L'Ultramarathon, pourquoi? Pour rien.
Badwater Ultramarathon, juillet 2010, 217km non stop et 38 heures de course au coeur de la Vallée de la Mort

L'Ultramarathon, pourquoi? Pour rien.

Il arrive assez souvent que des contacts professionnels tombent, via les moteurs de recherche, sur mes activités de coureur à pied de longues distances, ce qui me vaut presque invariablement l'éternelle question : Pourquoi courir et "souffrir"? Pour avoir traversé la Death Valley, couru des jours complets, des nuits entières, j'ai pu trouver ma réponse à cette question. A vous de la lire... 

Pourquoi courir si longtemps, au-delà de ce que nombreux parmi nos contemporains jugent raisonnable ? Pourquoi devrait il y avoir une raison, une utilité, une finalité ? Et si je ne courais que parce que j’aime ça… Parce que c’est simple au point d’être la chose la plus simple que je connaisse.

D’ailleurs, courir n’est pas un sport. Je ne pratique pas un sport. Je cours…

Courir contre soi et non contre les autres ? Je n’ai aucune raison d’être contre moi. Repousser mes limites ? J’aimerais bien les connaître avant même de les repousser. Je ne cours pas parce que c’est bon pour la santé. Je ne cours pas parce qu’il est bon d’avoir régulièrement une activité sportive ou physique. D’ailleurs, courir n’est pas un sport. Je ne pratique pas un sport. Je cours…

Au fond, je ne cours pas vraiment ou du moins je ne pense pas à courir. Je me déplace, léger, dans le paysage et dans la vie. Je vais d’ici à là en passant par où me plait. Comment pourrais je le faire en faisant un sport nommé "course" ? Je ne peux le faire qu’avec légèreté, avec harmonie, avec mon corps, avec mon esprit, avec tout mon cœur. Avec les autres aussi. Partager ce geste. Entendre le bruit des foulées, le souffle des respirations. Laisser la fatigue passer et faire le silence pour finir par se comprendre sans parler.

J’en deviens minimaliste : une foulée, une colonne d’air, une perception de plaisir

Je ne cours pas vraiment. J’explore les alentours et me goinfre d’émotions, de bruits, d’images. Je cours au fond de moi. J’en deviens minimaliste : une foulée, une colonne d’air, une perception de plaisir. Pour quelques instants, j’arrête la comédie de la vie, je me mets dans une bulle et regarde au travers. Je reviens sur un essentiel momentané et trie des choses de la vie. Demain est un autre jour. Demain sera en d’autres foulées. Demain sera en d’autres pensées. Demain, je trouverai peut être une raison à la course. Demain est encore loin.

(Cet article a été publié en 2012 dans (feu) le magazine Ultrafondus. Il s'adressait alors aux pratiquant(e)s des courses d'Ultramarathon, c'est à dire de distances supérieures au marathon. Vous pouvez retrouver gratuitement de nombreuses expériences et des conseils fruits de plus de 40 années de pratique sur le site "Courir Simplement".)


Jean-Michel HANUS

Jouit d'une pension princière et de l'amitié de Dieu.

7 ans

C'est beau!

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