Mais qu’est ce qui prend subitement Enedis de changer des compteurs ?

Comment dire… Tout d’abord, ça fait quand même « un peu » partie de son cœur de métier… (poser, réparer, entretenir, renouveler tous les éléments du Réseau Public de Distribution de l’électricité). Et justement, le compteur fait partie intégrante de ce réseau…

Ensuite, concernant Linky plus particulièrement, inutile de préciser qu’il s’agit de la mise en application d’une directive européenne transcrite dans le droit français. En gros, ça veut dire qu’Enedis applique la loi, et seulement la loi (levez la main droite, et dites "je le jure"…).

Après, on peut aussi rapidement ajouter que dans toutes les Conditions Générales de Vente (que chaque client a accepté en souscrivant son contrat), le Distributeur (ici Enedis) a pour mission de développer et d’exploiter le Réseau Public de Distribution en vue de permettre l’acheminement de l’électricité. Pour cela, et comme évoqué précédemment, Enedis se doit de l’entretenir, de le réparer, mais aussi d'anticiper en le développant afin de suivre les évolutions technologiques.

Hormis le cadre strictement légal (et peut être un peu barbant...), qu’est ce que c’est que cette nouvelle lubie de vouloir remplacer des compteurs ? Et bien ce n’est ni une « lubie », et finalement pas si nouveau que ça…

La vraie question pertinente à se poser (hein @Stéphane ?) serait plutôt : pour un Distributeur, est-ce vraiment nouveau de changer des compteurs ? Et bien pour répondre à cela, laissez moi vous compter une petite anecdote…

Début 2016, j’étais allé visiter un show room Linky où de multiples compteurs y sont exposés. Un vrai (petit) musée qui parle un peu du passé bien sûr, mais qui évoque surtout largement le futur, avec les smart grids, les maisons connectées, les véhicules électriques etc… J’y avais bien sûr retrouvé le vieux compteur dont je suis moi-même équipé (vous avez lu ? Je ne dis pas « mon » compteur, mais bien « le » compteur, car il ne m’appartient pas), mais également de nombreux autres compteurs aux aspects parfois bien étranges…

Or si vous regardez attentivement la photo ci dessus, on remonte jusqu’à 1926… Mais ce n’est pas tout...

Bien sûr, Enedis n’en menait pas large en 1926… Car au début de l’électrification du pays, il existait une multitudes de petites sociétés produisant et acheminant l’électricité. Et ce n’est qu’en 1946 que s’est opérée une forte concentration afin de lancer l'électrification du pays tout entier (avec la création d’EDF en 1946, fruit de la nationalisation des biens de 1450 entreprises de production, de transport et de distribution d’énergie électrique).

Mais revenons à nos compteurs, et aux dates de leurs apparitions… (j'ai mis des p'tites flèches rouges)

De 1910 à 1946, les évolutions technologiques, ou du moins l’apparition de nouveaux compteurs, interviennent à un rythme irrégulier. Mais lorsque finalement en 1964 le compteur électromécanique apparait massivement dans les foyers, il s’est déjà écoulé 19 années depuis 1945 (« seulement » 19 années devrais-je dire).

1964…

A t’on vu alors des comités « anti-électroméca » ou « STOP EM » se créer pour lutter contre un maléfique disque qui tourne, et qui risquait d’hypnotiser les clients ? Non, aucun. Mais bon, je vous le concède, Stéphane Lhomme n’avait qu’un an, et avait donc une véritable occupation à cette époque, celle de vider ses biberons puis de remplir ses couches…

1990…

Ce n’est que 26 ans plus tard en 1990, qu’une nouvelle révolution a pourtant lieu avec l’apparition du Compteur Bleu Electronique (CBE).

Electronique vous dites ? Mon Dieu !!! Est-ce à dire qu’à cette époque là, les clients ont laissé entrer en masse un « boitier » ELECTRONIQUE au cœur de leur domicile ? (remarquez qu’on dit plus facilement « boitier » que « compteur » pour dénigrer le matériel…). Et bien oui, tout comme pour Linky, les nouveaux raccordements se faisaient alors avec un CBE (comme maintenant pour Linky). Et pour le parc existant, au fur et à mesure des interventions si un changement de compteur était nécessaire, le vieil électroméca partait à la benne (mais sans recyclage contrairement aux remplacements actuels), et un CBE tout neuf était installé.

