Management sans conscience de soi n'est que ruine du leadership

La semaine dernière, sur la route vers l'amphi dans lequel je m'apprêtais à donner un cours de leadership, mon chauffeur de taxi engage la conversation et nous échangeons notamment sur mon ancien statut de salarié versus celui d'entrepreneur que j'endosse désormais. Et quand je lui fais la remarque que son métier lui donne cette liberté d'être son propre patron, il me répond avec le sourire que lui aussi a un patron, et en réalité plusieurs : ses clients !

Belle leçon de leadership, qui se niche décidément là où on ne l'attend pas. Qu'a ce chauffeur de taxi, qui fait défaut à bon nombre de managers ? Selon moi la capacité à s'ouvrir, à soi-même, aux autres, à son environnement : une curiosité à la connaissance de soi, à la réflexivité, que les anglo-saxons appellent la "self-awareness".


Etes vous si réflexifs que vous le pensez ?

"Evidemment, je suis le patron, je sais tout"

Bien souvent, au cours d'un coaching, les leaders que j'accompagne partagent leurs problèmes de communication avec leurs collaborateurs, leur entourage ... Ils ne comprennent pas les réactions des autres, ou pourquoi tout le monde n'agit pas comme ils le souhaiteraient. Ils sont persuadés de savoir tout ce qui se passe dans leurs équipes, voire de prévoir ce qui va se passer ; normal, ce sont les boss !

C'est à ce moment que je leur parle d'ouverture de leur cadre de référence, d'élargir leurs points de vue, de développer leur conscience de ce qui les entoure. On est en effet rarement conscient de ne pas l'être totalement, et on est souvent aveugle à sa propre cécité. Je vous renvoie par exemple à ce petit test de "conscience" en vidéo :


Quel risque à ne pas être réflexif ?

Avant tout, il est prouvé que le pouvoir développe la confiance en soi, mais de façon exagérée. Du coup, les managers sont moins enclins à écouter et à prendre en compte le point de vue de ceux qui les entourent. Beaucoup s’ancrent trop dans leurs propres perspectives et démontrent une capacité réduite à percevoir correctement celles des autres. A force de ne pas se poser de question et de rester centré sur ce que vous pensez être la vérité, vous donnerez petit à petit l'image d'un manager arrogant. Puisque vous pensez que votre point de vue est la vérité, tout écart constitue donc une erreur, et les autres ont donc toujours tort s'ils ne sont pas d'accord avec vous.

Ceci est particulièrement répandu chez les jeunes managers, qui ne se sont pas assez cassé les dents et n'ont pas subi assez d'échecs pour développer un semblant d'humilité. N'oubliez jamais la règle des 3H du management : humilité, humour, honnêteté.

Et sans humilité, humour et honnêteté, votre arrogance va tellement se développer, même à votre insu, que vos collaborateurs vont se sentir mal à l'aise avec vous, développer un climat de défiance, jusqu'à perdre toute confiance en vous.


Comment faire si je manque de réflexivité ?

Avant tout, comment le savoir ?

Vous pouvez passer votre temps à essayer de vous poser la question. Malheureusement, si c'était aussi simple, vous le feriez déjà, et votre esprit est assez pris par toutes ses contraintes habituelles.

Il y a pourtant quelques signes extérieurs qui ne trompent pas : avant tout, comme je le disais juste avant, vos collaborateurs seront mal à l'aise à votre contact. Si vous observez qu'ils sont énervés en réunion, qu'ils ne parlent pas, cessez de croire que c'est systématiquement parce qu'ils ont un problème personnel. Leur problème, c'est vous ! D'ailleurs, ça va devenir tellement le cas qu'ils vont commencer à faire des réunions sans vous, et à éviter celles dans lesquelles vous serez présent. Vous allez aussi voir une diminution de l’enthousiasme collectif, et de leur motivation, même quand vous leur annoncez de bonnes nouvelles. Pourquoi seraient-ils motivés par un manager qui ne pense qu'à lui-même ?


Et maintenant ?

