Manque de visibilité

Manque de visibilité

J’ai débuté la transaction immobilière en 1989 et j’ai assisté à de véritables mutations au cours des vingt dernières années, le secteur des transactions immobilières a été soumis à diverses tendances et évolutions, certes, mais, pour ma part, j’ai toujours eu une bonne visibilité.

Dans l'ensemble, les prix de l'immobilier en France ont augmenté au cours des deux dernières décennies, en particulier dans les zones urbaines et les grandes villes comme Paris, Lyon et Marseille. Cette augmentation des prix a été alimentée par une demande soutenue, notamment de la part des investisseurs nationaux et étrangers, ainsi que par des politiques de taux d'intérêt bas. L’immobilier s’est démocratisé et de plus en plus d’investisseurs particuliers se sont intéressés à ce placement. L’imprévisible fluctuation des marchés financiers face à la solidité de la pierre leur a donné raison.

Comme dans de nombreux autres pays, la France a connu une tendance à l'urbanisation croissante au cours de ces vingt dernières années. Cela a conduit à une demande accrue de logements dans les zones urbaines, ainsi qu'à une densification de certains quartiers et à des projets de rénovation urbaine.

La crise financière mondiale de 2008 a eu un impact sur le marché immobilier français. Bien que la France n'ait pas été aussi durement touchée que d’autres pays, elle a connu une baisse temporaire des prix de l'immobilier et une diminution des transactions. De nombreuses agences immobilières ont fermé leurs portes. La crise à été certes de courte durée mais très violente.

Durant ces vingt dernières années et contrairement aux zones urbaines, les prix de l'immobilier dans les régions rurales de France ont généralement été plus stables. Cependant, certaines régions touristiques ou attractives ont vu une augmentation des prix due à une demande saisonnière ou à l'attrait de la nature (campagne, mer, montagne) pour les résidences secondaires.

Les politiques gouvernementales en matière de logement et d'immobilier ont également évolué au fil du temps. Des mesures ont été prises pour encourager la construction de nouveaux logements, réduire les impôts sur les transactions immobilières et soutenir l'accession à la propriété pour les ménages. La visibilité était bonne, la stratégie efficace.

Mais en 2024, tout cela semble bel et bien fini. Les transactions immobilières stagnent, les prix de vente aussi. Le gouvernement se soucie peu de l’immobilier, à croire que nous ne manquons pas de logements en France. Le nouveau cheval de bataille, sans doute aussi pour plaire à la Commission Européenne, est la rénovation énergétique des logements. Bien entendu, personne ne peut soutenir qu’il n’est pas important d’améliorer nettement la consommation d’énergie dans les logements mais cela ne doit pas se substituer à la nécessité d’en construire de nouveaux. Qui, par ailleurs, sont exemplaires sur ce critère.

Or, la loi Climat et résilience du 22 août 2021 a posé un objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2050. Cette interdiction n’implique heureusement pas l’arrêt total de l’artificialisation de nouveaux espaces mais celle-ci sera conditionnée à une « renaturation » à proportion égale d’espaces artificialisés. Tout ce qui sera « pris » sur la nature devra être « rendu ». Si je comprends bien l’objectif, je me demande néanmoins comment allons nous faire pour loger les Français et toutes et celles et ceux qui rejoignent notre pays ? Une des solutions pourraient être l’élévation des immeubles dans les grandes métropoles mais, là encore, le gouvernement botte en touche. Rien n’est fait dans ce sens.

Comme souvent en France, nous traitons un problème sans avoir une réflexion dans sa globalité. Le marché immobilier est mal traité et nous en paierons bientôt tous le prix. Pas de vision à moyen et long terme, tout est décidé au doigt mouillé et toujours pour faire plaisir à la sempiternelle CE.

Autant j’ai toujours eu une visibilité au cours de ces 20 dernières années, autant, en ce début 2024, je m’interroge sur la suite.

Un point tout de même positif, la récente nomination de notre ministre du logement, Monsieur Guillaume KASBARIAN qui semble vouloir mettre en place des mesures pour enfin simplifier la construction de nouveaux logements. L’espoir fait vivre, paraît il…


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