Maladies de l'oeil : l'intelligence artificielle meilleure que les médecins ?
Google Deepmind a développé un algorithme capable de détecter avec succès plus de 50 types de maladies oculaires en examinant des images 3D de la rétine, avec une marge d'erreur plus faible que les ophtalmologues.
En juillet 2016, DeepMind, filiale de Google spécialisée dans la recherche avancée en intelligence artificielle (IA) de Google, annonçait le lancement d'un partenariat avec le système de santé britannique NHS et l'hôpital Moorfields à Londres afin de développer une IA capable de détecter des maladies de l'oeil. Deux ans plus tard, les premiers résultats sont tombés et ont été publiés dans la revue « Nature Medicine » : le système mis en place par Deepmind serait meilleur que huit spécialistes de la rétine de l'hôpital de Moorfields, pourtant très réputé, quand il s'agit de détecter des maladies oculaires.
L'algorithme est ainsi capable de diagnostiquer avec succès plus de 50 types de maladies de l'oeil, simplement en examinant des images 3D de la rétine. Ainsi, le système de Deepmind peut non seulement détecter des pathologies comme le diabète ou la dégénérescence maculaire, mais peut également recommander le meilleur traitement pour les patients et suggérer les soins à mener de façon urgente.
Réduction des coûts
Ces tests ont été menés sur des scans rétiniens de 997 patients. En moyenne, l'algorithme de DeepMind a été crédité d'un taux d'erreur de 5,5 %, alors qu'il est compris entre 6,7 % et 24,1 % chez les huit médecins. De plus, l'intelligence artificielle a pu analyser les images immédiatement, alors qu'il faut généralement attendre plusieurs jours avant qu'un spécialiste humain puisse examiner les images.
Segmentation de couches rétiniennes. Trois coupes sélectionnées à partir de balayages OCT sur des patients présentant différentes pathologies. A chaque fois, le système IA a prédit le bon diagnostic. - Revue Nature Medicine
Reste que le taux d'erreur des spécialistes chutait sensiblement, une fois qu'ils recevaient, en plus des scans, des informations contextuelles sur les patients. Le taux d'erreur chutait se situait alors entre 5,5 % - même taux d'erreur que l'IA - et 13,1 %.
Face à ces résultats jugés « absolument stupéfiants »par le National Health Service, les patients de Moorfields pourraient voir l'IA de Google déployée d'ici à trois ans : « Nous réfléchissons désormais à une manière réfléchie et sûre de permettre à la technologie d'entrer dans la pratique clinique », indique un responsable de DeepMind. Pour le docteur Pearse Keane, ophtalmologue consultant et co-auteur de l'étude publiée dans la revue Nature, « l'une des choses importantes à faire dans les prochaines études est de montrer que non seulement cette approche améliore les résultats cliniques, mais réduit aussi les coûts ».
Ce n'est pas la première fois que l'intelligence artificielle se révèle plus efficace que les médecins dans le diagnostic. En mai dernier, la revue « Annals of oncology » publiait un article révélant un système d'intelligence artificielle capable de distinguer les lésions de la peau et grains de beauté selon leur degré de gravité. En juin 2017, une start-up française issue d'Inria, Therapixel, avait remporté un concours international de dépistage du cancer du sein sur des mammographies organisé par une douzaine d'institutions, dont IBM et Amazon.