Pour changer, il va falloir commencer à vous connecter à votre environnement : cessez de penser à vous. Oubliez tout ce que vous pensez savoir, faites un pas en arrière, et laissez votre humilité prendre le dessus. Commencez à observer ce qui se passe, le non-verbal des gens qui vous entourent : qui fait quoi, qui parle quand, à qui ..

Ce que vous observez vous dérange ? Cela remet en cause votre croyance d'être le meilleur des managers ? Que ressentez-vous ? Quelles émotions vous traversent ?

Si vous parvenez à les nommer, il est temps de les partager avec votre équipe. Cela demande en effet une bonne dose d'humilité, mais permettra de rectifier le tir. Vous ne savez pas comment faire ? Utilisez la communication non violente ; vous venez d'ailleurs d'en faire la moitié du chemin ! Avant tout, énoncez les faits que vous avez observés, sans accusation ni jugement. Ensuite, partagez les émotions qu'ils ont créé en vous. Puis, dites à vos collaborateurs que vous auriez besoin qu'ils vous aident à devenir plus ouvert à leurs problématiques, et que vous leur demandez ce que vous pourriez faire en ce sens. Soyez honnête et ouvert à leurs réponses : elles valent de l'or !


La semaine prochaine, je développerai d'autres moyens de développer votre réflexivité !

En attendant, si vous souhaitez partager sur le sujet, n'hésitez pas à le faire ici, en commentaire, ou à me joindre directement.


#www.prismup.fr #coaching #talent #innovation #management #leadership #performance#self-awareness #reflexivite

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Olivier Friedman

  • Merci pour ce moment

    Merci pour ce moment

    Pour beaucoup de salariés, un contrat de travail s'apparente, même inconsciemment, à un contrat de mariage avec son…

  • Gérer les empêcheurs de diriger en rond avec la CNV - part. 2

    Gérer les empêcheurs de diriger en rond avec la CNV - part. 2

    La semaine dernière, j'ai commencé à aborder ce sujet, en parlant particulièrement des collaborateurs qui semblent vous…

  • Gérer les empêcheurs de diriger en rond

    Gérer les empêcheurs de diriger en rond

    On a tous connu à un moment dans nos équipes un collaborateur idéal, transparent, bienveillant, qui travaille bien et…

    1 commentaire
  • Célébrer : un acte de leadership majeur !

    Célébrer : un acte de leadership majeur !

    A mes coachés qui ont tenu leurs engagements et atteints leurs objectifs, je demande régulièrement comment ils ont fêté…

  • La vision : un petit pas pour le leader, un pas de géant pour l'équipe

    La vision : un petit pas pour le leader, un pas de géant pour l'équipe

    Cette semaine sort le film "First Man : Le Premier Homme sur la Lune", adapté de la biographie de Neil Armstrong…

    1 commentaire
  • Be [self]-aware !

    Be [self]-aware !

    La semaine dernière, je vous donnais quelques astuces pour arriver à percevoir si vous étiez "self-aware", conscient de…

  • Faire évoluer votre carrière ? Et pourquoi pas !

    Faire évoluer votre carrière ? Et pourquoi pas !

    "Cela fait 15 ans que je suis dans la même boite ; il est temps de changer, non ?" ; "Je dépasse mes objectifs depuis…

  • Et demain, ça recommence ...

    Et demain, ça recommence ...

    Lundi matin, le réveil sonne. Machinalement, vous l'arrêtez ; vous vous levez ; vous vous préparez ; vous avez à peine…

  • Échec et réussite : une histoire d’œuf et de poule

    Échec et réussite : une histoire d’œuf et de poule

    "L'échec n'est pas une option !" : si cette devise de la NASA s'entend quand on cherche à envoyer des astronautes sur…

    2 commentaires
  • Prendre soin de soi : perte de temps ou chemin vers la réussite ?

    Prendre soin de soi : perte de temps ou chemin vers la réussite ?

    Je l'ai déjà évoqué de nombreuses fois : un sujet récurrent chez mes coachés est la gestion du temps : il semblerait…

    2 commentaires

Autres pages consultées

Explorer les sujets