🔍Mais où va-t-on ?

🔍Mais où va-t-on ?

Le récent spectacle offert par nos gouvernants et nos parlementaires révèle un manque criant de vision à long terme, menaçant notre système de soins et sapant la confiance envers les décideurs. Avenir Spé soutient les compromis positifs, mais déplore l'absence de vision à long terme. Il est impératif de redéfinir nos priorités en engageant des réformes courageuses, essentielles au maintien de la qualité des soins et de notre protection sociale. Le changement est difficile, mais essentiel pour préserver notre système de protection sociale ; encore faut-il un pilote…

Avec ou sans le 49-3, quel spectacle affligeant de la part de nos représentants et de nos gouvernants ! Personne aujourd'hui dans la société civile ne les défendra. Combien sont réellement capables d'accepter une politique du compromis ? Combien pourraient porter des réformes structurelles ? Et combien seraient prêts à refonder notre contrat social, qui en a cruellement besoin ? Nous ne voyons que des propos populistes et démagogiques alors même que la situation se dégrade. Et pourtant, le gouvernement, à travers son administration, ne trouve rien de mieux à faire que d’initier une tribune contre une entreprise privée, Doctolib, réalisant seulement maintenant qu'un risque monopolistique existe encore. Cela pourrait prêter à sourire en d'autres temps, mais aujourd'hui, c'est à la fois pathétique et inquiétant, révélateur de l'incurie de ces dirigeants.

En ce qui concerne la loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), Avenir Spé constate qu’un petit groupe de députés et sénateurs a réussi à dégager un texte de compromis dans le cadre de la Commission Mixte Paritaire et cela mérite d'être salué. Cependant, le résultat demeure en deçà des attentes, sans vision à moyen et long terme. Les vieilles recettes, ressorties des tiroirs de la haute administration pour des solutions à court terme, prennent le devant de la scène. Dans ces conditions, notre système de soins ne s'effondrera peut-être pas, mais les professionnels de santé, notamment ceux du secteur libéral (médecins, entreprises du médicament ou des dispositifs médicaux, transports, etc.), seront les variables d'ajustement. Et aucune économie structurelle sur les personnels administratifs n'est envisagée !

Ce texte met en lumière un manque flagrant de vision pour redéfinir notre système de soins. Les anciennes recettes se révèlent à nouveau :

  • Réduction des ressources : une diminution de 200 millions d’euros de l’enveloppe financière pour la médecine de ville, déjà insuffisante, alors que les marges de manœuvre pour redonner accès aux soins résident probablement dans ce secteur. Quant à la réduction des fonds régionaux FIR, qui sont la seule enveloppe vraiment accessible pour financer des innovations libérales, elle constitue une grave erreur.
  • Obligations mal ciblées : des obligations sont imposées aux acteurs des soins non programmés, qui répondent pourtant bien aux besoins de la population, comme le montre leur forte fréquentation. Plutôt que de les stigmatiser, il serait plus judicieux de les intégrer dans une dynamique de qualité, de pertinence et de traçabilité, en les utilisant comme des outils de proximité en coordination avec les acteurs historiques.
  • Régulation inadéquate : pour ceux qui sont opposés à la régulation de l'installation, le texte sur les soins non programmés ouvre la voie à une régulation globale du secteur libéral. Cette mesure pourrait se retourner contre ses partisans.
  • Pouvoir exacerbé : l’article 15 du PLFSS confère de nouveau des pouvoirs excessifs au Directeur général de l’Assurance maladie pour réduire les tarifs. Cet article sapera le principe de négociation et nuira à la confiance entre les acteurs, diminuant ainsi l'attractivité des professions.
  • Contradiction flagrante : pourquoi avons-nous signé une convention si elle nie l'exercice de la négociation et du contrat de confiance ? Cette démarche que nous avons tenté de promouvoir se voit ainsi réduite à néant. Une telle attitude montre que les parlementaires s’assoient sur les principes et l’exercice de la négociation tout en critiquant l’utilisation du 49-3. C'est risible. Cela revient à tuer la démarche que nous avions amorcée.
  • Impact sur les retraites : qui paiera les exonérations de cotisations retraite dans le cadre du cumul emploi-retraite ? La caisse complémentaire des médecins libéraux, déjà pénalisée par l’incurie des politiques et des syndicats qui ont porté le numerus clausus. Nous laissons aux retraités et aux actifs endosser ce fardeau. Une mesure en faveur de l’installation des jeunes aurait été beaucoup plus visionnaire.
  • Courage politique demandé : pouvoirs publics, parlementaires, Vous ne prenez aucune responsabilité pour informer les patients sur le non-remboursement possible de certains médicaments ou soins ; cette charge devrait pourtant vous incomber. Cette décision, ne fait qu’alourdir la charge administrative pesant sur les professionnels de santé. Exiger que ces derniers informent les patients sur les non-remboursements est votre responsabilité. Ayez au moins le courage de vos décisions.
  • Financements hospitaliers inappropriés : augmenter les financements pour les hôpitaux sans contrepartie, c’est ignorer que les économies doivent se concentrer sur la réduction des personnels administratifs au profit des soignants. C’est donc inapproprié.
  • Taxes dérisoires : enfin, une "taxe lapin" que l'on sait inapplicable relève de la pure démagogie.

Nous ne nions pas que certaines décisions soient positives, notamment celles en faveur des plus fragiles. Mais il en est d’autres qui sont indispensables, comme la conservation du secteur 2, dont les tarifs sont aujourd'hui manifestement trop bas. Il existe une volonté d'engager des actions vers la mise en place de la pertinence et des économies, mais cet effort reste pour l’heure circonscrit aux professionnels et aux usagers. Il est pourtant impératif de réfléchir à des économies sur le train de vie de l'État et de « dégraisser le mammouth », comme certains l'ont imaginé.

En l'absence d'une loi de financement de la sécurité sociale, quel sera l'impact sur l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire, sur les installations, et sur la convention que nous venons de signer ? Le comité d’alerte ne manquera pas d'émettre un avis et de figer les décisions conventionnelles. Nous subirons encore des retards ; l'absence de confiance et l'attrait déclinant pour le secteur nuiront à la qualité des prises en charge.

Avenir Spé, premier syndicat des spécialistes porte cette volonté de mutation. Il s’engage sur la qualité, la pertinence des soins alors que nombreux autres acteurs refusent d’évoluer, au détriment des soignants de demain. Le changement est difficile, nous en sommes conscients. Il est pourtant indispensable pour le maintien de notre système de protection sociale et de soins.

Benoit Lequeux

Cardiologue , #IA #digitalhealth #esante #heartfailure #hypertension #apnea #sleepdisorder

4 sem.

Compliqué d'avoir une vision longtermiste avec un gouvernement et des ministres de la santé courtermiste.

Pascal GRIES

Expérience en médecine nucléaire. Management en santé. Evolution professionnelle en data science et IA appliquée à la santé.

4 sem.

Ce n’est pas à l’HPCN qu’on va trouver l’inspiration 😡

Véronique Garlis Boulaire

cadre IPDE Présidente du Syndicat National des puéricultrices DE

4 sem.

Je ne peux que te rejoindre Patrick ! Et tu le sais ! Quand est ce que l’on réfléchira dans l’intérêt du patient et non pas que dans l’intérêt de sa profession ? Les jeux en douce et l’intérêt particulier ne serviront jamais la santé en France … l’espoir est peut-être qu’un homme d’état écoute et s’empare du sujet…Mais il y’en a peu à défaut des hommes politiques qui ont besoin de briller…

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