Ma vision de l'entrainement
Durant ma formation (DJEPS Cyclisme Traditionnel) je définissais l’entraînement comme « le fait de développer les capacités d’un athlète dans un but et un temps précis, le tout en interaction étroite avec ce dernier et dans la confiance mutuelle pour qu’il devienne à terme autonome dans son entraînement et sa pratique ».
Cette définition n’a que peu évolué depuis. Je vais expliciter cette définition personnelle dans cet article.
Tout d’abord, je pense que l’entraîneur doit connaître son athlète tout en respectant sa vie privée. Cette connaissance débute par un entretien individuel au début de la relation d’entraînement. Celui-ci doit être le plus poussé et détaillé possible tout en respectant l’athlète. Il en va du succès du processus d’entraînement en ce sens qu’il pose les premiers jalons de la confiance entre l’entraîneur et l’athlète. Cette confiance est nécessaire pour que la relation d’entraînement soit fructueuse pour les deux parties. La connaissance de l’athlète par l’entraîneur se prolonge durant tout la relation entraîneur-entraîné.
Je considère que cette connaissance est une des pierres angulaires, avec la connaissance de la discipline en question, de la réussite tout entraînement. En effet, l’entraînement est un processus individuel car il a pour but de faire progresser un athlète dans sa singularité. Il y a autant de processus d’entraînement que d’entraîneur et de sportif.
Pour autant, l’entraineur doit utiliser les grands principes de l’entraînement (principe de continuité, principe d’alternance des charges d’entraînement, principe de spécificité etc.) dans son travail et qu’il doit adapter aux spécificités de son athlète.
Un entraîneur compétent doit donc, à mon sens, se référer aux principes de l’entraînement dégagés par les expériences scientifiques menées par ses pairs et les chercheurs spécialisés dans ce domaine. Pour autant, il doit les appliquer sous le prisme des caractéristiques physiologiques et psychologiques de son athlète.
Ainsi, il y a une multitude de manières d’entraîner. L’entraînement est influencé par la personnalité de l’entraîneur mais aussi de l’athlète entraîné.
Par ailleurs, il me semble important dans un processus d’entraînement sérieux et réaliste de ne pas multiplier les objectifs à atteindre pour le coureur et le nombre de points forts ou de lacunes à travailler durant la planification annuelle de l’athlète. Ces objectifs et ces capacités devront être de deux ou trois chacune par an.
Il est préférable, à mon sens, de travailler sérieusement et longuement peu de qualités plutôt que de se disperser et de courir plusieurs lièvres à la fois. Ces qualités et lacunes peuvent être choisies en fonction d’un objectif sportif défini conjointement par l’entraînement et le coureur, ou, à partir des caractéristiques à développer sur une ou plusieurs années notamment en fonction de l’âge de l’athlète (par exemple l’explosivité pour un junior).
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En outre, selon mon point de vue, un entraîneur compétent et pleinement concerné par son métier doit veiller à ce que toutes les possibilités à sa disposition et à celles de l’athlète soient utilisées durant le processus d’entraînement. Il peut s’agir des possibilités matérielles comme un capteur de puissance, un vélo de contre-la-montre, un compteur GPS ou de possibilités environnementales comme les plages de disponibilités du coureur, la topographie du terrain autour du domicile de l’athlète mais aussi les infrastructures disponibles autour de ce dernier (piscine, salle de musculation…).
Les objectifs, les aptitudes travaillées et les contenus de séance sont grandement influencés par les capacités, envies mais aussi contraintes (compressibles ou incompressibles) liées à l’athlète mais aussi l’entraîneur. Même s’il existe un certain nombre de principes à respecter (principe de continuité, principe de spécialité…) l’entraîneur garde une grande liberté pour organiser conjointement avec l’athlète le processus d’entraînement de ce dernier. Je considère que l’intérêt de ce métier réside dans cette nécessité perpétuelle de devoir s’adapter à l’athlète et à son environnement. Il nécessite pour l’entraîneur une incessante adaptation, créativité et prise de recul dans son métier. La période de confinement inédite dans l’Histoire de la France en est un exemple saisissant.
Il y a dans l’entraînement une grande part de liberté comme cela est explicitée plus haut. Mais cette liberté ne doit pas être confondue avec une absence totale de cadre voire d’anarchie dans l’entraînement. Ce cadre est certes défini par les grands principes de l’entraînement mais aussi par la relation entraineur-entraîné construite au fur et à mesure du processus d’entraînement. J’attache une grande importance à cette relation en veillant toujours à ce qu’elle convienne à l’athlète. Je pense que cette relation a pour but, certes de rendre autonome l’athlète dans son entraînement en lui fournissant et explicitant l’expertise nécessaire à un entraînement efficient (technique, analyse des séances…), mais surtout d’offrir un cadre serein à ce dernier.
Ces temps privilégiés d’échanges permettent à l’athlète de poser des questions, expliciter ses envies et ressentis sur son entraînement. Répondre à ces aspirations concourt, je pense, à rassurer l’athlète qui se sent réellement pris en compte dans la définition de son propre entraînent. Personnellement, je considère la faculté d’entraîner comme un processus profondément singulier. Il ne peut y avoir d’entraînement pertinent sans prise en compte de l’athlète dans son ensemble.
En effet, je pense qu’il est nécessaire, pour emporter l’adhésion de son coureur sur son propre entraînement, de l’écouter et de l’adapter à sa propre personnalité. Je considère qu’un entraîneur se doit de répondre à chaque question posée par le coureur ou alors de se rapprocher d’une personne qui pourrait y répondre s’il n’en a pas la compétence. C’est ce que je fais, notamment, pour l’entraînement en musculation de mes coureurs. L’entraineur doit donc être capable de s’entourer de professionnels compétents dans leur domaines respectifs (musculation, nutrition…).
Ce cadre permet selon moi de donner confiance à l’athlète, confiance nécessaire à la réussite de tout objectif qu’il soit de résultat (un podium sur course par exemple) ou de moyen (être capable de se placer à l’avant du peloton par exemple). Il sert aussi à parer convenablement à l’imprévu qui est consubstantiel à la pratique sportive et à l’entraînement sportif.
Source :
Antoine Chevalier, Dossier d’entrainement écrit dans le cadre du DEJEPS Cyclisme Traditionnel, CREPS de Poitiers, 2020.
Vendeur comptoir PRA
2 ansSympa l'article 👍 Et merci pour la photo 😁