LORSQUE LA VIE ETAIT LA VIE.
C’est le titre d’un beau livre de l’écrivaine et poétesse provençale, Marie Mauron. C’est un titre qu’aimait bien « Fifi » Passelaigue, cette salonaise passionnée de « sa Provence » et de ses traditions. Elle vient de quitter ce monde à un âge respectable pour le faire. L’ancienne commerçante se révéla vite dès qu’elle en eut le temps, après avoir élevé ses cinq enfants, un soutien indéfectible de son mari, André, en tant que défenseur d’une certaine idée de la Provence et de la maintenance d’une langue qui fut si vivante qu’on ne la voit pas morte.
Il y a longtemps de cela, nous avons participé ensemble à un colloque sur l’œuvre de Marie Mauron, je crois à Saint Rémy dans la ville natale de Marie. « Fifi » était venue avec un petit carnet de pensées et de citations, de Mistral, de Crousillat, des Mauron ( Marie et Charles )… A un moment dans la salle, un « étranger venu d’au-delà de la Durance » osa prendre la parole pour dire que, selon lui, l’idolatrie d’une Provence qui n’était plus était vaine. Il y eut un silence gêné. Alors une dame d’aspect fragile , s’est dressée, carnet en mains. La voix un peu émue, mais ferme, elle affirma à l’impétrant : « C’est Marie Mauron, monsieur, qui vous répond lorsqu’elle écrit : le mas, ses gens, ses morts sont vivants, si je le veux. Ils restent vivants. Cette vie qui était alors la vraie vie, le demeure dans le souvenir et dans la ferveur ».La dame, c’était fifi et là dessus, applaudissements, l’intervenant se rassit. Fifi venait de l’emporter haut la main. Lorsque nous rentrions sur Salon, pas plutôt assis dans la voiture, Fifi me demanda d’un air faussement modeste : « Tu es fier de moi ? ».
Elle a désormais sa place au paradis du Félibrige. Les amis de l’Eissame ( ce foyer de culture provençale ) lui ont fait réserver une place de choix. Mistral ne sera jamais loin d’elle.
Crédit photo : eissame.salon
Ex journaliste et photographe à Télé magazine, But, Miroir du football, Le Provençal-La Provence (34 ans) et actuel du site blues-et-polar.com
4 ansJe me souviens de l’Essaime, Christian, et de Marie Mauron en dédicace chez Mme Ju. Merci de raviver ces souvenirs enfouis.