Métropole Booster (4/4) : l'art dans l'espace public est un vecteur d'intégration

Métropole Booster (4/4) : l'art dans l'espace public est un vecteur d'intégration

Je voudrais pour ce dernier billet (cf. billet 1, billet 2, billet 3) évoquer un sujet qui m’est cher : l’art dans l’espace public.

Nous ne l’avons pas toujours en tête, mais lieu de départ ou d’arrivée, la gare est un lieu de vie et un lieu de flux, où passent chaque jour en France autant de personnes qu’en un an au Musée du Louvre. 10 millions de visiteurs, de tous horizons, de tous âges, de toutes classes sociales et de tous pays, se retrouvent dans une gare, lieu le plus passant, le plus habituel et le plus démocratique. Elle est ainsi le lieu idéal pour rendre la culture accessible au plus grand nombre.

Cette idée originale, faire entrer l’art dans la gare, rencontre un succès extraordinaire. Depuis plusieurs années, un réseau de plus de cent gares, réparties dans tout l’hexagone, fait rencontrer l’art et la culture au quotidien à des millions de voyageurs et riverains. Photographie, peinture classique, street art, lieux d’expression libre, images de films, reproductions de chefs-d’œuvre, installations monumentales et immersives, visuels de spectacles de théâtre, et bien sûr pianos, l’étonnante diversité des œuvres régulièrement exposées en gares offre à tous une perception de ce qu’est l’art vivant aujourd'hui, elle fait partager à tous des regards d’artistes, dont la présence était jusqu’alors inédite dans un lieu public.

Quand on y pense bien, la gare, lieu de passage et de partage, n’est-elle pas l’un des espaces le plus approprié pour l’art ? L’art respire et vibre dans les lieux où on vit, on bouge, on respire. Là où les hommes sont. Quel artiste n’a pas déploré l’emprisonnement de l’art dans les vitrines figées des musées, dans les lieux institutionnalisés, dans les moments officiels ? En gare, pas d’exclusive, pas de norme, pas de barrière, pas d’intimidation, pas de ségrégation : l’art en gare suscite la réflexion, il fait sortir le piano de la salle de concert, fait sortir l’artiste des lieux réservés à quelques-uns, étend l’empire des œuvres d’un musée en les faisant sortir au-delà de ses limites architecturales et institutionnelles, fait vivre un festival hors de ses murs.

Les œuvres d’art se sont magnifiquement appropriées le lieu de la gare. A Paris-Austerlitz ou à Paris-Gare de Lyon, des panneaux d’exposition ont été installés dans les couloirs, des représentations de photographies ou des peintures sont apparues au-dessus de la signalétique ou des horloges propres aux gares : le beau a pris ses aises sur l’utile, pour le plus grand bénéfice des usagers-spectateurs.

Tout cela crée aussi in fine une mobilisation sociétale, un lien social. Quand les œuvres du Centre Pompidou de Metz sont offertes aux regards de ceux qui marchent, longent les grilles de la gare de l’Est, c’est l’art qui vient à leur rencontre, s’impose à leurs yeux : un art au plus près des femmes et des hommes, un art devenu proche. Finalement, la gare est devenue une plateforme physique extrêmement moderne d’échanges de contenus culturels ; en cela, elle propose des valeurs communes qui cimentent la société, et permet une nouvelle perception du monde.

Pour conclure cette série, quelques derniers mots.

La gare est le lieu le plus inclusif de tout l’espace français, et peut devenir un modèle de l’espace public urbain de demain. Reconnue comme un véritable pôle économique et social, au-delà de sa propre activité, la gare produit des externalités positives. Aujourd'hui, elle accompagne et anticipe les grandes mutations de la ville ; demain, le renouveau des espaces urbains peut être inspiré et impulsé par les gares.

Les enjeux de l’heure appellent à consacrer du temps de réflexion et de conception à l’avenir de nos métropoles.

Le fort mouvement de métropolisation en marche ne s’arrêtera pas avec les perturbations du moment. Il s’accéléra parce que la métropole porte le dynamisme économique régional et permet d’aller chercher des relocalisations industrielles et de service à l’ère de l’économie digitale. Il s’accélèrera parce que seule la métropole permet le débat démocratique à échelle humaine, permet de comprendre les décisions politiques et d’en voir concrètement les effets dans la vie quotidienne.

La ville de demain doit satisfaire un impératif de démocratisation et de lien social. Au cœur d’une ville repensée, la gare est un lieu de vie à part entière, un quartier de ville, au service de tous, sans exclusion. J’espère, aux côtés des équipes de SNCF Gares & connexions, y avoir contribué ces dernières années. A bientôt, pour de nouvelles aventures.

Bravo pour ce bel article, pour G&C et belle aventure chez Tilder !

J’adore l’idée !

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