A ce stade, il est important de noter qu'à cette époque là non plus, "l'autorisation" du client n'était pas nécessaire, car tout comme aujourd'hui, le compteur déjà faisait partie du Réseau Public de Distribution de l'Electricité, et ça se passait très bien.

Mais me direz vous, là non plus pas de comités « Anti CBE » ? Pas de « STOP CBE » ? Et bien non. Pourtant, on faisait alors entrer dans les foyers une maléfique notion d’ELECTRONIQUE à la place d’un paisible compteur MECANIQUE… Là aussi ce changement de compteur était synonyme de progrès pour le client, puisqu'il permettait l'apparition de nouveau tarifs comme Tempo par exemple.

Mais dites donc, si vous avez été attentifs, j’écrivais un peu plus haut que les anciens électromécas partaient à la benne (comme bien des déchets industriels dans ces années là). Ça n’a choqué personne ? En tout cas, ça ne choquait pas à cette époque pas si ancienne que ça. Car en 1990, la notion de recyclage n’était pas autant dans les esprits que de nos jours. Heureusement, bien des progrès ont été réalisés depuis, et à ce titre, merci Linky !

En effet, il est important de noter qu’aujourd’hui dans le cadre du déploiement de Linky, ce sont autant d’anciens compteurs qui partent… au recyclage ! Et comble de bonheur, tout en faisant travailler des entreprises d’insertion ! Linky permet donc d’allier respect de l’environnement et travail solidaire.

Mais revenons à 1990. Que faisait alors notre Stéph’ national, véritable Don Quichotte des temps modernes ? Pourtant, avec cette notion d’électronique avec ses ondes qui envahiraient donc les foyers, et de ces millions de compteurs qui étaient jetés parmi les déchets, il y aurait pu avoir tout un pays à sauver, des millions de personnes en danger ! Bref...

Un cycle d’évolutions technologiques.

Donc si je résume...

• 19 ans après 1945, sortait le compteur Electromécanique.
• Puis 26 ans après l'électroméca, c’était au tour du Compteur Bleu avec l’avènement de l’électronique.

Alors, est il donc totalement farfelu qu'encore 25 années plus tard, soit maintenant déployé un nouveau compteur pour coller aux besoins contemporains de notre époque (voitures électriques, éolien, photovoltaïque, autoconsommation, internet, etc…) ?

En fait non, c’est tout à fait logique au contraire. Et puis, une révolution des dispositifs de comptage au bout de 25 ans, ce n’est vraiment pas de l’abus. En fait, ce qui bouscule un peu les habitudes, c’est la notion de déploiement en masse (35 millions de compteurs) sur une période très courte (2015-2021). Mais en fait, il s’agit d’une période pas si courte que ça, car c’est sans compter l’expérimentation qui s’est déroulée depuis 2010 en Indre-et-Loire et sur la ville de Lyon. Et puis surtout, la transition énergétique n’attend pas, c’est ici et maintenant !

Vétusté ? Obsolescence ? Ou au contraire, gage de durabilité dans le temps ?…

Tout ceci, c’est sans compter avec une notion « fluctuante » dans l’esprit humain du concept de durabilité, ou au contraire de vétusté. Parfois, ces notions varient très fortement, pour peu que l’on veuille conserver, ou bien se débarrasser de quelque chose…

Je m’explique...

Au cours de mes fonctions passées, j’avais en charge de gérer une activité de traitement des réclamations QF (Qualité de la Fourniture) pour les clients dont les contrats étaient compris entre 3 et 36 kVA.

Parmi ces réclamations, apparaissait assez régulièrement le cas du vilain poteau que l’on trouve moche car, il est gris, un peu effrité, il a du lichen… (mais surtout, il est visible depuis chez moi et j’aimerais bien le voir… ailleurs). Et bien figurez vous que l’argument principal qui était mis en avant pour justifier de son remplacement (…et où le réclamant ajoutais qu' "à l’occasion vous le mettrez un peu plus loin") était justement :

« vous vous rendez compte ? Ce poteau date de 1960, c’est écrit dessus ! Il est totalement vétuste ! C’est hyper dangereux ! Mon chien risque sa vie chaque jour en le reniflant ! (bon là, j’exagère, mais parfois on n’en était pas loin…).

