L'Internet au cœur du jeu démocratique et politique : Quels enjeux ?

L'Internet au cœur du jeu démocratique et politique : Quels enjeux ?

Une petite idée de la puissance du 4ème Pouvoir. Le pouvoir de l'information et de la communication. Plus que jamais, avec l'avènement de l'Internet, le digital, des réseaux & des médias sociaux (RMS), le monde politique et démocratique est en train de subir le pouvoir de la transformation digitale. Sur le papier, ils court-circuitent les mass média et sont une interface de communication directe. Pourtant, pas sûr que l'avènement des réseaux sociaux en politique implique davantage d'échanges d'idées entre élu.e.s et citoyen.ne.s. Les médias de masse (parmi lesquels l'on range habituellement la télévision, la radio, la presse écrite) ne sont plus les seuls sismographes de l'opinion publique. Désormais, il faut également compter Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram et les chaînes YouTube dans l'équation. Ces plateformes sociales ont-elles "augmenté" la voix politique ? Peut-on se passer des médias traditionnels ?

Les réseaux sociaux ont bousculé un état de fait : longtemps, les médias traditionnels nous ont habitués à une livraison verticale de l'information. Aujourd'hui, Internet permet à n'importe qui de se poser comme observateur de la chose publique. Depuis une vingtaine d’années, l’internet a substantiellement modifié le fonctionnement des systèmes politiques : il a considérablement accru et diversifié les sources d’information des citoyens, il offre des espaces inédits (digital, forums, blogs, réseaux & médias sociaux) pour l’échange des opinions individuelles et, dans certains cas, il a facilité des mouvements sociaux (notamment en réduisant les coûts de mobilisation). L’internet offre de nouveaux outils pour la démocratie, mais il reste à savoir si ces outils sont bien utilisés ou suffisants ? Par ailleurs, la démocratie ne se réduit pas à la discussion, mais implique aussi des choix. Or, si l’internet est un fabuleux instrument d’expression, on voit moins bien comment il peut contribuer à la construction de choix collectifs et au renouvellement des procédures de décision politique.

Alpaguer un élu, rassembler des signatures dans une pétition, échanger entre sympathisants d'un même parti, préparer en ligne une mobilisation hors ligne, médiatiser une cause... « Partout dans le monde, le développement d’Internet a suscité l’espoir d’un renouvellement et d’une plus grande ouverture de la participation politique des citoyens, notamment les plus faibles », explique Séverine Arsène, docteure en science politique de l'IEP de Paris. En parlant de "la voix des sans voix", elle évoque « la possibilité pour tout citoyen disposant d’un ordinateur connecté de publier des informations et des opinions en ligne" et "un moyen de dénoncer les diverses formes de limitation du pluralisme dans l’espace public médiatique et de tenter d’y remédier ».

Le rôle des réseaux & médias sociaux (RMS) par rapport aux médias traditionnels (TV, Radio, Presse papier) dans le fonctionnement de la démocratie. Les RMS ont aujourd’hui une place très importante dans le débat public, notamment parce qu’ils tendent à devenir une des principales sources d’information pour les citoyens, et notamment les plus jeunes. La principale différence entre les réseaux sociaux et les médias traditionnels est qu’ils proposent deux modèles très différents de circulation des informations. Dans les médias traditionnels, les journalistes jouent un rôle essentiel dans la sélection des informations : en tant que « gatekeepers », ils décident de ce qui doit être porté à la connaissance du public. Sur le web et les réseaux sociaux, tout le monde peut s’exprimer, et toutes les sources d’informations se trouvent au même niveau. Ce qui fait qu’une information va devenir visible, c’est la manière dont elle va être relayée par les internautes eux-mêmes via des pratiques de partage et de recommandation. Le problème que nous connaissons aujourd’hui est que toutes ces sources ne se valent pas en termes de respect des règles professionnelles en vigueur dans la profession journalistique, notamment sur le plan du croisement des sources et de la vérification des faits, ce qui explique en partie le succès des rumeurs et des théories du complot sur le web. Cela dit, contrairement aux idées reçues, ce sont les articles et les contenus des médias traditionnels qui restent les plus partagés sur les réseaux sociaux.

Les enjeux l'Internet au cœur du jeu démocratique et politique. L’un des enjeux majeurs de l’usage de l’internet au cœur du jeu démocratique et politique se situe autour de la qualité, l’intégrité et l’authentification de l’information. En même temps que l’internet et ses dérivés constituent des moyens puissants de communication mondiale, en même temps ils constituent d’énormes risques de désinformation, d’intoxication, de falsification, de manipulation, d’endoctrinement etc. À ce niveau, les enjeux sont partagés.

