L'Uberisation est morte, vive l'Amazonisation!

2 faits marquants cette semaine : Uber abandonne en Asie du Sud Est et Monoprix s’allie avec Amazon.

En 2014 Maurice Levy, Pdg de Publicis,  crée un néologisme en évoquant la peur des patrons de se faire « uberisés », prenant l’exemple de la menace d’Uber, alors en pleine réussite.

Par uberisation, était surtout pointé le pouvoir de la mise en relation entre offre et demande grâce au net, mais aussi l’innovation disruptive, qui permet à de nouveaux entrants de faire disparaitre les leaders historiques à travers de nouveaux business modèles et grâce au digital.

Certains disaient même que soit vous étiez à table, soit vous étiez déjà au menu !

 Mais au final, qui Uber a-t-il vraiment ubérisé ?

·      Les transports en commun ? Non peu de gens ont délaissé le bus ou le métro pour s’abonner à Uber, notamment à cause des tarifs.

·      Les taxis ? Pas vraiment, même si ils ont certainement vu leur chiffre d’affaire baisser, ces derniers ont su réagir et survivre, comme G7 avec son application mobile, ou en faisant pression localement pour maintenir leurs avantages, et récupèrent aujourd’hui une partie de la clientèle perdue.

·      La voiture particulière ? Sans doute certains conducteurs abandonnent de temps en temps leur voiture pour un VTC, mais ne la vendent pas pour autant. La menace ne vient pas du VTC pour le marché automobile mais plutôt du véhicule autonome et des nouvelles offres de la mobilité.

·      Le covoiturage ? Sur la longue distance Uber n’y est pas présent et le covoiturage de ville a commencé à exister après la naissance d’Uber.

·      Finalement les seuls qui ressentent une vraie menace de la part d’Uber sont ses concurrents Vtc, qui émanent du marché crée par Uber. Mais ce n’est pas de l’ubérisation, c’est juste de la compétition, sur ce secteur devenu ultra concurrentiel.

·      On peut cependant reconnaitre à Uber d’avoir suscité indirectement un élan créatif à travers de nombreuses initiatives  de start ups dans le nouveau monde de la mobilité, forçant même certains acteurs des transports à tenter de se réinventer..

Donc finalement qui a disparu, qui s’est fait « uberisé » à cause d’Uber ?... Pas grand monde…

Pire que cela en Asie du Sud Est, Uber a lâché prise, en préférant céder son activité à son concurrent Grab contre 27,5% de la plate-forme de transport à la demande, privilégiant ainsi un partenariat local. Comme auparavant en Chine avec Didi, et en Russie avec Yandex. Uber se focalise donc sur les marchés où il est leader comme l’Amérique et l’Europe. On est donc loin de l’uberisation destructrice et frontale…

En même temps, Monoprix vient de passer un partenariat avec Amazon Prime.

Amazon et le e-commerce qui ont mis récemment au tapis Toys’r Us ou la Grande Récré. Amazon qui quelque part avait poussé Sarenza a rejoindre Monoprix. Monoprix qui pour anticiper les problèmes, voire sa disparition future, préfère s’allier aujourd’hui à Amazon.

Le partenariat avec Amazon ou la mort ? Est-il le nouveau dilemme dans la distribution ?

 #AccorHotels s’était déjà posé dans l’hôtellerie la question avec Expedia, avant de se réinventer…

Au final Amazon semble avoir un pouvoir de destruction bien plus fort que Uber sur son marché. C’est l’Amazonisation !

Thierry Elkaim