Du coup, ce poteau de 1960 (qui est un bloc de béton armé) serait donc obsolète uniquement de part son âge ? Alors que dans le même temps la bâtisse du client datant de 1937 fait la fierté de son propriétaire (et elle ne s’écroule pas pour autant). Soyons sérieux...

Le pire avait surgit un jour du printemps 2010, où une semaine après le passage de la tempête Xynthia, un client évoquait un vieux poteau gris et moche (mais en parfaite santé), pour nous dire qu’il était très dangereux, et qu’il risquait de tomber (à noter que lors des années précédentes, ce client multipliait les demandes d’enfouissement gratis, ou de déplacement au frais… des autres).

• Mais m’sieur le client, après contrôle sur place, et vu que le poteau vient de passer avec succès le test « Xynthia », nous pouvons vous certifier qu’il remplit toujours parfaitement son rôle !

Mais quel rapport avec Linky ?

Et bien concernant ce magnifique compteur vert (et pas jaune, comme le décrivent les journalistes qui ne l’ont jamais vu et qui pourtant en parlent comme s’ils l’avaient conçu), il faut juste remplacer la phrase :

-         « vous vous rendez compte ? Ce poteau date de 1960, c’est écrit dessus ! Il est totalement vétuste ! Il faut le remplacer (déplacer, enterrer…) d’urgence ! »…

par la mention :

-         « vous vous rendez compte ? « mon » compteur date de 1960 ! Il est parfaitement fiable ! Il faut absolument le laisser en place ! C’est du gaspillage ! »…

Bref, le vieux poteau en béton est bon à remplacer juste en raison de son âge, tandis que le vénérable compteur doit être absolument conservé… eut égard à cette même notion de temps…

Mais demandez vous plutôt :

• « Votre » compteur actuel est il téléopérable ? Non
• Vous permet il l'accès à de nouveaux tarifs ? Non
• Vous permet il une mise en service sous 24h au lieu de 5 jours ? Et sans déplacement ? Non
• Vous permet il une baisse de nombreuses prestations (du fait de l'absence de déplacements) ? Non
• Vous permet il de suivre votre consommation au quotidien ? Non
• Vous assure t'il une véritable relève mensuelle ? Non
• Vous permet il une facturation exacte, chaque mois, sur des index réels et non plus estimés ? Non
• Vous protège t'il contre les surtensions ? Non
• Informe t'il Enedis d’une panne dans le quartier avant même que vous ne soyez rentré chez vous ? Non

Bon on arrête là, mais vous l’aurez compris, même s’il fonctionne très bien, « votre » précédent compteur est devenu obsolète, et il est grand temps de procéder à sa "mise à jour". Merci Linky, et bienvenu à tous dans le XXIème siècle !

Seuls équipements garantis à vie !...

Une dernière chose avant de vous quitter… Imaginez un peu votre réfrigérateur qui a 20 ans, et qui selon vous fonctionne encore très bien (alors qu’il représente en fait un véritable gouffre énergétique, mais c'est un rêve s’il arrive déjà à cet âge canonique). Et bien imaginez encore qu’un professionnel du secteur, doté d’une solide expérience d’au moins 72 ans (1946-2018) vienne vous le remplacer gratuitement par un modèle high tech tout à fait contemporain, et vous le garantisse… à vie !

Et bien sachez que c’est pratiqué au quotidien depuis toujours par Enedis. Car comme toujours, le compteur électrique qui est mis à disposition de chaque client est garanti à vie. Il est remplacé/réparé gratuitement en cas de panne, et nos équipes de dépannage sont joignables 24h/24 et 7j/7 !

A quand un réfrigérateur garanti à vie, et son SAV accessible en permanence ?

Allez, vive Linky, et vivement 2021 que la France entière rattrape son siècle !