Marie-Françoise Fuchs, par les vieux et pour les vieux

Marie-Françoise Fuchs, par les vieux et pour les vieux

Troisième billet de notre série « Gouvernance inclusive : quel intérêt ? Exemple de l’inclusion des usagers dans le secteur de la santé »

 

Psychanalyste investie dans la formation et le travail social, Marie-Françoise Fuchs rejoint le monde associatif dès 1969 au sein de l’Ecole des parents avant de participer à la création de l’Ecole des grands-parents en 1985. A l’âge de 75 ans, Marie-Françoise Fuchs découvre une nouvelle facette du grand âge et co-fonde l’association Old’Up, « faite par et pour les vieux ». Elle en prend la présidence de 2008 à 2016.

 

« Nous nous sommes rapidement aperçus de l’utilité d’Old’up. Il existe un véritable travail à conduire pour valoriser et sensibiliser au potentiel que les vieux peuvent encore apporter à la société. »

 

« Je suis très heureuse de parler de l’aventure du grand âge. Old’up est une association créée à l’Ecole des grands-parents où nous avions constaté qu’après l’âge d’or de la grand-parentalité, ponctué par l’arrivée des petits-enfants, s’ouvrait un second temps pour lequel il n’existait pas de propositions pour contribuer à la vie de la cité.

Avec l’Ecole des grands-parents, nous avions organisé un colloque sur « Vieillir et devenir » au sein du ministère de la Santé. Pour l’occasion, nous avions conduit des enquêtes, apporté des observations et nous nous sommes aperçus de l’existence d’un âge dans lequel il fallait s’investir autrement et vivre avec de nouveaux projets, de nouvelles déceptions et toute une série de choses. Durant ce temps, il est important que nous puissions trouver à la fois le sens, l’utilité et le bonheur de vivre très vieux. »

 

Old’up est devenu un acteur reconnu sur les questions liées au grand-âge. Espace de parole et d’échange, l’association conduit une mission d’information et de sensibilisation sur tous les sujets inhérents à cet âge et conseille des acteurs tiers (entreprises, collectivités…) sur les conditions d’accueil des personnes âgées.

 

« Nous avons l’œil ouvert et le temps de la découverte. Nous n’avons plus de responsabilités et nous disposons d’une nouvelle liberté pour redécouvrir la beauté dans le détail, le visage de l’autre, nous observons le monde avec plus de hauteur. »

 

« Au sein d’Old’up, nous travaillons à la valorisation de ce moment de vie. Nous avons institué des groupes de parole réguliers enrichis des propositions faites par chacun. Nous formons une véritable communauté où on ne se dit pas « je ne veux pas y aller, il n’y a que des vieux ». Ce n’est pas vrai, nous y allons avec grand plaisir et nos adhérents sont fidèles à ces groupes où ce qui compte c’est notre parole, notre conviction, les anecdotes de notre vie. On peut discuter sur les changements relationnels, le changement de place au sein de la société, la famille, parler d’actualité internationale ou de lecture. Nous menons un véritable travail de plaidoyer en reprenant ce que nous découvrons dans ces groupes pour parler au nom des vieux que nous assumons être.

C’est triste de savoir que parce que nous sommes vieux on nous regarde comme des « déchets » mais je me sens parfaitement à ma place. »

 

L’organisation vit grâce à l’engagement de ses bénévoles qui sont aussi ses bénéficiaires. En parlant directement aux « vieux », l’association mène ses actions et son plaidoyer en se fondant sur les retours effectués par ses membres.

 

« Je suis farouchement attachée à ce que la majorité de nos actions et entreprises soient assumées par les vieux comme bénévoles en leur donnant un rôle dans la société, c’est très important. »

 

« Chez Old’up nous considérons comme jeunes les jeunes retraités qui rentrent dans l’association entre 65 et 75 ans. A la création de l’association, l’âge moyen était de 75-85 ans avant de se développer avec des membres plus jeunes et plus vieux. Maintenant que l’association a 15 ans, il y a des très vieux comme moi. Nous avons créé des groupes de parole pour donner la possibilité à chaque participant de faire entendre sa voix.

Je crois nécessaire que nous restions des sujets et pour cela il faut que les personnes autour de nous s’adressent à nous et non à nos accompagnateurs. Il est primordial que nous nous occupions des personnes de plus de 90 ans, de ce que cela signifie d’atteindre cet âge, en échangeant directement avec eux. 

Old’up vit des suggestions des vieux, de l’activité des vieux et notre enjeu est de préserver ce que nous détenons. »

Il est essentiel qu'à tout âge, chacun⸱e puisse faire entendre sa voix !

Merci pour cette retransmission de votre conférence YourVoice Paris !

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