Métier d'art : Facteur réparateur d'instruments
Luthier, facteur d’accordéons, de guitares, d’orgues, de pianos et de tous les instruments que l’on peut imaginer, derrière chaque note se cache un artisan d’art.
Forts d’un savoir-faire exceptionnel, ils affûtent dans l’ombre l’acoustique d’instruments que les virtuoses se chargent de faire vibrer en public.
La main et l’oreille
Le meilleur allier du musicien. C’est ainsi que l’on pourrait définir le facteur d’instruments. Des ouïes du violon, taillées au millimètre, à l’assemblage des pistons du saxophone, son savoir-faire permettra de jouer la note juste. Mais son travail ne s’arrête pas à la confection.
Bien souvent, celui qui fabrique accorde également et, enfin, restaure les instruments dont la jeunesse se fait lointaine. Le facteur doit alors composer avec des objets parfois très anciens, dont le matériau de base a pu se dégrader avec le temps. Dans tous les cas, le métier implique une sensibilité musicale, si ce n’est innée, au moins aiguisée par l’expérience.
Patience et minutie
L’artisan doit enchaîner quantité de manipulations pour confectionner l’objet final. Un violon se compose ainsi de 80 pièces, patiemment assemblées. Une charge importante qui vient s'ajouter au travail préalable d’ébénisterie. Pour un orgue, par exemple, il faut compter un an rien que pour fabriquer les pièces, et encore quelques mois supplémentaires pour les assembler.
Dans la confection, on l’a dit, chaque geste va modifier l’acoustique de l’instrument. Un labeur minutieux, à la précision d’orfèvre, qui implique un véritable amour de l’objet façonné, mais aussi une connaissance pointue de son utilisation. Et pour cela le facteur doit être musicien, comme le cuisinier est goûteur ou le parfumeur est “nez”. L’harmonie entre la main et l’oreille, l’objet et son utilisation, est la clé de la partition qui se joue dans les mains du facteur. Dans la restauration, cette qualité d’oreille se double d’une indispensable culture musicale ainsi que d’une bonne connaissance historique.
Pour servir le musicien, la mélodie et finalement l’oreille de l’auditeur, le facteur d’instruments utilise des matériaux adaptés d’un point de vue acoustique mais aussi des techniques spécifiques. L’Institut national des métiers d’art distingue d’ailleurs les facteurs et restaurateurs d’instruments selon le matériau utilisé, bois ou métal.
Des formations courtes mais un long apprentissage
Très souvent salariés de petits ateliers (1 à 3 personnes) attenants aux magasins de vente d’instruments, le facteur peut aussi s’installer à son compte une fois son carnet d’adresse suffisamment garni.
L’expertise acquise peut aussi le conduire à vendre ses analyses techniques et ses évaluations financière pour les collectionneurs ou les conservatoires.
La restauration, qui va du violoncelle retrouvé par le petit-fils dans le grenier de son grand-père à la mise en valeur d’objets anciens à forte valeur patrimoniale, emploie deux tiers des effectifs de la profession. Dans tous les cas, la petite taille des structures fait office de norme. Des PME et des TPE donc, dont 60% n’ont pas de salariés.
Pour commencer une carrière aux possibilités d’évolution multiples, pour les travailleurs rigoureux et talentueux, il faudra d’abord passer par un cursus d’apprentissage. Un processus forcément long tant le savoir-faire nécessite finesse et expérience. A la traditionnelle demi-douzaine d’années passées chez un maître il faut ajouter de multiples rencontres, échanges, discussions et formations supplémentaires pour élargir ses compétences et son réseau.
Le dialogue avec des musiciens est évidemment indispensable. Mais il faudra d’abord obtenir un des CAP spécialisés puis un brevet des métiers d’art (BMA) et éventuellement un DMA (bac+2). Des associations de professionnels comme l’Aladfi ou le Glaaf permettent ensuite de s’ancrer à un réseau mais aussi d’échanger sur le métier. La Chambre syndicale de la facture instrumentale créée en 1890, ouvre également des débouchés aux professionnels.
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