A lire absolument, la préface de Patrick Sébastien pour Gueules du Rugby, merveilleux cadeau...
Nous avons voulu mettre en avant aujourd'hui la sublime préface et cadeau de notre ami Patrick Sébastien qui ouvre le livre par ces mots magnifiques....
L’âme des guerriers. Et la mémoire tatouée. Pleine gueule. Des pics. Des saillies. Des balafres. Des écrasements. Sculptés au coup de boule, au cramponde huit, et à l’élastoplast. A la pluie. Au vent. Au soleil. Labourés. Et dans les sillons, de la graine de vie. Pour apprendre à gagner. A perdre. A ne pas se perdre. Fidèle à la solidarité du pré. Ce ciment sué qui solidifie tout.
Parce que, quand on a rangé le dernier maillot, l’autre match commence. Celui de la vraie vie. Sans arbitre. Avec coup bas, fourchettes et crocs enjambes. Et là, mon gars, il en faut du « back ground », comme disent les rosbifs ! Tu sais, ceux qui gagnent toujours et qu’on bat de temps en temps.
J’ai été élevé à ce burin là. Sculpté moi aussi aux trois mi temps. Comme j’ai arrêté tôt, il me manque des rides. Des traces. Et je le regrette. J’aimerai tant avoir l’œil clair et la peau cuir tanné d’un Herrero. Le Dédé, surtout, que j’ai affronté au hasard d’un match amical quand la rade s’était délocalisée à Nice. Tu vas voir comme il est beau sur la photo. Beau comme un homme. Un vrai.
Au fil des pages, je les contemple. Et je nostalgise. L’enfance qui remonte en surnom de préaux. Comme si on avait joué dans la même cour d’école. Le blond, La marmite, Pin pon, Le chat, Charly, Seb, Le goret, Rossi, Dochpi, Gonzo, … Des grands gosses. Forcément, ils ont passé leur adulte en short.Et en arrière plan l’hologramme de ceux qui manquent. Guy Boniface,Pierrot Lacan, Armand Vaquerin. Et Roger, bien sûr. Le seizième homme. La seizième âme. Même aujourd’hui.
Et puis les regards. Surtout les regards. Lis les bien. Les paupières tombantes font store. Pour garder les secrets au frais. Ils racontent des Arms Park, des Hakas, des cuillères de bois et des Marseillaises. Des boucliers perdus. Gagnés. Des tristesses et des joies infinies. Et même si ce n’est qu’un combat de troisième division pour la montée, ils sentent la suture, l’huile camphrée et le pa
in de campagne. Pas celui qu’on mange, celui qu’on distribue d’une phalange experte.
Et puis, bien caché derrière l’iris, la fleur de mémoire, les fêtes d’après. Gargantuesques. Dévoyées mais tendres. Les tablées joyeuses. Les chants basques. Les accolades à l’ennemi du jour devenu l’ami du soir. Les rires. Les larmes. Et l’odeur du gazon frais en Madeleine de Proust.
- C’était mieux avant ?
- Pas forcément. Mais c’était peut être moins pire !
La belle idée que d’avoir flashé ces gueules là ! D’avoir catalogué en artiste le Who’s Who de l’ovale. Pour une dernière forfanterie de couloir de vestiaire : impressionner aussi la pellicule. Parce que c’est l’adjectif qui me vient en premier : impressionant ! Pour certains, le temps les a plissé et déchevelé sans vergogne. Mais l’œil est intact.Vif. Plein. Bavard surtout. Tu verras. Pas besoin de long discours. Feuillette et observe.
Tout est dit !
Retraité
9 ansUne expression Sénégalaise résumé en peu de mots ce sentiment : J ai ta Nostalgie .