L'utilisation de la réalité virtuelle en neuropsychologie

L'utilisation de la réalité virtuelle en neuropsychologie


La réalité virtuelle est une technologie numérique. Elle utilise des logiciels générant un environnement créé de façon artificielle par des images de synthèse. Ces images sont pensées pour donner vie à un environnement hyperréaliste artificiellement. L'objectif de la réalité virtuelle est de permettre à un utilisateur de vivre une expérience immersive. Pour ce faire, chaque environnement virtuel est créé sans limite avec une liberté totale. La technologie requiert du matériel spécifique à son utilisation. Les outils de base se composent d'un casque qui permet de visualiser toute la mise en scène à 360°, ainsi que différents capteurs de mouvements pour interagir.

Homme utilisant un casque de réalité virtuelle

L'utilisation de la réalité virtuelle à des fins thérapeutiques

Les disciplines de la psychiatrie et de la psychologie sont complexes. En effet, si des améliorations s’avèrent possibles, elles demeurent moins franches que dans d’autres spécialités médicales. 

Les prises en charge proposées sont multiples et surtout très hétérogènes : allant du suivi psychologique jusqu’aux traitements médicamenteux, elles s’inscrivent dans un projet de soins personnalisé et adapté à chacun. L’élaboration de ce dernier nécessite l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire dont l’objectif est de penser et de proposer une véritable stratégie thérapeutique pour les patients suivis.

Le suivi thérapeutique des patients est donc individuel et doit être défini en incluant tous les éléments inhérents à son passé, sa pathologie... Cela implique beaucoup de temps et de tâtonnement, afin de définir les méthodes les plus efficaces. Sans omettre que le patient humain peut être réceptif à une approche thérapeutique sur un certain laps temps uniquement. 

La réalité virtuelle dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique

Le syndrome de stress post-traumatique est un trouble psychiatrique. Il survient à la suite d'un évènement traumatisant et se traduit par des manifestations émotionnelles et somatiques. Les personnes atteintes se retrouvent en proie à cette reviviscence de façon aléatoire et récurrente. Le quotidien des individus touchés se retrouve ainsi fortement impacté.

La vidéo ci-dessus explique comment la réalité virtuelle est utilisée pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique. Dans ce cas, il s'agit de la prise en charge des militaires ayant développé des troubles psychiatriques à leur retour de guerre. 

L'évolution du SSPT liée à l'utilisation de la réalité virtuelle dans la thérapie d'exposition semble donner des résultats concluants. On peut citer le témoignage d'un patient, ancien militaire, ayant bénéficié de cette technologie : 

"Avant le traitement, 80 à 90 % de mes rêves étaient liés à l'Irak. Maintenant, je ne me souviens pas de la dernière fois que j'en ai fait un. Je vis d'une manière complètement différente maintenant."

Source : How Virtual Reality Is Helping Heal Soldiers With PTSD

"16 des 20 participants n'ont plus répondu aux critères du DSM du SSPT après la thérapie d'exposition de réalité virtuelle"

Source : VR PTSD Exposure Therapy Results with Active Duty OIF/OEF Combatants

L'utilisation de la réalité virtuelle présente une certaine valeur ajoutée dans le traitement du SSPT. Dans un premier temps, elle permet de confronter le patient à ses traumatismes dans un environnement sécurisé et supervisé. L'utilisation de l'imagerie de synthèse permet de moduler le contexte au traumatisme à traiter.

Seuls les stimulis (visuels, olfactifs et tactiles) peuvent être anxiogènes pour le patient. Il reste entouré d'équipes compétentes et d'un cadre neutre. De plus, il est lui même acteur et décisionnaire de son expérience immersive. Il s'investit autant qu'il le souhaite et garde ainsi un certain contrôle rassurant.

La réalité virtuelle expérimentée dans le processus de deuil

En Février 2020 est diffusé le documentaire Sud-Coréen "I Met You".

Bouleversant, le documentaire tient sur un court format de 10 minutes. Il se base sur l'histoire d'une femme ayant perdu sa fille de 7 ans quelques années auparavant. On assiste à une rencontre et des moments de partage entre elle et sa défunte fille par le biais d'un studio de réalité virtuelle. 8 mois ont été nécessaires pour concevoir le plus fidèlement, l'image, la voix et les expressions artificielles de la fillette.

À l'issue de la diffusion, la vidéo est devenue virale à une portée internationale. Elle a fait l'objet de nombreux débats, questionnements éthiques, et un certain clivage entre les internautes.

Un article du Nouvel Obs, partage le point de vue de Vanessa Lalo, psychologue clinicienne, à ce sujet : 

« Le deuil est purement subjectif et dépend de chaque individu. En tout état de cause, l’expérience a l’air de faire du bien à cette mère, du moins sur le coup. Il faudrait évidemment étudier l’impact à long terme de cette immersion » - Vanessa Lalo

Les innovations technologiques sont de plus en plus avancées et troublantes de réalisme. Différentes expériences telles que celle de "I Met You", ou l'utilisation de la réalité virtuelle dans le processus de diagnostic de pédophilie insurgent l'opinion publique. 

Cette progression technologique exponentielle et rapide à tendance à créer de la méfiance, voire du rejet. La pédophilie n'a jamais été admise dans aucune société ou communauté. Ainsi, générer des images virtuelles pédo-pornogaphiques - même à des fins de recherche et de diagnostic supervisées par des professionnels - reviendrait à cautionner la déviance dans une certaine mesure. 

Par ailleurs, développer la réalité virtuelle dans le processus de deuil soulève d'autres inquiétudes : 

  • Les personnes endeuillées ne risquent-elles pas d'être traumatisées par l'expérience ?
  • Cette expérience ne risque-t-elle pas d'amener insidieusement la personne dans un isolement virtuel ? Ne fuira-t-elle pas la réalité pour se réfugier dans des souvenirs rassurants ?

Ces réflexions invitent à se questionner sur les limites de la réalité virtuelle. Tandis qu'elle évolue en permanence, peut-on estimer que ces innovations sont toutes vertueuses ? Il ne faut pas espérer déléguer tous nos maux, ou nos névroses à une technologie.

Les émotions et leurs fluctuations sont l'essence même de l'Être Humain. Ainsi, il serait pernicieux d'avoir des attentes envers des machines ou des technologies pour soulager nos moindres doléances (rupture amoureuse, déprime passagère...)

Nous n'avons pas de recul à long terme sur les prémices de la RV dans l'accompagnement psychologique. Voici quelques limites à évoquer dans le cadre d'une démocratisation de la RV :

  • Créer des services RV pour des banalités, pourrait créer des business lucratifs peu moraux (abuser de la détresse, solitude ou tristesse de quelqu'un pour se faire de l'argent).
  • Pour certains individus, il peut être très difficile de dissocier la réalité du virtuel. Sur certains cas assez vulnérables, cette utilisation peut être contre-productive - voire dangereuse.
  • Dans le processus de rétablissement ou de progression, surinvestir le pouvoir d'une technologie laisse peu de place au travail sur soi. La machine ou la technologie sont perçues comme salvatrices, sans échec, et sans effort à fournir.
  • Malgré tout l'intérêt que cette technologie présente, elle ne remplace pas la relation humaine avec un soignant capable d'émotions et d'empathie.

Pour en savoir plus sur le sujet de la réalité virtuelle, vous trouverez en suivant des articles d'étudiants au MBA DMB

La Réalité Virtuelle : L’avenir du cinéma ?

Réalité virtuelle : un nouvel outil pour le travail à distance

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