencerais donc par le commencement et par l’étymologie du verbe Innover qui vient du latin In (dans) et Novare (rendre nouveau) ; Innover c’est donc introduire quelque chose de nouveau.
Ce quelque chose peut être un procédé, un produit, un service ou un modèle économique et peut être totalement disruptif, auquel cas on parlera d’innovation de rupture, ou être davantage l’évolution d’un existant, on sera alors face à une innovation incrémentale.
Si cette définition ne peut souffrir que de peu de contestations, elle paraitra bien simpliste à tous ceux qui une fois dans leur parcours se sont lancés dans l’innovation !
En effet, l’innovation n’a rien de simple, d’évident. Si pour beaucoup, la qualité et le succès d’une innovation, que ce soit d’un produit ou d’un service, sont dues à l’idée qui en est à l’origine, la réalité est tout autre.
Le culte de la bonne idée
Si l’idée est la graine indispensable, ce sont bien les actions concrètes qui en feront une innovation et c’est bien souvent ces actions qui sont les plus dures à mener à bien. L’idée relève d’un feeling, les actions, elles, sont synonymes de convictions (personnelles et à transmettre), de moyens (humains et financiers), d’échecs à surmonter, de recommencements, de mises en stand-by et puis parfois de reprises inattendues, de réalisations, d’investissements partagés et enfin de succès.
Innover c’est prendre conscience que l’idée ne se suffit pas à elle-même ; et l’histoire nous prouve à quel point en France, surmonter le culte de l’idée est complexe.
En France, comme l’a proclamé via un fameux slogan un ancien président de la République face au 1er choc pétrolier « En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » et aujourd’hui, j’ai envie de répondre que cela n’a jamais été suffisant. Prenons l’exemple de l’innovation qui constitue la base de la révolution industrielle : La machine à vapeur ; c’est un Français qui l’a mise au point, mais c’est bien M. James Watt, écossais, qui en a déposé le brevet et qui surtout l’a amélioré (en la rendant plus efficace) pour en faire l’outil phare du développement industriel du 19ème siècle.
En résumé, c’est bien la mise en œuvre d’une idée, via différentes prises de risques, qui en fait une innovation. Il n’en reste pas moins qu’à ce stade, l’innovation ne représente pas encore forcément le succès attendu.
L’utilisabilité, le graal de l’innovation
Tout le monde sera facilement d’accord avec le fait qu’une innovation est un succès lorsque celle-ci répond à des besoins ou usages de l’entreprise, de ses partenaires, ou de ses utilisateurs finaux et que in fine, elle engendre des gains économiques.
Au delà de la notion de valeur, ceci peut se mesurer grâce à l’utilisabilité de l’innovation, notion qui se caractérise par les critères suivants : efficacité (le produit ou service permet d’atteindre le but prévu), efficience (Le but est atteint avec un effort moindre) et satisfaction (de l’utilisateur vis-à-vis du produit ou du service).
L’utilisabilité est l’élément permettant par exemple de transformer une invention en une innovation.
Un exemple récent d’innovation ayant rencontrée un succès commercial incontestable est UBER dont l’utilisabilité de son service ravit les consommateurs. En effet, UBER permet aux citadins de se rendre où ils le souhaitent (efficacité) et ce, simplement grâce à une simple application sur leur smartphone (efficience) et enfin, pour un coût moindre et une qualité de service accrue par rapport aux taxis (satisfaction).
Et finalement ?
Je pourrais enchaîner par ce qui peut freiner l’innovation (peur du changement, réticence à l’investissement et donc aux pratiques de Test & Learn, concurrence des business models établis au sein de la même entreprise (phénomène KODAK), culte du ROI immédiat, ..), je donnerais en synthèse et en attendant un prochain billet, ma vision de l’innovation (personnelle et donc contestable) :
Réalisation d’un nouveau produit ou service issu d’une idée et qui a nécessité une prise de risque, dans le but de répondre aux besoins et usages des utilisateurs finaux.
Responsable Pôle Robotisation & Automatisation. Innovations en Solutions Intralogistiques
8 ansTrès intéressant Damien !