Mais où est donc passé le Président du Conseil d'État?
M. Macron, que la sagesse n'habite pas, a choisi le décisionnisme contre le normativisme, le juriste, un rien anachronique et marqué, Carl Schmitt, contre Hans Kelsen, Machiavel contre Emmanuel Kant.
Étonnamment sans conscience de la force et des conséquences des instruments institutionnels qu'il s'approprie, et dévoie, M. Macron semble marqué par l'envie d'exister institutionnellement au delà des pouvoirs qui sont les siens, comme porté par quelque lubie. Il se trouve aujourd'hui comme un piètre rétiaire, dans un cirque, pris dans les filets où il comptait capturer ses adversaires.
" Toute société dans laquelle la garantie des droit n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution" nous dit l'article 16 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789, partie intégrante de notre Constitution du 4 octobre 1958, sur le respect de laquelle le Président de la République doit veiller (Article 5 Constitution) et sur le respect de laquelle M. Macron veille mal.
Le Premier Ministre est institutionnellement Président du Conseil d'État, qui est présidé de fait par son Vice-Président, haut magistrat, relativement indépendant, en tout cas mieux pétri de légitimité que M. Macron.
Lorsque le politique contrecarre le fonctionnement des institutions, il pourrait être sain que les institutions rendent les moyens de sa légitimité au politique. À l'instar de la présidence de la République temporairement confiée au Président du Sénat en cas de vacance de celle-ci, l'on pourrait organiser, en droit, pour le fonctionnement républicain de nos institutions, un gouvernement technique et provisoire confié à de réels serviteurs de l'État.
Il faut soustraire à Jupiter ce qui appartient à César.