Luxe, utopies et réalités
La neuvième édition de la conférence Paris Luxury Summit en décembre dernier à Paris avait pour thème "Luxopia : les utopies concrètes". Stephane Truchi , CEO du Groupe Ifop , a présenté les résultats de sa dernière étude sur les attentes et les utopies des clients du luxe.
Le Paris Luxury Summit, organisé par CB News et Publicismediafrance , réunit chaque année les professionnels du luxe. Comment les clients du luxe se projettent-ils dans l’avenir et qu’attendent-ils des marques de luxe ? Le luxe répond-t-t-il à ces attentes ? Quelles sont les disparités entre les différents marchés ? En France, aux Etats-Unis et en Chine, 600 acheteuses de luxe ont répondu à l’IFOP.
Le luxe fait toujours rêver… mais attention aux prix
Stéphane Truchi pose d’emblée un repère pivot, la représentation du luxe comme un art de vivre et la recherche de la qualité et de l’exclusivité reste prédominante. La qualité (71%) et la créativité (71%) sont des notions fondamentales attachées au luxe, quel que soit le marché. Les clients attendent des marques qu’elles soient force de proposition, innovantes et précurseurs. Le prix ne semble pas être un frein. Si 33% des sondés seulement le perçoivent comme un obstacle, il subsiste quand-même une ambiguïté sur le sujet. Les hausses de prix constantes inquiètent, en particulier en France (78%) et aux Etats-Unis (59%). Si l’IFOP ne le précise pas, elles sont certainement considérées comme peu justifiables, plus dictées par le marketing que par de réelles hausses de coûts de production.
Qualité et savoir-faire
Les notions de qualité, de raffinement et de plaisir restent une constante pour les clients du luxe sur tous les marchés, avec quelques particularités locales. En France, berceau du luxe et d’une tradition artisanale ancienne, le luxe est un « gardien du savoir-faire », aux Etats-Unis, il est davantage un « symbole de réussite » et un plaisir, en Chine, il est « raffiné, symbole d’un art » et confère un statut, une appartenance à l’élite.
Demain, un luxe plus inclusif ?
Comment les clients souhaiteraient-ils voir évoluer les marques ? Dans les réponses, l’engagement ressort nettement : ne pas exclure, travailler dans le sens de l’inclusivité à tous les niveaux, être moins élitiste (45%), respecter l’environnement (41%), être plus engagé dans la société (38%). Pour revenir sur le prix, il n’apparaît pas comme un frein à l’achat mais il est considéré comme un facteur fortement excluant. Si cette réponse peut paraître paradoxale car les clients sont aussi à la recherche d’une certaine exclusivité, ils craignent sans doute d’être un jour exclus à leur tour. D’une façon générale, c’est dans le domaine de la non-exclusion et de l’inclusivité au sens large que les progrès sont attendus.
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Le digital est-il le graal ?
Lorsque l’IFOP interroge les clientes sur le canal de distribution idéal pour acheter un produit de luxe, les réponses sont, sans surprise, à la mesure de la digitalisation croissante. L’achat sur le site e-commerce de la marque est perçu comme tout autant désirable que l’achat en boutique physique aux Etats-Unis et en Chine (Etats-Unis : 44% préférence d’achat sur le site en ligne de la marque – 43% préférence d’achat en boutique physique ; Chine : 63% dans les 2 cas, à égalité entre le site et la boutique). Quant aux Français, ils plébiscitent à 62% l’achat en boutique physique, devant l’achat en ligne. Si le e-commerce affiche des résultats très positifs, la boutique physique et l’expérientiel client restent désirables sur tous les marchés.
A noter que la boutique en propre a une légère avance sur la boutique multimarque, les clientes anticipent dans la première une qualité de service supérieure.
Ce qui est souhaité, ce qui est probable
Pour conclure son étude, l’IFOP a mis en regard ce que souhaitent les clients et ce qu’ils jugent probable. Parmi les tendances fortes, 82% des clients aimeraient plus de personnalisation et d’accompagnement de la part des marques, 81% jugent probable cette évolution. En revanche, 81% des clientes souhaitent, en tant que citoyennes, que les matières premières utilisées respectent toutes les contraintes environnementales mais seulement 59% pensent que les marques agiront en ce sens. L’inclusivité recueille la même proportion de souhait (80%) mais là encore, seuls 66% des sondés estiment probable sa mise en place. Sur ces points, il y a un réel décalage dans la confiance accordée aux marques.
A l’inverse, et c’est une autre conclusion intéressante, le luxe est perçu comme entrant résolument dans l’univers des NFT et du Métavers, ce qui ne reflète pas -encore- une aspiration prioritaire des clients. Sur ce sujet d’avenir, le Groupe IFOP lance, en collaboration avec Darkplanning , une étude sur le potentiel du web 3.0 pour les marques de luxe. Intitulée « The Future [s] of Luxury & Beauty 3.0 », elle fera l’objet d’un article dans un prochain numéro.
Parution l'OFFICIEL Horlogerie & Bijouterie mars 2023
Directrice Marketing et Développement - Groupe Ifop (Ifop, Sociovision, Occurrence, Brain Value) - Paris, Shanghai, New York
1 ansUn grand merci Isabelle pour cet article qui met en lumière les principaux insights partagés par Stephane Truchi sur scène et qui valorise le travail remarquable mené par Remy Oudghiri, Ilana Rudiakov (ex Dupeyron) Michel Ladet en collaboration avec Eric Briones sur le Web 3.0 pour apporter aux marques des perspectives sur ce vaste sujet. L'étude est lancée...