D’Une part, les citoyens constituant des spectateurs passifs, sont en face des médias traditionnels pour la majeure partie empreinte de coloration politique, imposant leurs titres, leurs analyses, leurs conclusions au détriment de leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs pour respecter les normes réglementaires des pouvoirs en place. L’information dans ce cas d’espèce est plus coûteux (il faut avoir les moyens pour s’acquérir un poste téléviseur, radio, pire espérer avoir du courant électrique pour alimenter ces postes électroniques); moins démocratisée dans la mesure où elle n’est pas relayée en volume en un laps de temps. Avec le digital (smartphones, tablettes), juste une passe internet, le citoyen peut recevoir l’information de façon spontanée en un laps de temps et mieux dans les zones les plus reculées si l’énergie solaire devient une réalité dans nos états africains.

D'Autre part, avec la puissance, la montée de l’internet et de ses dérivés, les citoyens constituant des acteurs actifs et influents aussi bien de la vie politique que démocratique de leurs pays, sont en face des nouveaux médias. Ici, les citoyens sont plus autonomes, ils ont le choix de visiter, lire, visualiser, écouter voire se former, s’éduquer sur une multitude de RMS à travers des smartphones, mieux des applications téléchargeables productrices de contenus. Ils ont la possibilité de relire à leur rythme puis à volonté leurs émissions préférées. Ils ont aussi le choix d’une offre très large et diversifiée d’informations. Enfin, non seulement ils peuvent recouper l’information à leur gout, ils constituent également une opinion publique, ils ont la possibilité de prendre des positions, de donner leur avis sur des sujets sensibles à travers des agoras virtuels tels que les "directs live" via Facebook ou YouTube etc.

L’usage des outils technologiques de la communication (Internet, Digital, RMS etc.) au service des médias traditionnels doivent être repensés. Les médias traditionnels pour ne pas subir la "théorie de la destruction créatrice" de Joseph Chumpeter, doivent très rapidement repenser leur mode de fonctionnement en mettant au cœur de leur stratégie, l’Homme, citoyen nouveau, mieux la jeunesse et une communication efficace : Comment attirer plus de monde sur les médias traditionnels ? Comment crédibiliser ses informations et son mode de communication auprès de son lectorat, de son auditoire puis de ses téléspectateurs ? D’ici peu de temps, le journal télévisé de 20H, visionné en famille au retour du travail n'affichera plus salle comble, reste à savoir si ce n'est pas déjà fait. Oui cette habitude ne sera plus coutume ni d’actualité quand on sait que le taux de possession des smartphones en Afrique est totalement au dessus de la moyenne des pays du nord. Comment repenser la presse écrite, audio et visuelle pour ne pas subir la même situation des Postes et Télécommunications qui n’ont pas vu venir la technologie ? Combien de personnes écrivent des lettres postales aujourd’hui ? Combien de personnes fréquentent les bureaux de postes ? Combien de personnes font des transferts d’argent via des mandats lettres ou télégraphiés ?

L’innovation technologique est un atout majeur pour la survie des médias traditionnels. Les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux, jeunes et friands de technologies. Que faut-il faire ? Les attirer sur de nouvelles émissions avec des sujets ou des thématiques plus intéressantes ou les repousser ? Le changement viendra d’eux. Et c’est eux la génération avenir. Il faut en plus d’espaces de communication, d’informations; multiplier les espaces de formation, d’éducation dans les domaines du leadership, du développement personnel, des valeurs patriotiques, de l’engagement, de l’éducation civique et morale.

Démocratiser et relayer l’information des médias traditionnels par des leaders d’opinions locaux (société civile, humoristes, artistes, modèles, repères, leaders etc.). Une des forces de l’internet et des RMS est le relais d'informations. Elles vont à une vitesse éclair. Ce sont les acteurs de la presse traditionnelle qui devraient plus se rapprocher de leur population par de nouveaux visages. En Afrique, l’emphase est trop mise sur les mêmes personnes (leaders d’opinions, hommes politiques et citoyens). Donner à la population profonde, aux usagers, l’opportunité de s’exprimer quand nous savons que la liberté d’expression n’est pas le leitmotiv des médias traditionnels publics ou étatiques. 

Avec le pouvoir de l'internet et des RMS, l'action politique, démocratique, sociale et communautaire solidifient le pouvoir de la population qui est perçu désormais comme un challenger de l'action gouvernementale, mieux le décideur de ses choix et représentations politiques. La démocratie devient une réalité et s'impose d'elle-même par le pouvoir de l'expression, de l'information et de la communication.

Par Sahourey Konan

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