Métropole Booster (1/4) : "L'intention du beau crée de l'humain"​

Métropole Booster (1/4) : "L'intention du beau crée de l'humain"

Inspirations pour repenser la ville et l'espace public à partir de la gare

Dans quelques jours, je clôturerai, non sans émotion, un cycle de 25 années passées au sein du groupe SNCF. Et, au seuil de la porte, je ne peux m’empêcher de partager avec vous mon ressenti sur le futur de la ville, de l’espace public, de l’entreprise aussi à l’aune de ces années passées à la direction de SNCF Gares & Connexions. 

En 2016, nous avions écrit City Booster à partir d’une conviction : les gares, bien au-delà de leur utilité fonctionnelle, vont jouer un rôle majeur dans l’essor des cités contemporaines et devenir le centre nerveux et vital des villes de demain. La gare devient ainsi un booster économique, un lieu culturel, un acteur du développement durable et le partenaire d’un urbanisme partagé.

A l’heure où la métropolisation du monde est questionnée par de nombreux citoyens dans les pays occidentaux, il peut être utile d’observer les gares et leurs transformations comme un laboratoire social et économique.

Ainsi après quatre ans de mise en œuvre opérationnelle de notre stratégie City Booster, quatre pistes de réflexions m’apparaissent essentielles pour penser l’avenir des métropoles, de l’entreprise et du pays. Je développerai ici la première qui concerne le futur de l’espace public : l’intention du beau crée de l’humain.

L’intention du beau crée de l’humain

On ne le sait que trop, les gares pouvaient être perçues comme rebutantes, voire anxiogènes. Elles sont peu à peu devenues, je l’espère des univers agréables et confortables, où l’on se sent bien et où l’on a plaisir à passer du temps.

A l’origine de cette transformation, il y a un choix, affirmé, volontaire : investir sur le beau, entendu dans ses multiples dimensions : l’art, l’architecture, mais aussi le traitement de l’espace et de la lumière, l’ameublement, le choix des matériaux, tout ce qui introduit de la qualité dans l’espace public. Quand, dans les gares rénovées, les circulations aisées et les volumes dégagés créent une sensation de fluidité agréable pour les voyageurs, quand à Gare du Nord le choix est fait de rompre avec le code uniforme de l’espace public passe-partout pour proposer un sol qualitatif, c’est une manière d’exprimer le respect dû au client comme à l’usager. Quand des bancs sont installés sur le parvis de la gare de Grenoble, ou quand le projet de réaménagement intérieur de la gare Montparnasse est confié à un designer reconnu, Patrick Jouin, ou la rénovation de la gare de Nantes à Rudy Ricciotti, quand des cuisiniers de renom sont choisis pour créer l’offre de restauration (Christian Le Squer à Rennes, Michel Roth à Metz…), le niveau d’exigence et de qualité de l’espace proposé s’élève. Dans les gares, nous avons fait le choix de remettre des bancs, de privilégier des matériaux nobles comme le bois, de faire entrer davantage de lumière naturelle, et cette perception d’un univers beau recrée du lien social, dans et autour de la gare. Donner une identité originale à l’espace public, descendre à une extrême attention au détail et au beau, veiller à la qualité d’exécution, introduire du beau et du plaisir dans la vie quotidienne, y compris dans des espaces perçus jusqu’alors comme purement fonctionnels, tout cela change l’appropriation de l’espace : c’est une forme de respect que l’on doit aux citoyens. De la même manière, en créant une attention au beau dans la ville, les lieux publics se transforment, ce qui va influer sur le comportement des individus et contribuer au lien social. De plus en plus de lieux se préoccupent de « l’expérience » offerte, privilégient des matériaux à tonalités douces ou nobles, et tout cela crée une relation particulière avec les utilisateurs.

Les femmes et les hommes vivent mieux quand l’espace est plus beau. Les usagers sont incités à respecter davantage un espace qui est plus agréable, ils sont disposés à y rester plus longtemps, à consommer davantage. Dans le même sens, un espace beau, aux volumes généreux et lumineux, a moins besoin de vigiles : la qualité du lieu amène à civiliser, et à réfréner les comportements.

Ce qui se réalise dans les gares, c'est-à-dire dans les lieux où sont concentrés les flux humains les plus importants, en les transformant en lieux qualitatifs, en créant un sentiment de confort, d’énergie, peut l’être demain dans toute la cité.

Rendez-vous lundi prochain pour un autre enseignement de ces années passées au sein d’une entreprise qui a profondément évolué : contrairement aux idées reçues, avancer tous azimuts démultiplie les effets des transformations.

Ou trouver ton texte , cher patrick ? Chaleureusement !

Pourquoi l'intention du beau, et non pas , tout simplement le beau crée de l'humain? L'intention ne suffit pas.

veronique godefroy

Coloriste en Architecture

5 ans

Une belle vision de l'architecture intérieure qui met l'humain au centre de la demarche spatiale. Le fond inspire la forme.

valerie verhaest

Directrice de la maîtrise d'ouvrage des Technicentres TGV

5 ans

Merci d'avoir donné aux gares la place qu'elles méritent dans la société et dans notre belle SNCF !

Benjamin Huteau

Directeur de l’axe TGV Sud-est

5 ans

Merci Patrick pour m’avoir appris cette leçon et cette extrême attention aux détails.

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