Maltraitances en EPHAD : les effets du tout managérial?
Qu'il existe des institutions et des lieux de soins et de vie qui n'aient pas toujours respecté la dignité (pour le moins) des personnes hébérgées, qu'il s'y rencontre parfois peu de bienveillance, et même de la maltraitance, c'est l'évidence! Etait-ce le fait de personnels malveillants, excédés, fatigués, exténués, (et le manque d'empathie résulte souvent de conditions professionnelles dégradées, même si l'on sait qu'il peut aussi exister quelques malveillants "professionnels" -appelons-les, pour faire simple, des pervers-, donc d'une organisation du travail inadaptée? Ou est-ce systémique, c'est à dire tenant à l'idéologie dominante concernant ces lieux de soins et d'hébergement? Les deux, sans doute, la première découlant de l'autre. Certes cela n'excuse rien, et laisse entier le tragique et l'inacceptable!
A l'évidence l'idéologie managériale s'est installée dans le monde du soin, encouragée par les politiques gouvernementales et ses bras armés bureaucratiques : ARS, HAS, et le reste...! Qu'on en découvre aujourd'hui les effets pervers est au mieux de l'inconséquence (ces parangons de l'exigence de qualité ne l'ont guère mise en oeuvre, démontrant leur inutilité, ou un coût disproportionné à leur efficacité), car ces adaptes de la prévision n'ont rien su voir ou anticiper (il en est de même de la désertification médicale inscrite dans la pyramide des âges et qui aurait pu être anticipée par des mesures adaptées!), et pourtant ils ont la culture des indicateurs (tout projet, toute action, devant se résumer à des indicateurs, des croix dans des cases, des représentations d'action, qui oublient toute action, et même la rendent impossible, car il faut penser aux indicateurs d'abord : dire comment on a travaillé, comment on va travailler, travailler étant finalement devenu secondaire, pour autant qu'il reste du temps pour le faire!)! Et pour cela il y a inflation de dispositifs informatiques, et de professionnels logistiques, et de technocrates de la santé, voire des communicants, logés souvent dans de modernes cathédrales (les ARS notamment), tout ceci dévorant des budgets qui ne sont plus affectés aux fonctions soignantes! Qu'on a vanté l'hôpital-entreprise! Qu'on a montré combien le privé était plus efficace que le public§ Combien on a fragilisé les dispositifs publics (en précarisant notamment les personnels, et en fragilisant leurs statuts : combien de contractuels, voire de CDD!); et pourtant Maslow, avec sa pyramide des besoins nous a montré que le besoin de sécurité était nécessaire et indispensable, pour la mise en place d'autres comportements, dont empathie, altruisme, bienveillance...
Qu'on ne s'étonne pas que l'argent (et le bénéfice) soit central pour le secteur privé, et l'entreprise! C'est leur ADN. Cessons donc d'être hypocrite en feignant de le découvrir! Dès lors tout en découle : rationnalisation des choix budgétaires, politiques inspirées par la logique financière, réduction des coûts, et du principal, celui du personnel : qui est précarisé, et souvent sous-formé, avec des glissements de tâches qui peuvent ne pas être des exceptions. Certains auront même théorisé autour de la mutualisation, qui permet l'interchangeabilité, les roulements, la rotation, la perte de sens des métiers (qui perdent toute identité et habitus professionnels, dans des fourres-tout : coordonnateurs de parcours, par exemple). Cette théorisation est aussi à l'oeuvre dans la culture des protocoles : quand tout est défini à l'avance, à vrai dire il suffit d'appliquer, ce qui vide de sens encore plus les métiers, et l'initiative individuelle des agents. Sous couvert de qualité et d'efficacité on a redécouvert la taylorisation, dont pourtant on avait vu les limites, en son temps. Mais l'histoire n'est qu'un éternel recommencement; d'autant plus que nos décideurs n'ont plus de culture historique; quand bien même, "quand ils entendent le mot culture, ils ne sortent pas leur révolver"!
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Directrice
2 ansMerci Alain. Tout est dit 👏✋😉
Cadre de Santé
2 ansOn retrouve essentiellement une perte de sens, une fierté au service de l’usager de soins altérées par les différentes réformes censées améliorer l’offre de soins Néanmoins La culture de l’évaluation permet d’entrevoir des points d’amélioration mais chacun doit prendre ses responsabilités Les audits externes programmés ne reflètent en rien une réalité de terrain Nous sommes responsables de cette situation qui se dégrade depuis plus de 20 ans La T2A a dénaturé l’offre public L’hospitalisation d’un résident d’EHPAD en Centre Hospitalier est un parcours du combattant Absence de personnel diplômé Personnel en situation de burn-out Loyers exorbitants qui contraignent les résidents à vendre leur bien immobilier Qu’en est-il des Directeurs du Service des Soins Infirmiers ? Qu’en est-il du rôle propre Infirmier ? Qu’en est-il des valeurs soignantes ? Comment pratiquer des soins de qualité à flux tendu ? Pourquoi culpabiliser les soignants? Pourquoi ne pas comptabiliser seulement les agents présents auprès de l’usager des soins ? Je suis consterné d’entendre ou de lire dans les médias 7 agents pour dix résidents en Ehpad A minima un soignant prends en soins 10 personnes âgées Prenez soin de vous Rémi Rambonona
Medecin specialiste en geriatrie soins palliatifs accompagnement bienveillant et humain
2 ansL ehpad est le lieu du meilleur comme du pire Mais l hôpital c est encore pire parfois